Chapitre 20

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Assis dans l'aéroport d'Heathrow, nous patientons. Ryan, Léopoline et Hardin sont là aussi.


Nous sommes venus en avance pour enregistrer le bagage de Lina, et maintenant nous attendons dans la zone d'embarquement, confortablement installée sur des sièges bleus.


Le lieu est calme, contrairement à ce que je m'attendais. Les gens marchent tranquillement, affichant des sourires sur leur visage.


Je remarque ce détail, et je trouve cela perturbant. Ici, dans cet endroit paisible, des gens partent en vacances, retrouvent leur famille, et profitent de la vie. Pendant ce temps, nous attendons l'embarquement de notre amie pour une zone de guerre.


Lina semble nerveuse. Elle lance régulièrement des coups d'œil autour d'elle. Hardin, qui est assis de l'autre côté de Lina, pose sa main sur sa cuisse pour la réconforter.


— Ne t'inquiète pas Lina.


Il lui sourit doucement, essayant de la rassurer.


Mon regard est bloqué sur cette main. Je ne comprends pas pourquoi cela m'agace autant. Je sens une pointe de jalousie et de confusion s'immiscer en moi, mon visage se crispant légèrement alors que je tente de masquer ces émotions dont je suis incapable de les expliquer. Je mets cela sur le compte de la fatigue et de l'inquiétude qui me ronge. Cette situation est tellement difficile à gérer, et je ne sais pas comment réagir correctement.

Soudain, le vol de Lina est annoncé au micro, brisant mes pensées. Le moment tant redouté est arrivé. Je me lève, aidant Lina à se mettre debout. Chacun la serre dans ses bras en guise de dernier au revoir, et Léopoline fond en larmes.


Quand vient mon tour, je l'enlace contre moi. Je ressens une profonde tristesse qui monte en moi, en plus des autres émotions qui se bousculent dans mon être. Alors, je prends sa main, et dans sa paume, je dépose un objet.


C'est une pièce française avec un petit trou au milieu.


— Lina, je veux te donner quelque chose de très spécial. C'est une pièce de 10 centimes de franc date de 1941, elle a été ramenée par mon arrière-grand-père de France, après avoir participé au débarquement de Normandie pendant la Seconde Guerre mondiale. Ma grand-mère Isla me l'a donnée pendant ma période de lutte contre l'alcool. Ça a été mon porte-bonheur lorsque j'ai traversé des moments difficiles, et maintenant, je veux que ce soit le tien.


Lina, face à ce geste, se jette dans mes bras et sanglote. Nous nous séparons enfin, et j'essuie doucement une larme qui coule sur sa joue avec mon pouce.


— Il est temps.


Je prends son visage entre mes mains et qu'importent les conséquences, je pose mes lèvres sur les siennes. C'est notre dernier baiser.


Nos amis décident de faire un câlin général, un dernier geste d'affection avant que Lina se dirige vers la porte d'embarquement, se fondant dans la foule de passagers. Je reste immobile, la regardant disparaître peu à peu de mon champ de vision.Même lorsqu'elle n'est plus visible, je reste encore immobile, debout devant cette porte d'embarquement. Ryan interrompt ce moment en posant la main sur mon épaule et me dit doucement :

Entre deux cheminsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant