Chapitre bonus 1 - Lina

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Mercredi 5 janvier.


La nuitée est sombre et silencieuse, bercée par le doux murmure des notes électro qui jaillit de mon casque. Après mon service du soir au bar, je suis rentré chez moi pour travailler toute la nuit sur mon nouveau son. Ces heures nocturnes sont celles où je suis le plus productive.


Mon bureau est plongé dans l'obscurité, à l'exception de quelques lumières tamisées de ma platine et de mon ordinateur, qui clignotent au rythme de la musique. Je porte mon casque sur mes oreilles, laissant la mélodie m'envahir, me guider. Mon visage s'illumine d'un sourire de satisfaction alors que j'approche de la fin du morceau.


Soudain, mon téléphone vibre sur ma table, me faisant sursauter. J'ôte mon casque, attrapant l'appareil, étonnée que mon père m'appelle alors qu'il est 4 heures du matin.


— Allô papa ?


— Lina, as-tu regardé les informations ?


Je fronce les sourcils à cette question étrange.


— Non, pourquoi ?


— La guerre en Ukraine a été déclarée. La Russie a attaqué plusieurs villes, dont Kiev, Kharkiv, le Dombass et Odessa.


Ma musique s'estompe dans l'arrière-plan, et mon sourire s'évapore. Les nouvelles sont accablantes, et je sens mon cœur s'enfoncer dans ma poitrine. Mon souffle se bloque dans ma gorge. Kiev et Odessa, les deux endroits où une partie importante de ma famille réside. C'est comme si le sol se dérobe sous mes pieds.


D'une voix tremblante, je demande.


— Des.... des explosions ?


— Oui, ma chérie. Des troupes russes sont entrées par plusieurs villes frontales, dont Odessa. Heureusement, personne de notre famille n'a été blessé. Ils se sont réfugiés dans des bunkers sous la cité.


Je sens un frisson me parcourir l'échine. Ma famille est soudainement plongée dans cette horreur. Je serre le téléphone dans ma main, mes pleurs brouillent ma vision.


— Merci, papa, de m'avoir prévenu. Je... je vais venir chez vous tout de suite.


— D'accord, ma chérie. Fais attention à toi sur la route.


Je raccroche, les larmes coulent doucement sur mes joues. Ma musique n'est plus qu'un murmure lointain, remplacé par les tambourinements chaotiques de mon cœur.


La guerre a frappé ma famille de plein fouet, et je suis impuissante à des milliers de kilomètres d'elle.


Pendant le trajet, mon esprit est en ébullition. Mes tics de stress refont surface, et je grignote nerveusement la peau autour de mes ongles de main.


Enfin, j'arrive chez mes parents. L'atmosphère est lourde lorsque je rentre à l'intérieur de la maison. Un mélange de tristesse, de peur, de colère et d'incompréhension règne. Ma famille est réunie, chacun partage les dernières infos, espérant le meilleur tout en redoutant le pire.

Entre deux cheminsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant