Chapitre 9

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"La canne à sucre, c’est comme l’espoir. Il faut la brûler pour qu’elle repousse avec plus de force."

Dans ce contexte c'était moi qui représentait cette canne à sucre. Edith m'avait anéanti par cet acte mais tel un phoenix, je comptais renaître de mes cendres. Après avoir passé une nuit entière dans le froid et l'isolement total, je fus réveillé le jour d'après par le chant des oiseaux et l'intensité des rayons lumineux qui se braquaient sur mon crâne rasé.

En ouvrant les yeux, la triste réalité m'a rattrapé. Rien n'avait changé, aussi ridicule que cela fut j'avais passé la nuit à espérer qu'ils viennent me tirer de là. J'ai essayé de me libérer mais le noeud était trop serré. C'était quasiment impossible, en réfléchissant j'ai réalisé que je n'avais aucune issue car même si je parvenais à m'enfuir, je ne savais pas où j'étais encore moins le chemin à emprunter pour rentrer.

D'un air résolu, j'ai dû attendre calmement et espérer que ces hommes ou Edith reviennent à de meilleurs sentiments. J'avais sauvagement faim, mon estomac ne cessait de gargouiller et ça m'énervait de ne pouvoir rien mettre sous la dent.

Les secondes sont devenues des minutes, des minutes furent des heures mais j'étais toujours statique. Lorsque la nuit est tombée à nouveau la tristesse a envahi mon âme. J'ai perdu tout espoir de revoir un jour mes proches et j'ai commencé à faire ma prière au cas où la mort ne frappe à ma porte. Juste après, une vague de sommeil m'a emporté. Je me suis laissé faire car c'était le seul moment où je pouvais avoir un semblant de quiétude.

Cela a duré un bon bout, et des phares lumineux braqués sur moi m'ont fait sortir de ma rêverie. Dès que j'ai ouvert les yeux, je  les ai vu. Ils étaient revenus et mon coeur s'est mis à battre rapidement. J'étais heureux de voir mes assaillants : quelle ironie !!!

Billy: Détachez le !!!

Ils ont vite fait de couper les cordes qui m'empêchaient de bouger. Et quand ils ont terminé, l'un d'eux m'a porté sur son épaule pour me balancer sur la banquette arrière du véhicule. Son geste fut brutal et m'a fait hurlé de douleur car cela avait étouffé mes blessures . Juste après, ils ont démarré le véhicule et sont partis avec moi. J'étais soulagé de quitter cet endroit grotesque et je souhaitais juste revoir les miens.

Nous avons roulé durant un bon bout comme au départ et lorsque nous sommes arrivés au centre-ville, les lumières étaient éteintes. La plupart des habitants du village avait déjà rejoint leur domicile. Ils ont garé à la station total juste à côté de l'entrée du marché B et m'ont jeté sur le goudron avant de prendre la fuite. J'avais mal, j'étais fatigué mais j'ai dû user du peu de force qui me restait pour retourner au domicile de ma tante.

Cela m'a pris pas mal de temps et quand je suis finalement arrivé, j'ai cogné avant de m'évanouir devant sa porte. J'avais fait beaucoup d'efforts du coup mon corps était épuisé et n'a pu tenir bon.

......

Maman Nadine qui  avait passé toute la journée dans les recherches était rentrée bredouille. Elle culpabilisait et avait du mal à dormir. Aux alentours d'une heure du matin, elle a entendu des coups très légers frappés sur sa porte et a sursauté.

Sur le coup et dans la panique, elle a cherché à savoir qui c'était mais personne n'a répondu. Prise de peur, elle a réveillé sa fille pour lui faire part de la situation.

Julie: Maman, tu es sûre de n'avoir pas halluciné ?

Maman Nadine : Jamais, quelqu'un a cogné il ya quelques minutes.

Julie: D'accord, dans ce cas je vais ouvrir pour voir.

Maman Nadine : Tu es folle? Et si ce sont des bandits? Hummmmmmmmm, mieux on fait comme si de rien n'était et demain on saura ce qui s'est passé.

Julie: Et si c'était John?

Maman Nadine : John?

Dit-elle d'un air ahuri.

Julie: Oui maman, ça peut bien être lui . Ouvrons et prenons ce risque s'il-te-plait !!!

Maman Nadine : Bon d'accord mais toi tu es inquiétante. Un enfant qui n'a pas peur ! Hummm!!!

Julie a souri.

"Si elle savait !" Se dit-elle intérieurement.

Elle s'est dirigée vers la porte par la suite pour l'ouvrir. En le faisant, son coeur battait la chamade mais elle a pris son courage à deux mains et l'a fait. Lorsque la porte s'est complètement ouverte, elle fut choquée par ce qu'elle vit si bien qu'elle a émi un cri. Maman Nadine qui était restée en retrait a paniqué quand elle l'a entendu crier.

"C'est quoi? Pourquoi tu cries ? Je t'ai bien dit que c'était les bandits ! J'aurais dû ne pas t'écouter."

Elle bavardait sans faire un pas de plus pour vérifier si c'était vrai ou pas.

Julie : Qu'est-ce que tu racontes maman? C'est John !!! Viens m'aider à le faire entrer s'il-te-plait.

Maman Nadine : John dis-tu?! Ehhhhh mon petit John est revenu. Seigneur tu as écouté mes prières , tu n'abandonnes pas tes enfants . Merci Seigneur !!!

Elle a accouru vers la porte et quand elle a posé son regard sur son neveu , elle a crié de stupeur. Son corps était méconnaissable, il avait les blessures partout.

Maman Nadine : Ohhh Dieu !!! Qu'est-ce qui lui est arrivé ?

Julie: Je n'en sais rien mais ce n'est pas le plus important maintenant. Aidons le d'abord maman !!!

Maman Nadine : C'est vrai !

Elles ont uni leur force pour le faire entrer. Quand elles y sont parvenues , elles étaient épuisées.

Julie: Il est lourd mince !!!

Maman Nadine : C'est normal, il est inconscient. Tous ses muscles sont relâchés. Mais ce n'est même pas ça le souci pour moi actuellement. Qu'est-ce qui s'est passé pour qu'il soit dans un état pareil?

Julie: Ce n'est pas mieux de l'emmener à l'hôpital ?

Sa mère s'est penchée et a examiné ses blessures durant quelques secondes avant de s'exclamer:

"Non ce n'est pas nécessaire ! Je vais lui faire un remède traditionnel et je vais préparer des écorces pour ses blessures. Il ira mieux d'ici peu."

Julie : D'accord maman.

Maman Nadine ne voulait pas que la situation de son neveu ne s'ébruite dans le village. Elle voulait le protéger des mauvaises langues et des regards dédaigneux.

Le GigoloOù les histoires vivent. Découvrez maintenant