Sans parler, On se voit.

36

- Il y a un aquarium pas loin.

Je regarde le GPS qui nous dicte le chemin de sa voix affreusement énervante, on se perd entre-temps. Ruben ne reconnaît pas sa droite de sa gauche puisqu'il fait tout l'inverse de ce que je lui dis. Bien sûr, on s'envoie valser des mots tendres, heureusement les garçons ne sont pas là, ils nous sortiraient de la voiture.

Nous sommes rentrés, on n'a pas réussi à se supporter, et les garçons nous attendent dans le jardin pour se prélasser.

- Encore ? nous dit Lou, exaspéré.

- C'est un con ce type, je ne comprends pas que tu sois ami avec mon amour.

- Ce n'est pas moi qui vais à droite au lieu de la gauche.

- T'as un problème Bleu ?

- Viens, je t'attends, Ruben.

- Le premier qui bouge est abstinent pendant un an, s'incruste la voix de Rafael, moitié allongé sur l'herbe.

Rafael s'assoit et je me cale entre ses jambes. On ne va pas se battre, ce serait une mauvaise idée, et Rafael en est tout à fait capable.

Ruben fait les yeux doux à son homme qui se met à rire, et maintient les mots de mon Sweety, ils savent comment nous canaliser ensemble, c'est dingue.
On avait envie de sortir, mais avec Dedwen ce n'est pas facile, tout ce qu'on veut faire est interdit aux mineurs, comme si à seize ans, il ne pouvait pas voir du striptease.

 De cette façon, Enzo et Rafael ont été clairs, on s'est fait allumer avec Ruben, nous avons interdiction de rentrer dans ce genre de club ensemble.
Je suis dégoûté, j'avais tellement envie. Maintenant, on essaie avec Ruben de trouver autre chose.

- J'ai trouvé ! nous dit Lou d'un coup qui nous fait sursauter.

On se tourne vers lui, il est tout fier et regarde Enzo qui est rouge.

- On peut le faire ici, j'ai vu quelques choses d'intéressant plus loin. 

On suit Lou et Enzo, je ne sais pas s'il faut emmener mon fils avec nous, mais apparemment, il a le droit de venir, avec Ruben, on se lance des regards pour savoir ce qu'ils ont trouvé.

- On s'est renseigné avec nos hôtes, on a le droit d'utiliser tout ce qu'on veut ici, et regarde-moi ses barres, on vous laisse, on revient !

Enzo se fait emmener par Lou qui s'est mis à courir vers le bâtiment central, on s'installe par terre, Dedwen me demande ce qu'on attend. Je ne sais pas non plus ce qu'ils nous ont préparé.
On tourne la tête quand on entend la musique se lancer, et je loupe vingt battements de cœur, soixante respirations, et je pense que j'ai besoin d'une réanimation.

Lou arrive dans une tenue très frangée, alors que la démarche d'Enzo se fait plus timide, je vois les talons que je lui ai offerts il y a longtemps aux pieds, qui affine ses hanches et ses jambes longues, Lou est sublime dans ce bustier et ses bottines, je ne décroche pas les yeux d'Enzo qui me fait manquer d'air dans cette robe satiné noir qui colle contre sa peau.

Basé sur la musique, même si on ressent d'abord le stress d'Enzo, Lou donne le pas en s'accrochant à une des barres, il envoie la couleur de la soirée quand il écarte les jambes en grand écart à même le sol.
Enzo étend ses bras loin au-dessus de sa tête, retire un premier gant doigt par doigt, son dos légèrement courbé contre la barre. Il se retrouve la tête en bas, d'une sensualité dévorante. J'ai plus envie d'aller dans un club quelconque, ils nous offrent un véritable show.
Je ne savais pas qu'Enzo dansait si bien, il a une facilité de coordonner ses mouvements sur cette chanson qui fait qu'on ne peut pas le lâcher des yeux.