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Ils sont faux, je dois devenir dingue.
Tout ça est un rêve dont je vais me réveiller et juste me flinguer par la suite.

Je ne sais pas l'heure qu'il est quand j'ai décroché les yeux de l'écran, je ne sais même pas si j'ai cligné des yeux, car ça brûle affreusement.
Quand j'ai tourné la tête, ils étaient là, assis à table, main dans la main, ils attendaient, et cette bague à leurs mains, sont-ils venus chercher leurs affaires ? 

~ Je n'ai rien jeté, prenez ce qui est à vous. 

Rafael se mord la lèvre, cette habitude, je la déteste, il se fait du mal, ça va saigner.

- On… on n'est pas là pour ça.

Je pose mes pieds sur mon canapé et me tourne vers eux complètement, alors pourquoi ?

~ Pourquoi ?

- On devait revenir, me dit Rafael, cachant un sanglot dans sa voix.

~ Pourquoi ? j'insiste, certes, mais je veux des réponses.

- On ne peut pas continuer sans toi.

~ Pourquoi ?

- Car on t'aime Bleu, lâche-t-il dans un murmure, Enzo à les yeux brillants, mais je vois la force qu'il a pour ne pas craquer.

- Pourquoi vous revenez ici ?

- Ta voix… et les perles salées dévalent leurs visages en même temps.

- C'est quoi ? 

Je leur montrent ma main, pour qu'ils me disent ce qu'est cette alliance, trois mois que je les attends, ce n'est pas en jours, mais en mois, qu'ils m'ont abandonné, qu'ils se sont mariés, qu'ils ont disparu pour revenir comme si de rien n'était.

- On a dû annuler le mariage d'Enzo, en se mariant physiquement, on n'a pas eu le choix, on a dû faire vite, on est rentré à la maison, tu n'étais pas là, tout avait changé ici, on s'est dit… que tu nous voulais plus, qu'on revienne, qu'on…

- Vous êtes dans mon cerveau maintenant pour savoir à quoi je pense ?

- Non, baisse les yeux Enzo qui dans son geste serre la main de Rafael.

- Bleu, me dit Rafael, parle, encore.

~ Pour vous dire quoi ? Que vous m'avez détruit ? Que j'ai eu l'impression que ma vie se détache de mon corps petit à petit, que je me suis retrouvé seul alors que vous étiez heureux à certainement, vous emboitez chaque soir, vous étiez ensemble, ensemble, j'étais tout seul ! 

- Mais tu nous as attendus.

- Parce que je vous aime comme un idiot ! Je suis tellement bête.

Je respire lentement, il est hors de question de lâcher maintenant, mais je suis heureux, heureux de pouvoir leur parler, même si j'avais imaginé un autre discours tout préparé, puis je me dis que ce que j'ai fait vivre à Rose lorsque je suis parti du jour au lendemain était sûrement la même chose, maintenant, je comprends ce sentiment d'avoir peur.

Quand je me suis retrouvé seul dans le salon alors que je leur ai dit d'aller se reposer, c'était si vide que j'avais envie d'en finir.
J'ai passé cette porte, où ils dorment, et c'est presque affligeant, devant moi, ils ont fait comme si tout était normal entre eux, mais ils sont d'un bout à l'autre, se tournant le dos, ça me fait de la peine, leurs bagues sont enlevées, sauf celle qu'on a tous les trois, mais là leurs, celle qui devrait signifier l'union et l'amour.

Je m'installe dans ce lit, là où je dors même seul, je m'allonge sur le ventre, je finis par m'endormir, et je ne sais pas si ce sont des semaines, des mois, ou des années de sommeil dont j'ai besoin.

Treize heures, lorsque j'ouvre les yeux, que je vois le visage d'Enzo souriant, qui me caresse les cheveux, où je sens les mains de Rafael dans mon dos, je me tourne sur le dos, et sans aucune invitation, ils se mettent sur moi, leurs têtes sur mes épaules, me caressant chastement le corps.

Je me délecte de leurs chaleurs, de leurs douceurs, du vide comblé, jusqu'à presque en gémir de satisfaction, de bonheur.

Je n'avais pas besoin de ça pour savoir que j'avais besoin d'eux, pas besoin de ce trou qu'ils ont créé dans ma poitrine pour savoir qu'ils sont les hommes que j'aime.

- Hum, Bleu, me chuchote Rafael proches de mon oreille, parle-moi.

Je tourne la tête vers lui, il se mange encore la lèvre et lui retire ce petit bout de ses croissants de chair bloqué avec mon pouce délicatement.

- Je dois faire attention à ne pas trop parler. 

_ Je crois que je pourrais pleurer encore… nous dit Enzo qui renifle juste après embrasser mon épaule.

- Je signe beaucoup, alors ne vous attendez pas à ce que je parle énormément. 

- Ta voix, elle est sexy, comme toi.

Je ne suis toujours pas habitué au son de ma voix, je l'aime, plus que tout autre partie de mon corps, c'est la chose que je chéri tellement que j'ai peur qu'elle s'en aille, mon Sweety se lève du lit à contre-cœur :

- Tu veux manger quelque chose ? 

Quand je sens l'odeur qui se promène dans l'appartement, j'ai le ventre qui fait des oulaoup sans demander le reste, la cuisine de Rafael, cette chose qui me rend de bonne humeur même dans une boîte plastique, mais qui m'a tant fait chouiner comme un gosse à chaque décongélation de ses boîtes qui avait ruiné leurs goûts.

- Bleu, tu as fait manger ça à Dedy ?

Il me présente une vieille boîte de raviolis bon marché qui sont franchement à jeter, avec un goût infect et la viande…  

~ Tu veux que je cuisine quoi d'autre ? Bien sûr qu'il en a mangé.

- De… ce truc aussi ?

- C'est quoi ça ? Demande Enzo qui prend l'espèce boîte en carton congelée.

~ Des beignets.

- Vous êtes tombé malade avec ça, c'est obligé, regarde, amour, ce truc est… Il est temps de tout jeter.

~ Ne touchez à rien ! 

Rafael s'arrête au-dessus de la poubelle, il lève les épaules, et jette la boîte pas encore entamée.

- Tu crois que tu vas manger ça alors qu'on est là ? Tu crois que nous allons manger ces trucs sortis de l'enfer ?

~ Si vous partez encore, je devrais racheter, alors ne jetez pas ça. 

Enzo s'approche, il m'entoure avec ses bras le tour de mon cou, me dépose un baiser doux, mais assez long.

- Mais on ne va pas partir, Bleu, certainement pas. On ne va pas te laisser te nourrir de ses trucs indigestes.

- Hum ? C'est quoi ça ? 

Il m'envoie un soutien-gorge assez sexy qui tombe sur la table, ha.

Sans parler, On se voit.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant