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Dedwen… Une erreur de jeunesse qui m'a coûté ma liberté, je ne déteste pas cet enfant, c'est le mien.

Mais il m'a coûté la jeune fille avec qui j'avais prévu de vivre toute ma vie, elle a disparu après la naissance du petit. On ne l'a jamais revue, et ses parents m'ont interdit de la rechercher, je me suis retrouvé seul avec cet enfant à seize ans, ma mère s'en est occupée comme s'il était son fils, j'étais dépassé par les évènements, un mauvais père jusqu'au bout quand j'ai laissé seul mon enfant avec ma mère.

On dit que les mots apaise les cœurs, et dans mon cas, je ne pouvais rien lui dire, j'avais beau le prendre dans mes bras, essayer de le câliner, il n'arrêtait jamais de pleurer, maman est la seule à avoir réussi à lui faire passer des nuits entières dans son petit lit.
J'essaie de le voir au maximum, mais il y a ce rejet dans ses yeux, et je ne peux pas lui en vouloir, il a hérité de mon œil, rien que pour ça.

Je suis un mauvais père pour cet enfant, même si tout le monde le trouve adorable et calme, qu'il est beau, qu'à neuf ans, il soit très intelligent et autonome, j'ai cassé ce lien qui me relit à cet être humain.

- Bleu ? Tu ne viens pas te coucher ?

Je regarde Rafael toujours torse nu, en général quand je broie du noir, je couche avec la première personne qui me vient sous la main, homme, femme, tant que je peux m'éclater et m'évader, je ne vois aucune différence.

Je lui dis de partir d'un signe, je n'ai pas envie de ruiner cette colocation en couchant avec, je préfère dormir dans le canapé lit, que j'ouvre et baisse le son de la télé. Je regarde les images défilées, c'est apparemment une série, je ne comprends rien et fini par m'endormir.

Le réveil sonne, Rafael est déjà à table avec son café et une poche de viennoiseries, je m'assois avec une motivation de mort-vivant, je stagne comme ça près de dix minutes à regarder la télé sans comprendre que c'est un dessin animé qui passe.

J'ai l'œil qui brûle, je n'ai pas enlevé la lentille cette nuit, c'est sec et désagréable, je passe le sérum pour hydrater la lentille pour l'enlever, je ne sais pas si je vais pouvoir en mettre une autre, partie comme ça, c'est rouge et franchement pas très jolie à voir.

~ Tu peux appeler le bureau et leur dire que je ne viens pas ?

Il me regarde étrangement, et je justifie que je ne suis pas malade avant de le voir sourire à nouveau, il appelle dans l'instant le bureau, et il me prend un rendez-vous chez le médecin dans la matinée. Il me dit entre deux gorgés que j'ai l'œil vraiment pas beau, mais quelle blaguounette, je ne l'avais pas remarqué.
Le silence tombe dans l'appartement, je me prépare pour voir le médecin, installe mes lunettes de soleil, et une bonne vingtaine de minutes plus tard, j'y suis enfin.

Verdict, je ne tolère plus, ces lentilles n'ont plus, j'ai envie de me passer la corde au cou, ce n'est pas la première fois que je fais des réactions comme ça, mais j'ai usé le stock de lentilles qui est vendable.

Je vais devoir faire sans, ou ne la porter que quelques heures par-ci par-là, je ferais mieux de changer carrément de travail, qui ne demande pas d'avoir des collègues ou de sortir en extérieur.
Travailler dans une morgue, c'est bien aussi, au moins il n'y a ni jugement, ni personne qui me parle.

Puisque j'ai ma journée et un arrêt de mon médecin le temps que mon œil aille mieux, je vais voir ma mère, j'ai promis, je ferai bonne figure et je ne loupe jamais mes promesses, j'arrive devant le portail de chez ma mère, Goliath me fonce dessus, un gros malinois qui ne mange pas qu'une gamelle par jour, vu le tour de taille de la bestiole.

Ma mère ouvre la porte d'entrée, elle est surprise de me voir à sa façon de plisser ses yeux gris sombre, sous sa frange brunâtre, j'offre un câlin à Goliath qui ne cesse de me sauter dessus et embrasse la joue de ma mère.

Sans parler, On se voit.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant