Chapitre 23

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Le réveil sonne impitoyablement, marquant le début d'une nouvelle journée. Je tends la main pour l'éteindre, puis je reste allongé pendant quelques instants, les yeux fermés, laissant mon esprit s'habituer à l'idée que c'est le matin. Un mois et deux semaines se sont déjà écoulés depuis que Lina est partie, et chaque matin commence de la même manière : j'ai le réflexe de regarder les actualités de ce qui se passe en Ukraine, espérant trouver des signes de calme, de progrès, de paix.


Mais aujourd'hui, mes espoirs sont encore vains par des titres brefs et sombres :


« Bombardements nocturnes à Kharkiv. »« Les tensions en Crimée s'intensifient. »


Mon cœur se serre à la lecture de ces lignes, et une profonde tristesse m'envahit. Je ferme mon application, incapable de continuer à lire. La situation semble s'aggraver, et l'inquiétude me submerge.


J'ai repris les cours à l'université cette semaine. Les longues heures passées à travailler sur mon mémoire m'ont aidé à garder mon esprit occupé. J'ai réussi à rattraper mon retard sur mes devoirs, chose rare pour moi, grâce à mes nuits passées à écrire dans la solitude de la bibliothèque. Cela a été mon seul réconfort, mais une fois rentré chez moi, la réalité me rattrape. Ma chambre devient un lieu de tourments, un rappel constant de sa présence qui n'est plus là.


Je passe mon temps à attendre un message, un signe, n'importe quoi, qui me prouverait qu'elle va bien. Chaque sonnerie de téléphone me fait sursauter, mais ce n'est jamais elle.


Le plus difficile, ce sont les nuits. Allongé dans mon lit, je me retourne sans relâche, laissant mon imagination s'emballer. Des questions sans réponse me hantent. Où est-elle en ce moment ? Est-elle en sécurité ? Comment va-t-elle ? Ces questions tournent en boucle, alimentant mes craintes les plus sombres. J'imagine le pire, et je me sens impuissant à la protéger.


Et puis, il y a ces moments où mon envie pour elle devient compliquée. J'aurais aimé pouvoir dire que je n'y pense pas, mais la vérité est que son absence a fait ressortir ces désirs plus intensément que jamais. Je repense à nos moments intimes, à la manière dont elle me touchait, me caressait. Elle me manque terriblement. Mon corps la réclame, mon esprit la veut.


Je me tiens près du portail de l'université, une cigarette entre les doigts. Les premières lueurs du jour perce à travers les nuages, créant une atmosphère paisible dans la cour qui ce rempli petit à petit. J'observe distraitement les étudiants qui se pressent pour aller en cours.


Alors que je m'apprête à écraser ma cigarette, j'aperçois Chloé qui s'approche du portail. Je me sens comme soulagé de voir son visage.


— Salut toi, comment ça va, me demande-t-elle avec un grand sourire sur ses lèvres.


— Salut, Chloé, ça va, enfin, autant que possible.


— Tu n'as toujours pas de nouvelles d'elle ?


— Rien depuis son départ. C'est dur, tu sais. Elle me manque terriblement. Et avec tout ce qui se passe là-bas, je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter.

Entre deux cheminsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant