I. 6-1 (fuir pour l'avenir)

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Le soldat du Sud me regarde incrédule. Figé, il me scrute et semble sonder les tréfonds de son âme à la recherche de vérité, à moins qu'il ne soit un magicien et que ses pouvoirs de télépathies ne fouillent ma tête en quête de vérité?
Peu importe, le temps m'est compté, la nuit avance inexorablement et mon artifice pour infiltrer la garde d'Aarions s'estompe. Il me faut en finir et au plus vite si je veux avoir une chance de sortir de la ville avant le levé du jour.

-Laisse moi partir, j'ordonne a l'homme en priant pour que ma requête soit suffisante pour le faire céder cette fois-ci.

Mais le soldat se met en garde et muni de sa lame, s'élance dans ma direction à vive allure. D'un bond, je me jette au sol et me relève le plus vite possible. Contre toute attente, j'entends des bruits de lames s'entrechoquer violemment et constate que celui qui me barrait la route depuis déjà quelques minutes est pris au fer avec un garde de la cité.
Tentant de profiter de cette pagaille et de l'ouverture qui s'ouvre devant moi, je m'élance vers l'Est. Pourtant quelque chose me chagrine, une odeur que je connais plane dans les environs. Elle est animale, comme celle des loups de l'auberge du dragon vert, mélangée au parfum de Tim.
Mes oreilles sont à l'affut du moindre bruit singulier ou au contraire commun, mes yeux sont tels des radars dont le seul but est de détecter les ennemis et de fuir et ma peau est devenue un organe sensible au moindre changement de pression.

- Tu n'auras pas mon ami! Hurle un garde dont la voix est maintenant familière.

- Ce fuyard, ton ami? Vous n'êtes vraiment que des lâches en Orgès! Provoque celui qui vient du Sud.

- Peux importe sont comportement, c'est un ami, alors quoiqu'il arrive, je le protégerais!

Tim s'élance ensuite sur son adversaire, glaive en main et aussitôt imité par son homologue d'Aasgar. Je m'étonne de sa présence, mais à entendre ce qu'il vient de dire, le soldat dont j'ai usurpé l'identité est quelqu'un d'important pour lui et je sent une pointe de remords me saisir avant de me fixer à nouveau sur mon objectif.
Je m'éloigne, laisse un pâté de maison entre eux et moi avant d'entrendre et de ressentir le souffle d'une déflagration dans mon dos. Tout vole en éclat et des flammes immenses jaillissent de l'endroit où les deux soldats se battaient.
   Mon cœur se resserre soudainement, une crainte étrange s'accroche à moi et mon esprit fait des prières pour que ces deux hommes ne soient pas morts.
   Je suis tiraillé par le besoin de fuir et l'envie de savoir ce qu'il leur est arrivé et de leur porter secours si besoin. Au loin, alors que la lune se dégage sur le ciel plein de fumée, un hurlement de loup se fait ouïr. C'est alors que j'ai compris: je ne suis plus seul dans cette aventure, mes ami, ma meute sont avec moi.

   J'accours vers les deux opposants, tout à été soufflé par l'explosion et des flammes continues de sévirent sur les boiseries des maison. Derrière la fumée qui se dégage, je tente de retrouver les deux hommes dans ce chaos. tous mes sens sont en éveils et rapidement je distingue un premier corps allongé sur le sol, puis un deuxième environs deux mètres plus loin. Pas le temps de réfléchir, je me précipite vers eux et souhaite qu'ils ne soient pas morts.
   Lorsque j'arrive à leur niveau, une vague de soulagement s'empare de moi, ils sont blessés et inconscients, mais ma magie arrivera surement à les soigner. Je m'approche du premier garde, celui du Sud semble moins souffrant et je préfère m'attaquer aux plaies plus sérieuses avant qu'elles ne s'aggravent.
   Tim à une mauvaise plaie au front par laquelle s'écoule du sang. j'enlève un gant et appose une main sur celle-ci, puis ferme les yeux en imaginant que cette méchante coupure disparait. Une lueur blanche s'échappe de la paume de ma main et se propage jusque sur le soldat. Il ne me faut pas beaucoup de temps pour le soigner et rapidement, Tim reprend conscience, même s'il est encore groggy par l'explosion. Il me regarde, hagard, puis fige sur moi un regard surpris. 

   - Ne bouge pas, je reviens dans quelques minutes, je lui dit doucement pour le calmer.

  Le soldat du Sud dont les étoffes sont en partie déchirées est lui aussi inconscient. Pas de plaie sur le crane, pas de sang qui coule à flot, mais visiblement un bras brisé lors de sa chute et quelques cotes fêlées. Réparer des os brisés est au dessus de mes compétences actuelles, mais soulager la douleur et réduire les dégâts tels que les hémorragies ou  les contusions reste encore faisable, aussi je m'applique immédiatement à soulager l'homme. Lorsque j'ai fini, il recouvre ses esprits et m'observe avec attention.

  - Ne bougez pas et attention a votre bras droit, il est brisé alors ne tentez pas de le bouger, même si vous ne ressentez pas de douleur.

   Puis je me relève en quête d'une idée pour mettre à l'abri les deux combattants. J'entends un aboiement un peu plus loin dans la rue que nous occupons. C'est Hiro sous sa forme de loup qui nous observes, de la fumée blanche s'échappant de sa bouche pleine de crocs acérés. Par sa présence, je devine que quelque chose se trame. Il est un messager dans les moments désespérés. J'ai une confiance aveugle en lui, je lui confierais ma vie les yeux fermés s'il le fallait.
   Retournant auprès de Tim, toujours assommé par la violence de la déflagration mais conscient, je décide de le mettre à l'abri dans un maison un peu plus loin. L'homme se laisse faire sans brocher et marche péniblement en s'appuyant sur mon épaule. Je frappe à une porte et après de longues minutes, celle-ci s'ouvre sur un visage d'enfant. Un jeune adolescent nous observe avant de nous demander:

   - Ou...oui?

   - J'ai besoin que tu m'aides, je demande sans plus d'explications. Il faudrait que tu gardes avec toi mon ami qui est blessé jusqu'à demain matin.

   L'enfant, intimidé, hoche son visage pour me donner son accord et nous laisse entrer. J'installe ensuite Tim dans un petit lit et le remercie de sa sympathie.
Juste avant de le quitter, il prononce avec difficulté:

- Tes oreilles... cache les, petit, ou sinon tu seras poursuivi.

Je touche leur extrémité. En effet, bien que moins longues que celle des elfes de sang pur, elles peuvent tout de même être remarquées si je ne fais pas attention.

- Merci, je chuchote à l'attention de ce camarade d'un jour.

Juste avant de quitter les lieux, Tim ajoute une dernière chose:

- J'espère que l'on se reverra, métisse.

Je ne peux rien promettre, je sens que dans la voix de l'homme, il ne se dégage aucune hostilités. J'ai simplement envie de le rassurer et de partir.

- Ton ami va bien, je l'ai simplement assommé et caché le temps de prendre sa place. Tu le reverras demain, je lui promet avant de disparaître.

La légende du dragon vert Où les histoires vivent. Découvrez maintenant