II. 9-4

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Le dos de Ragnar est confortable. Doux, moelleux et étrangement réfrigérant.
Je lui ai choisi ce nom alors qu'il me ramenais vers son groupe. En voyant son imposante carrure et sa couleur rouge qui se démarque de ses congénères, j'ai trouvé que cette façon de le nommer lui collait plutôt bien à la peau.
Tous les morses nous ont observés à notre retour, sans pour autant me fuir cette fois.

   Tarik et Fadir nous rejoignent à leur tour et je vois dans les yeux de mes coéquipiers une incrédulité à mon égard presque gênante.

   - Tu es sérieux là, me lance Tarik.

   - Je n'y crois pas, répond Fadir. Tu est vraiment un drôle de type, Alban!

   Je sens une pointe de moquerie mêlée à de la jalousie dans sa remarque.

   - L'alpha du groupe! Rien que ça! S'amuse Tarik en venant me donner une tape dans le dos.

   - Quand notre prince va apprendre ça... enfin c'est surtout Samia qui va te détester encore plus, se moquer Fadir.

   C'est la première fois que les deux hommes me parlent aussi franchement. Et derrière leur mots, une ambiance légère monte et nous plongent dans une camaraderie bienvenue.
   Nous nous retrouvons à rire au milieu d'une troupe de morses, qui nous dévisagent, en plein désert.
   Seul Ragnar, reste sérieux, une lueur de douceur dans son regard pour moi, ce qui me donne envie de lui flatter l'encolure.

- Bien, c'est déjà une belle avancée pour aujourd'hui, rentrons, dit Tarik.

Et dans ce même esprit d'amitié, nous grimpons sur nos morses en direction de la capitale.

   Une fois arrivés au palais, nous retrouvons nos compagnons pour un temps d'échange.
   Samia nous snobe totalement, justifiant sont intérêt pour la course par le fait qu'elle se prépare à la prochaine étape du tournois, à savoir le combat.
Lorsque je rentre le soir dans mes appartements, mon Emeraude au fort caractère m'attend vêtue d'une tunique longue, ample et presque translucide. Allongée, elle observe la foule en contrebas du palais, tél un chat qui se prélasse au soleil nonchalamment en observant les souris se disputer une miette de pain.
Elle rayonne de beauté, bien plus encore que les autres jours.
Retrouver son corps de Dragonne et partager le plaisir de quelques vols lui fait visiblement le plus grand bien.
Je m'assois près d'elle et nous décidons de prendre notre dîner face aux lueurs de la ville. La chaleur est toujours aussi écrasante malgré le fait que le soleil ce soit couché.
Elle me dit avoir partagé des instant de vols et d'autre plaisirs très reptiliens avec Scarlett, mais aussi avec Vulcain, qui lui a visiblement prévu un programme de remise en forme.
Je lui raconte mes exploits du jour avec fierté en lui promettant de lui présenter Ragnar.
Et la soirée se prolonge jusqu'à tard dans la nuit.

Le temps a passé et les entraînements aussi. Mes instants avec ma belle dragonne sont devenus rares. Mais l'enjeu est important et aujourd'hui, c'est le début d'une course de trois jours dans le désert.
Toutes les nations ont choisis leur champions. Je regarde autour de moi, une drôle de sensation oppresse ma poitrine, comme si j'avais l'intime conviction que quelque chose de mal allais arriver.

- Alban, reste concentré, m'ordonne Ahmad, tandis qu'il nous repasse le plan de cette course pour la millième fois.

Mais non loin de là, se tiens Emeraude. Je sens dans son regard et son attitude que quelque chose ne vas pas.
Un vent fort d'ouest soulève d'importants nuages de sables brûlant.
La chaleur n'a jamais été aussi suffocante et la visibilité aussi médiocre depuis que nous sommes arrivés dans ce pays.
Chaque nation fait le point sur les étapes à venir.
   Des tentes de toutes les couleurs sont disposées devant les remparts de la cité, elles se tordent dans tous les sens, poussées par le vent. Elles symbolisent le point de départ, mais aussi le point d'arrivé de cette course.

   - Je ne suis pas serein, dit le prince.

   Son visage, celui de Tarik, ainsi que celui de Fadir, confirment cette inquiétude. Je sens une tension s'installer au cœur de ma poitrine, comme si quelque chose d'inéluctable et de terrible s'apprêtait à arriver.
   Un homme vêtu d'une tunique blanche s'annonce à notre tente.

   - Messieurs, il est temps de vous placer sur le départ, dit-il en s'inclinant.

Sans même un commentaire de plus, nous suivons cet homme vers l'extérieur.

   Trois chevaucheurs de chaque pays ont été choisis. Nous sommes quinze sur la ligne de départ, prêt à partir dans ce maelström.
   Mon Émeraude m'examine, je sens son inquiétude se loger dans mon cœur.
   Juste avant de nous placer sur la ligne de départ, elle m'a attrapé et dans un recoin de la pièce, a plongé ses yeux dans les miens en me demandant d'être prudent. Et je sais que peux importe ce qu'il puisse m'arriver, malgré son aile encore fragile, ma puissante dragonne sera là pour me secourir, quelqu'en soit les conséquences.
Je lui adresse un léger sourire, lui effleure la joue et entortillé l'une de ses boucles noires entre mes doigts avant de la laisser filer.

- Je te promet de toujours faire en sorte de revenir, mais aussi de donner le meilleur de moi-même, je lui murmure.

- Je le sais, souffle ma douce.

Nous avons tous une combinaison en écaille d'hydre du désert sur nous, ainsi qu'une sorte de long tubant nous drapant de la tête aux pieds, de la couleur de la nation que nous représentons.
Après avoir jeté un rapide coup d'œil, je constate que chaque nation a mis son prince, ou l'élément de plus haute importance en sécurité pour l'épreuve finale: le combat.

   - Participants, l'heure est venue, annonce une voix masculine depuis une tribune malmenée par la tempête.

   Chacun tiens fermement les rênes de sa monture. Je sens le cœur de Ragnar cogner contre mes jambes.
   Tandis que nous attendons le signal de départ, mes pensées vont à ses autre chevaliers, assassins, gardes qui participent.
   L'élite des monteurs de créatures en tout genre est là. La crème de la crème des etres capable de nouer des liens et de les utiliser à leur fins est réunie pour ce moment.
   Je me rend compte que je ne suis pas le seul doté de capacités à me lier rapidement aux être qui nous entoure et cela piqure directement mon orgueil.

La légende du dragon vert Où les histoires vivent. Découvrez maintenant