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Rafael baisse les yeux, je sens la colère monter tellement vite que lorsque j'envoie valser le verre, les garçons ont le geste de se protéger le visage.
Je tape dans une des chaises qui tombe au sol, Éole me jappe après en grognant, les garçons sont terrifiés, et c'est le bordel dans mon cerveau.

~ Deux minutes.

Je vais dans la salle de bain, je me passe de l'eau sur le visage, mais ça n'aide absolument pas, et plus je pense qu'on va perdre Enzo, plus la haine monte, et plus ça monte, et plus j'envoie tout ce que je trouve s'éclater dans la pièce.
Ça finit par se calmer, et je crois qu'ils le comprennent, ils ouvrent la porte et trouvent le carnage que j'ai réussi à produire en si peu de temps, je me suis ouvert les phalanges avec le miroir, Rafael cherche sûrement du désinfectant, mais le capharnaüm de cette pièce est pire qu'une porcherie remplie d'épingles.

Ni l'un ni l'autre ne s'approche, je reste dans mon coin, assis la tête entre les jambes, Enzo sort et revient avec mon MP3 qui se fait vraiment vieux, mon sweat à capuche et mes écouteurs, il pose le tout vers moi et ils ferment la porte.

- Ce n'est pas ta faute, Enzo, on va annuler ça, tu ne vas pas te marier.

- Je ne veux pas vous quitter.

- Il ne nous laissera pas partir, on va le laisser se calmer, et quand il reviendra, on verra d'accord ?

- Je suis désolé, je suis une source de problème.

- Non, absolument pas, c'est ta mère qui s'imagine qu'elle peut faire ce qu'elle veut. On va annuler ça, d'accord chéri ?

- Viens, on va dans la chambre.

Je ne peux pas laisser un de mes copains imaginer que c'est sa faute.

~ Ta mère, dis-lui de se ranger dans un coin, qu'elle fasse le nécessaire pour annuler ça, sinon Enzo, sur la vie de mon fils que ça ne va pas s'arrêter à ça.

Il est effrayé, tout comme Rafael, et je pèse mes mots pour ne pas leur faire plus peur.

- Ne sors pas, s'il te plaît, reste à la maison.

- Ne fais pas de bêtises, reste ici, me dit Enzo qui tire sur son t-shirt.

~ Je n'ai pas prévu de sortir, mais de chercher le balai.

- Assieds-toi, il faut soigner cette main d'abord, ça saigne beaucoup, me dit Rafael.

- Pardon, je voulais te le dire mais… j'ai eu peur, que…

~ Va dans la chambre Enzo.

- Mais…

~ Va dans la chambre.

Il continue de me fixer, je sais que je ne devrais pas le rejeter comme ça, mais là, ce n'est pas supportable, Rafael ne sait pas trop quoi faire, je l'envoie avec lui, je peux me soigner seul.
Enfin, je le pensais, mais c'est vrai que ça saigne quand même assez pour que ça ne s'arrête pas.

Je passe la porte de la chambre, ils sont collés l'un à l'autre, ils se réconfortent avec des mots, ils me voient enfin, et sans me parler, ils me bandent la main.

Je finis par souffler la totalité de mes poumons, ils n'y sont pour rien, j'ai juste passé mes nerfs sur ce que je trouvais, car j'ai peur, et depuis j'ai compris l'importance qu'ils ont dans ma vie.
Peur de perdre ce qu'on a créé ensemble, notre vie, notre relation, de les perdre tous les deux.

~ Enzo, pardon de t'avoir fait peur, ce n'est pas après toi, d'accord ? il me laisse le prendre dans mes bras où il s'accroche comme un désespéré.

- Mais je suis désolé, c'est ma faute, si je pouvais…

Sans parler, On se voit.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant