Chapitre 19

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La nuit s'étend devant moi, sombre et silencieuse. Couché dans mon lit, je tiens Lina dans mes bras, mon menton reposant doucement sur le sommet de sa tête. Ses cheveux emmêlés dégagent un parfum familier qui me réconforte. Elle dort paisiblement, épuisée par les émotions de la soirée, mais pour moi, le sommeil reste insaisissable.

Malgré la chaleur de son corps pressé contre le mien, je me sens froid, isolé dans l'obscurité de la chambre. La discussion avec Lina tourne en boucle dans ma tête, m'empêchant de trouver la paix.

À la fois, je peux comprendre sa décision. Elle a toujours eu un lien particulier avec son père.

Pourtant, j'éprouve aussi de la déception et de la colère en moi. La manière dont elle m'a annoncé son départ m'a pris au dépourvu. J'aurais aimé qu'elle m'en parle plus tôt, qu'elle me donne le temps de comprendre et de digérer cette nouvelle réalité. Lina et moi, nous avons tellement partagé de choses ensemble, que ce soit dans nos vies privée ou professionnelle. J'ai l'impression que tout s'effondre, que tout ce que nous avons construit est en train de s'évaporer.

Je caresse doucement ses cheveux, sentant chaque mèche sous mes doigts. Mon cœur est partagé entre l'amitié que je ressens pour elle, et la crainte de la perdre dans cette guerre lointaine. Dans l'obscurité, je laisse échapper un soupir silencieux, me demandant comment notre relation survivra à cette séparation forcée.

Je me sens impuissant, tiraillé entre le désir de protéger Lina et l'acceptation de sa décision. Mes bras autour d'elle se resserrent légèrement, comme si je pouvais la retenir ici, à l'abri du monde cruel qui l'attend.

Pourtant, je sais que je ne peux pas. Lina est forte, déterminée, et elle a choisi son chemin. Je ne peux que la soutenir, même si cela signifie la laisser partir vers l'inconnu.

Au petit matin, lorsque les premières lueurs de l'aube filtrent à travers les rideaux, je commence enfin à sombrer dans une légère somnolence. Lina dort toujours paisiblement dans mes bras, sa respiration régulière agissant comme une berceuse douce. Le poids de la fatigue s'abat sur mes paupières, et je me sens prêt à m'abandonner aux bras du sommeil.

Cependant, mes rêves sont de courte durée. Mon téléphone vibre soudainement sur la table de chevet à côté de moi, me faisant sursauter. Sans relâcher mon étreinte sur Lina, je me retourne maladroitement pour attraper l'appareil. J'ai une notification m'indiquant un message de ma mère.

Maman : Coucou mon chéri, je suis bien rentré à la maison, je reste quelques semaines à Londres, on pourrait en profiter pour se voir un peu. Tu me manques. De toute façon, tu viens toujours à l'anniversaire de ta grand-mère ? Bisous.

Un soupir m'échappe alors que je réalise que le sommeil m'a complètement échappé. Son retour me rappelle que la vie continue, même lorsque le monde autour de moi semble s'effondrer.

Elle mentionne la fête des 99 ans de ma Granny qui se déroule ce week-end. J'avais totalement oublié cet événement familial majeur.

Isla, ma grand-mère du côté paternel, occupe une place spéciale dans mon cœur. Malgré les conflits avec mon père, je suis resté très proche d'elle. Nous ne nous voyons pas souvent, car elle habite à Birmingham, mais ma mère me tient régulièrement au courant de ses nouvelles lors de ses séjours dans notre maison secondaire, non loin de la résidence de ma mamie.

Je décide de ne pas lui répondre tout de suite, la connaissant elle voudra entamé la discussion, et là je n'en est pas du tout envie. Par curiosité, je clique sur mon application « The Times ».

Je parcours deux ou trois articles sur la situation en Ukraine, mais cela ne fait qu'attiser mes inquiétudes. Les images de la guerre, les histoires poignantes des personnes touchées par le conflit, tout cela remplit mon esprit de sombres pensées.

Entre deux cheminsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant