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Ce n'est pas grave s'ils partent, ils sont exactement comme ma mère, ils font genre qu'ils m'aiment, qu'ils se préoccupent de moi, mais rien, rien n'est vrai !
Et ils ne partiront pas, ils aiment trop mon père pour partir encore.

Enfin, je le croyais, car papa prépare ses affaires dans la chambre, il sort avec deux sacs, c'était assez rapide qu'il donne à Enzo en passant dans le couloir, ils n'ont pas dû les défaire, comme quoi, ils n'allaient sûrement pas rester, et on va se retrouver encore tous les deux.
Et du couloir, j'entends leurs discussions mouvementées :

- Ce n'est pas notre décision, mais s'il ne veut pas de nous, on ne va pas s'imposer.

- Encore ? Vous partez encore ? J'ai eu le droit qu'à quelques jours ? Restez, s'il vous plaît, je peux peut-être…

- Tu vas faire quoi ? L'engueuler ? Ça ne sert à rien, on t'aime, j'aime Dedwen comme mon fils, mais on ne peut pas le brusquer comme ça. Laisse-lui du temps, on peut continuer de se voir en semaine.

Je me gratte le poignet qui se remet à saigner, sous le pansement, ils allaient passer cette porte d'entrée, et le souvenir de mon père complètement abattu qui faisait semblant d'aller bien me revient en tête, je sais que je lui en fais voir de toutes les couleurs, qu'il n'allait pas bien, je n'allais pas bien non plus et on était dans une mauvaise période, mais ils abandonnent comme ça ?

- Papa, je…

Il a les yeux rouges, il est prêt à pleurer par ma faute, j'ai presque envie de le voir souffrir comme j'ai eu mal de son absence, Enzo reste toujours en retrait, je n'ai jamais compris ce garçon, on lui a ouvert notre porte, mais il ne nous a jamais vraiment ouvert son cœur. Il a toujours été très distant avec moi alors que j'essayais de me rapprocher de lui, c'est encore ma faute si tout le monde part comme ça que je me retrouve seul :

- Raf', lui dit Enzo, fais ce que tu veux ; lui dit-il, passant la porte me portant un regard désolé.

Il se mure encore, Enzo disparaît derrière cette porte, et je comprends ce que doivent ressentir mes pères là maintenant.

Je cours le rattraper dans la voiture où je bloque les portes avec le bouton central, il me traite quasiment de fou quand je l'attrape dans mes bras. Si un reste, l'autre aussi. Je ne veux pas souffrir encore ; il a une étreinte tendre, celui qui protège des coups durs, celui qui fait que je peux respirer et me sentir mieux.

{…}

Je pensais que l'école, c'était l'endroit le plus sûr, où je pouvais me faire des amis, mais c'est un endroit sombre. Les autres sont plutôt violents, pas physiquement uniquement, mais leurs jalousies et leurs incompréhensions me tape sur le système, j'ai toujours eu un décalage avec les autres de mon âge qui me rend trop souvent interloqué.

Parfois, je crois vraiment ce que me disent les autres, que la vie de papa n'est pas normale, qu'il est malade d'aimer les garçons, mais il aime aussi les filles, comme moi, et je ne me sens vraiment pas normal comparé à eux et vagabonder dans plusieurs idées différentes, je ne vois pas notre vie étrange, mais suis-je vraiment objectif ?

Je me suis renseigné sur internet, beaucoup plus de monde que je le croyais vivent avec des parents du même sexe, certains sont adoptés, mais si je dis qu'il vit avec deux hommes, ça crie au scandale, que c'est une traînée, et j'ai regardé toutes les définitions, et je sais que mon père n'est pas comme ça.

J'ai envie d'arrêter les cours, je ne sais pas comment le dire à mon père depuis le début que j'ai posé les pieds ici, l'école primaire me manque, j'ai envie d'avoir des copains et sortir comme tout le monde avec eux, mais la seule qui me parle est ma copine.

Sans parler, On se voit.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant