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Pour cette enflure, j'ai pris trois ans ferme.

Ce n'est rien pour la gravité de mon acte, mais je me suis senti soulagé de le savoir loin de Rafael, tellement loin qu'il n'est pas près de sortir.

La vie dans une cellule, finalement ce n'est pas si mal, je m'attendais à être harcelé, violé, et j'en passe, mais quand j'ai expliqué mon histoire de pourquoi je suis là, dont un des gars qui partage la chambre qui parle aussi la langue des signes, notre box de condamnés est finalement un lieu de vacances loin du travail et de la pression sociale.
Certains m'ont dit qu'ils auraient tué ce type de leurs mains.

Ma chère liberté, si tu savais comme tu me manques, mais l'abstinence n'est pas plus mal ici. Je ne voudrais pas devenir l'objet sexuel d'autres personnes, alors je range mes fesses au chaud et j'attends simplement de sortir. Je me suis laissé tenter par le tatouage, je voulais en avoir un, c'est possible de le faire ici par un autre détenu, le matériel est stérile, j'ai pu voir de mes propres yeux que tout ce qui est utilisé dans cette pièce est là pour notre sécurité.

- Bleu, tu fais quoi dans cet aller ?

~ J'en veux un, mais je veux apprendre à en faire aussi.

- Tu sais dessiner au moins ?

~Je passe ma vie avec des crayons, forcément que je sais dessiner, et vraiment bien, sans me vanter.

Je lui montre mon dessin, je veux un sablier, c'est simple, je sais, mais il représente beaucoup, le temps que j'utilise dans ma vie, celui que j'ai perdu avec mon fils, celui qui est en suspens maintenant avant de retrouver ma famille.

~ Peux-tu écrire Dedwen, juste en dessous, et Rose au-dessus ?

- Ta femme et ton fils ?

~ Ma jumelle, pour qui je pourrais revenir ici, et mon fils, pour qui je dois améliorer ma vie.

- Tu as de la chance, c'est ma femme qui m'a envoyé ici, elle avait peur que je me tire avec son argent, elle a manigancé coups et blessures, on n'a pas cherché à comprendre, quinze ans ferment.

~ Désolé pour toi.

Quand il appuie sur mon torse, je me surprends à accuser le coup plutôt bien, ça ne fait pas si mal, peut-être que… ok, non, je n'en aurais pas d'autres, ça allait au début, puis ça fait mal lorsqu'il repasse derrière, j'ai serré les dents, les poings, les yeux, heureusement que je ne veux pas un truc détaillé !

C'est une nouvelle vie, celle où je n'ai plus de travail, plus de maison, dix ans à travailler comme un malade pour tout perdre en trois années de détention.

C'est étrange, mais j'étais mieux à l'intérieur de ma cellule, j'ai appris le tatouage et j'en ai pas mal moi-même.
C'est une drogue ce truc, c'est que quand on commence, on n'arrive plus à s'arrêter, je m'en suis fait un moi-même, pour essayer, mais je le ferai reprendre par un professionnel.

Personne ne m'attend à la sortie, je n'ai que mon porte feuille et quelques billets pour passer une nuit à l'hôtel, mon téléphone, j'ai envie d'être seul encore un peu, Rose doit le savoir, car elle sait que je suis dehors aujourd'hui.

J'ai traversé les rues, j'ai regardé ce monde qui ne s'est jamais arrêté de tourner alors que j'étais en pause ces dernières années, c'est pourtant le même air, mais je souris au ciel, j'embrasse ma belle liberté, je peux enfin respirer quelques choses de neuf et frais.

J'avais plus d'argent que je le croyais sur mon compte, Rose a dû me verser chaque mois un peu d'argent. J'ai pris le train, me suis réfugié dans cet hôtel miteux où nous avons séjourné avec Rafael. J'aime bien cet endroit, c'était joli, et j'ai envie de simplement penser à lui. Je me demande comment il va, s'il a envie de reprendre contact après le carnage que j'ai fait dans sa vie. Mais je ne dirais jamais que ce n'était pas pour rien, il l'a mérité.

Sans parler, On se voit.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant