Épilogue

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Les légendes forment d'excellents recueils historiques, mais seulement celles qui n'exagèrent pas, ni ne diminuent les exploits ou les altèrent. Elles sont rares, certes, mais précieuses. Parmi elles, quelques-uns racontent la fin du Second Siège de Lacia HoldBorg. L'arrivée inattendue de femmes, d'enfants, d'infirmes et à leur tête, d'une jeune Dame téméraire, les Nains se seraient regroupé dans leur Royaume Sur Terre tout d'abord pour déterminer ce qu'ils feraient de tous ces gens et ensuite de leur réaction face à la guerre. Il s'avère qu'ils ont non seulement accueilli les mortels en leur territoire, leur pardonnant plus ou moins l'usage des tunnels secrets, mais qu'ils ont aussi décidé de participer à la bataille sous les encouragements pressants de Veseryn.

Ils sont malheureusement arrivés durant les dernières heures, presque en même temps que les Elfes de Lune qui ont finalement choisi de quitter leur Repère pour venir en aide aux Hommes. De justesse ! L'Union du Sud restera dans la légende, tout autant que la Grande Alliance des Races par-delà le Fleuve Agité. 

Plus tard, il paraîtrait qu'à la chute des huit tours, le monde tout entier aurait tremblé et rugi, et tous les Mages Fous auraient ressenti la mort de leurs Grands Seigneurs de l'Obscurité. Ceux du Sud se seraient enfuis ou seraient morts en essayant de venger les Huit et de punir les Hommes. Les sauvages se seraient tous dispersés, mais, en voyant leur chance tournée, les soldats auraient ouvert les portes de la forteresse et les auraient traqués comme des bêtes. 

Une victoire écrasante pour les Hommes du Sud. Ils ont partagé leurs célébrations avec les deux autres races et pour la première fois, les ont invitées à l'intérieur de la forteresse. Bien sûr, celle-ci était dévastée et les Elfes nettoyèrent les dégâts avec les soldats mortels, tout en soignant les blessés à l'infirmerie. Les Nains proposèrent leur aide pour reconstruire Lacia HoldBorg et suggèrent quelques améliorations dont le conseil du Roi prit note. Ce dernier avait été grandement amputé, mais il tenait bon et ses membres comptaient bien organiser des votes dans les jours à venir pour élire de nouveaux représentants. Ainsi qu'un monarque, d'ailleurs. La question qui brûlait toutes les lèvres.

Les moins optimistes ne célébrèrent pas. Au final, des Mages Fous demeuraient libres et dans la nature, capables du pire, et les sauvages se terreraient le temps que le courroux se passe et qu'ils puissent se mêler aux peuples. Hors de question. La guerre n'était pas terminée. Loin de là. Il y avait encore beaucoup à accomplir et l'ennemi les menaçait toujours, même s'il avait subi des coups fatals en une poignée de jours. Duran faisait partie de ceux-là, mais il ne pipait mot et observait.

Il était traité comme un haut dignitaire. Des servantes l'avaient poussé dans un bain et il n'avait pu se laver seul, ou s'habiller sans elles. Il revêtait des habits de nobles et tous s'inclinaient à son passage. Les soldats l'estimaient énormément et l'appelaient Capitaine, le peuple murmurait Roi. Duran les ignorait tant bien que mal, ce qui nous mène au moment présent.

Un matin, quelqu'un frappe aux portes de Lacia HoldBorg. Un messager est conduit à la Chambre du conseil. Il s'agit d'un Elfe et il est accompagné. Il décline son rang et son identité, et ses semblables de Lune le reconnaissent. Immédiatement, les domestiques fouillent toute la forteresse en quête du Seigneur Duran. Ils le trouvent sur une terrasse, mélancolique, et le traînent en toute hâte jusqu'au donjon. Quand il entre dans la pièce, il discerne le cavalier elfique et deux autres présences auxquelles il ne s'attendait pas.

— Très bien, souffle-t-il, faussement agacé. Comment justifierez-vous, Veseryn, que vous êtes revenue d'un royaume Nain avec un Elfe ? Et que vous portiez le bébé contre vous ? 

Elle fait la moue pour toute réponse et c'est le messager qui l'avise :

— Elle chevauchait sans escorte et nos routes se sont croisées. Dame Veseryn a insisté pour veiller sur l'enfant, elle y semblait très attachée et je ne m'y suis pas opposé. 

Dame AerynOù les histoires vivent. Découvrez maintenant