II. 5-2

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De retour, je découvre Émeraude assise sur un divan en toile rouge brique et or. Une longue cascade de cheveux brins longe son dos nu et laisse apparaître une sorte de tatouage: ses ailes.
Malgré ma réticence à rester près d'elle, je ne peux m'empêcher d'observer les lignes noirs qui dessinent sur elle les parties cachées de son corps de dragon. Mes doigts finissent même par effleurer les contours pour en faire le dessin avant de s'arrêter sur des parties incomplètes.
Ma main se retire, je suis surpris. Ses ailes sont pourtant entières même si elles sont abîmée.

- Sidia m'a expliquée que mon corps n'était simplement pas encore remis de mon choc. Mais d'ici un mois , mes ailes seront prêtes à être libérées à nouveau. Je pourrais reprendre ma forme originelle.

Son visage n'est pas complètement tourné dans ma direction. Un œil vert m'observe, scrute mes réactions.
Ma gorge se serre, je n'ai pas envie que la femme qui se tient devant moi reprenne son apparence reptilienne, aussi magique soit-elle.

- Oh, je vois, tu dois être pressée, ment-je.

- Un peu, mais je dois dire que cette enveloppe, bien que rebutante et fragile, n'est pas sans atouts et sans intérêt finalement.

Elle se tourne et me fait face. Dans une robe en soie blanche et dessinant ses courbes à la perfection, je devine des muscles bien taillés, digne d'une grande combattante.

- Ne me rejette pas, je t'en prie, murmure ma belle aux yeux verts. J'ai accepté de t'aider, car ton cœur est pure. Tu m'as aidé sans conditions, alors que tu n'y étais pas obligé.

Mes yeux se baissent. Je porte une main sur ma poitrine avant de serrer mon col dans mon poing.

- J'ai un horrible caractère, mais je reste ta meilleure alliée, ton amie quoiqu'il arrive. Je t'en prie, fais attention à toi.

Elle dépose une caresse sur mon poing avant de me laisser seul.
L'épuisement me gagne vite et finalement, je retrouve mon lit avec plaisir et les cauchemars m'accueillent à bras ouverts.

Le lendemain, un mal de crâne accompagne mes yeux rougis par une nuit entrecoupée. Je me sent faible, courbaturé, perdu dans ce flots d'informations qui vont et viennent depuis que j'ai rencontré Émeraude.
Sur le bord de mon immense lit, mes mains tenant une tête bien trop lourde, j'attend en espérant vider mon esprit des idées négatives qui tourbillonnent depuis plus d'une semaine. Peut-être n'aurais-je jamais du regarder cette foutue fontaine et ce qu'elle y renferme. Ma curiosité est visiblement mal placée!
Quelqu'un frappe à ma porte et j'entends la voix rauque d'un homme dont le message m'ordonne de rejoindre mon équipe au plus vite. Aussi, d'un pas lourd et résigné je m'exécute, non sans soupirer toutes les deux minutes.
   Le chemin qui mène à Assan et notre équipe me semble interminable. Un dédale de couloirs somptueux s'offre à moi, mais je n'ai pas le cœur de m'attarder sur les ornements fins et colorés des murs.
Le garde m'a guidé jusqu'à eux sans un mot, ni même un regard. Il est grand, complètement vêtu de bleu foncé et blanc, ne laissant apparaître que ses yeux olives. Il annonce ma venue et se retire en une fraction de seconde.
   Tout le monde est là. Mon équipe est au complet et chacun est vêtu d'une tunique blanche et légère, ceinturée d'un fourreau pour nos épées longues et recourbées.
Les gens dans l'arène qui crient à pleins poumons, les hurleurs qui relaient les informations et les équipes prêtes à pénétrer pour un combat acharné.
Nous sommes en attente d'être envoyés dans l'arène. Les équipes sont alignées dans ce qui se nomme l'hypogée, zone située sous les gradins et dont les ascenseurs actionnés par des bêtes mi-homme, mi-taureau permettent leur élévation.
L'architecture est renversante: des milliers d'arbres y ont laissés la vie pour donner vie à cet endroit titanesque et très sombre. Dans les entrailles de ce colosse, le bois règne en maître et la chaleur est devenu infernale.

   - J'espère que vous vous êtes bien reposés pour ce premier match, commence Assan pour nous mettre la pression.

   La lueur qui brille dans les yeux de mes coéquipiers en dit long sur leur motivation: ils sont prêts à mourrir pour l'honneur de leur nation.
   Étrangement, je me sens plein de force, d'une volonté de me surpasser quand je les observes. Leur hargne est contagieuse et ce combat me semble être un bon entraînement si je veux être digne de Émeraude.
   Ses mots me reviennent à l'esprit. Ils apaisent mon cœur et soulève étrangement des larmes que je tiens à retenir à tout prix. Il faut que je cache ma faiblesse à mes coéquipiers.
   Je sens qu'une certaines union nous unis après les jours passés à s'entraîner, mais quelque chose ne vas pas: le lien que je sens entre les équipes adverses est bien plus puissant que le nôtre.

   « Oyez, Oyez! Il est grand temps d'accueillir la première nation à ouvrir le tournois des cinq nations, j'ai nommé Aasgar, derniers vainqueurs et organisateurs de ces festivités! »

   Les hurleurs ont annoncé notre venue sur l'arène. La foule est en délire et le vacarme est assourdissant autant qu'il est inquiétant. Des frissons parcourent mon échine de haut en bas. La tension est à son comble.
Près de nous, les équipes concurrentes nous scrutent, visiblement très intéressées de voir nos exploits, mais surtout curieuse de voir si nous survivrons à la joute qui nous attend. Des sourires tantôt bienveillants, tantôt pleins de sadisme accompagnent notre marche tandis que nous suivons notre chef, Assan.

La légende du dragon vert Où les histoires vivent. Découvrez maintenant