I. 7-3

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   L'enfer vert comme on l'appel est un véritable labyrinthe où les épines des lianes et les suceurs de sangs en tout genres font foule et y sont parfaitement cachés.
   Il faut faire attention, à tout moment l'empoisonnement est possible, les plaies infectées et la septicémie guettent, sans compter les créatures aussi merveilleuses que dangereuses. Bientôt, l'épaisseur des branchages et des massifs verts aux multiples nuances nous plonges dans une demi-obscurité calme et angoissante. Même le bruissement de l'air dans les feuilles a disparut et plus aucun rayon de soleil ne filtre au travers de la voûte opaque et généreuse des arbres qui nous surplombent.
Hiro avance lentement lui aussi. Il semblerait que ce paysage soit difficile à aborder pour mon ami également. Il renifle bruyamment et je remarque des coupures sanguinolentes sur sa truffe qui doivent lui faire un mal de chien -si je puis dire- .
Mon chef ne me regarde pas. Il est concentré sur son objectif, bien que celui-ci me semble encore bien loin. J'ai la vague envie de prendre mes jambes à mon cou et de faire le chemin inverse. Parfois je me demande pourquoi je me suis empêtré dans cette aventure à la fois dangereuse et tordue.

   Le temps passe et les décors ne change pas beaucoup. C'est à se demander si nous ne tournons pas en rond dans ce foutu trou. Si Hiro n'était pas avec moi, qui sait si je ne serais pas déjà devenu fou? Un buisson, un tronc, puis une liane et des milliers de fourmis dont le venin peut rendre aveugle n'importe quel prédateur de ces petites choses aux nuances marrons. Le tableau de cette maudite forêt se répète inlassablement.
L'obscurité commence à apparaître. N'ayant pas la possibilité de voir le soleil, il m'est impossible de deviner à quel moment de la journée nous nous situons. Pourtant, à chaque pas il me semble qu'il fait de plus en plus noir et n'ayant pas mangé depuis le matin, cela m'étonne de ne pas avoir l'estomac en rogne contre moi et le peux d'alimentation que je lui ai apporté ces dernières heures.
Hiro se stoppe et renifle autour de lui.

- Sommes-nous perdus, je lui demande.

Mais le vieux loup ne fait que me lancer un regard dont l'expression me semble un brin souriante.
Non, nous sommes sur la bonne piste et peut-être même presque arrivés.
Mon ami se met à courir subitement après avoir grogné en direction de notre droite. Mon cœur s'accélère, quelque chose cloche.
Le sol se met à trembler et trouble le calme parfait de cette verdure immaculée.
Aussitôt, j'imite Hiro et cours vers lui en espérant ne pas le perdre de vue. Dans mon dos, un rocher gros comme mon torse vient de s'écraser et des pierres qui s'entrechoquent résonnent non loin de là.
   «le golem!» me hurle mon esprit. Cet amas de pierres aux deux orbites dont les pierres de lunes violettes composent ces yeux nous pourchasse.

    - Mais tu ne nous reconnais pas, je lâche dépité par cette attaque soudaine.

   Une sorte de grognement me parvient pour seule réponse. La créature se rapproche dangereusement et continue d'envoyer buissons et pierres dans ma direction.
J'accélère ma course dans ce dédale de plantes qui gènes grandement ma fuite, alors que mon ennemi d'au moins trois mètres et absolument insensible aux bestioles et plantes toxiques, continue d'écraser la verdure qui tente de lui résister.
Je sent le sang parcourir mes veines à vive allure et mon cœur tambourine vivement dans ma poitrine en étreignant ma gorge a chaque fois que mon ouïe entend ce gros balourd se rapprocher de moi. J'hésite un moment à jeter un œil derrière moi pour voir cet amas de roches vivantes, constate avec frayeur qu'il n'est plus qu'à quelques mètres, mais mes yeux s'arrondissent davantage et je lâche un jouet de surprise lorsque je remarque que Hiro n'est plus devant moi et que j'ai totalement perdu sa trace.

- Hiro!

Je hurle aussi fort que mes poumons me le permettent. Mais le rocher vivant qui me poursuit grince bizarrement. Avec cette obscurité qui m'irrite, impossible de voir une ombre au sol. Je me retourne à nouveau et constate que la bête s'apprête à abattre sur moi son immense bras pour m'écraser comme un insecte.
Il me faut vite une idée, quelque chose pour sauver ma peau, mais rien de pertinent ne s'offre à moi. Pas trou pour disparaître sous terre, pas de route miraculeuse et l'idée de monter au sommet d'un arbre me paraît purement suicidaire.
Le Bras met quelques minutes avant de tomber sur le sol. Je l'évite d'une pirouette agile sur le côté et me relève aussitôt pour courir dans le sens inverse. Il semblerait que le monstre ai été ralentit le temps de son attaque ce qui me laisse un peu d'avance avant de me faire à nouveau poursuivre par ce golem.

- Hiro! Je hurle à nouveau. Mais où es-tu?

Même si mon ami ne m'a jamais laissé tomber, le doute s'installe un instant et la crainte de finir sous le pied d'un rocher avec deux de QI m'inquiète un peu.

- Hiro!

Je continue d'appeler mon chef, tout en courant quand une lumière surgit devant moi. Blanche, petite, elle lévite devant mes yeux et ricane en me voyant fuir.

- Tu es drôle Alban à courir comme tu le fais! Se moque la créature lumineuse.

Je la reconnais aussitôt.

- Nyx! Je m'exclame.

Mais le golem c'est remis à me poursuivre et un tronc fini par s'abattre juste derrière moi en m'arrachant un cri de surprise.

- Oh! S'exclame la fée qui ne semble pas s'inquiéter de la situation. Tu as raté ta cible Gibus! Continue t-elle, visiblement contente de me voir crapahuter dans tous les sens.

- Nyx! Un petit coup de main ne serais pas de refus, je l'informe. Ton ami semble bien décidé à m'écraser comme une fourmi et je n'ai pas vraiment envie de finir en chair à pâté!

   - Oups! Pardon! Tu as raison!

   La fée s'envole en direction du golem qui s'arrête après quelques pas. Après un échange bref mais efficace, le géant de pierres me salue et repart patrouiller dans la foret.

La légende du dragon vert Où les histoires vivent. Découvrez maintenant