II. 4-1 (la source predictive)

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   Les mots de la reine tournent dans ma tête. Je me sent brisé, faible et prêt à pleurer.
   Depuis quand les hommes pleurent-ils d'ailleurs? N'est-ce pas totalement puéril de lâcher quelques gouttes d'eau sur son visage alors que la virilité impose le contraire?
   La reine est là, face à moi. Je n'arrive pas à prononcer un mot, je me contente de la regarder, la rage au ventre, le cœur tambourinant fort dans ma poitrine, le sang bouillonnant dans mes veines, la tête vide de toute rationalité.
   Mes poings se serrent.

   - JE... VEUX...SAVOIR.

   Les mots peinent à sortir de ma bouche, aussi je crie chacun deux pour être sur qu'ils soient bien entendus par Sidia.
   La mine effondrée, elle tend un bras en direction de la fontaine.
   Comme je l'avais prévu, c'est bien la source prédictive.

   - Moi, je ne peux rien te dire, mais elle, oui, souffle la reine avec douceur.

   Le rythme de mon cœur s'apaise un peu, mon corps entier est tendu, excité à l'idée de découvrir mes parents. Je n'attend rien, simplement un visage et un nom.
   J'approche alors vers la surface de l'eau mais Sidia dépose une main sur mon épaule avant que je ne l'immerge.

   - Tu y verras ton passé, mais aussi l'avenir qui t'attend à ce jour. A toi de le changer s'il ne te convient pas, me prévient la reine.

   Puis je plonge complètement ma tête dans cette vasque aux milles espoirs. Les yeux grands ouverts, fixant le fond enflammé, mais rien. Le temps semble s'écouler, mes poumons s'épuisent à retenir l'air qu'ils contiennent. Lorsque je me sent à bout de souffle, alors que mes muscles s'activent pour me sortir de l'eau, une main appuie fermement sur ma nuque et une deuxième sur le sommet de mon crâne. Pris de panique, je me débat comme un diable, la peur de mourir noyé au ventre. Mais les mains qui me pressent semblent plus fortes, plus larges que celles d'une frêle femme comme la reine.
   Et les flammes se mettent à danser face à mes yeux alors que mon corps se relâche et que l'eau prend place dans mes poumons. Des bulles s'échappent de ma bouche, ma respiration s'arrête et les flammes face à mes yeux deviennent un unique brasier. Et tout prend forme.
« Les flammes se mouvent et ondoient pour se transformer en un tableau dont les couleurs finissent par changer et laisser place à une scène plus réaliste. C'est un champ de bataille s'ouvre à mes yeux.
   Une femme, un homme, un dragon et le monstre sombre aux yeux de serpent se battent férocement dans une cité enflammée. Les coups sont violents, les lames s'entrechoquent, les griffes déchirent les chairs et les flammes brûlent tout sur leur passage.
   Dans cet enfer, une femme brandit une épée recourbée, typique aux Aasgariens, seule lueur blanche dans cet enfer jaune et orange. Le monstre noir rugit en découvrant de longues dents meurtrières et blanches. Un corps de serpent se détache alors de la scène. Doté de puissantes ailes, il s'envole et est rapidement rejoins par le dragon rouge, trapu et aussi plus petit que le monstre noir. En bas, dans une ville mise à feu et à sang, une guerrière dont les yeux sont baignés de larmes, scrute l'homme au rictus mauvais qui lui fait face: un homme du pays devenu fou, avide de pouvoir et de reconnaissance, ayant imploré le mauvais Dieu et ayant reçu l'aide... d'une vouivre, unique créature capable de terrasser un dragon. La jeune femme se jette sur ce tueur. La rage au ventre, elle mène un combat entre décombres et cadavres, dans l'enfer de cette fournaise, avec cet homme qu'elle a jadis aimé. Aujourd'hui, seul sa mort pourrait venir stopper le fléau qu'il représente auprès de son monstre sanguinaire. Les coups s'échangent, les lames glissent sur les peaux qui saignent abondamment, tout comme les crocs et les griffes du dragon déchirent la peau écailleuse dès la vouivre. Le combat final dure toute la nuit. Au petit matin, les corps meurtris restent sur le sol. La fille, s'accroche tant bien que mal à son dragon tout aussi mal en point. Mais la mort n'est pas là en ce jour. Une elfe au longs cheveux vient les rejoindre et de ses dons naturels de guérisseuse, panse les plaies des deux combattants devenus héros.
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   L'héroïne est invité au Palais Royal d'Aarions pour un banquet exceptionnel en l'honneur des dirigeants et héros de Aasgar. Il c'est passé plus d'un mois après ce terrible jour ou les trois-quarts de la ville et pas moins de la moitié de la population ont été rasés. Rien ne serait consoler la belle à la peau dorée de cet événement tragique, mais il lui reste cependant quelques soutiens. Une elfe à la peau pâle et aux yeux cernés, kala, un homme au regard de braise et au teint hâlé, d'une prestance inouïe et ... Omans Aldini, actuel roi d'Orgès de la cité-état centrale au continent de Aha. L'elfe, amie depuis déjà bien des années de l'héroïne, ne cache pas un certains interêt pour le roi humain. Il est grand, beau, fort et d'une prestance incroyable. D'ailleurs tout le monde sait que ce peuple aux oreilles pointues n'est pas indifférent à ce qui se rapproche de la puissance et de la richesse et Omans en est l'incarnation.
   D'ailleurs, le roi n'est toujours pas fiancé depuis son récent couronnement. Aussi, la belle Kala espère bien le séduire et ainsi accéder à une place de reine bien au chaud près de cet homme qui lui plait tant.
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La légende du dragon vert Où les histoires vivent. Découvrez maintenant