I. 3-1 (conditions pour sauver un dragon)

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   Le jour ne tarde pas à se lever. J'ai sommeil et mes paupières ne diront pas le contraire. Mon corps est ankylosé et mon estomac grogne toutes les cinq minutes. Pourtant, je dois me dépêcher si je veux rejoindre la route principale et me cacher dans un convoi de paille.
Nyx a été chercher quelques fruits de bois pour le petit déjeuner. Quand à moi, Je sors de mon sac un vieux bout de pain rassis qui calmera sûrement mon ventre affamé.

Une fois le maigre déjeuné avalé, je salue la petite fée et me presse dans les bois ténébreux.
J'aperçois un peu plus loin le géant de pierre qui monte la garde, assis sur un rocher. Comme il fait jour et que les rayons du soleil pénètre plus facilement l'épaisse forêt, cela me permet de mieux voir ces contours anguleux malgré les blocs plutôt ronds qui forment cet amas vivant de pierres.
Comment des cailloux peuvent tenir ensembles et former un être vivant? Cela me fascine, la vie est vraiment extraordinaire.

Le chemin du retour est tout aussi escarpé que lorsque je l'ai emprunté pour la première fois. Les branchages me bloquent le passage et les ronces me lacèrent le corps. S'ajoute à mon périple la direction que j'ai prise, car si j'ai suivi les quelques traces de sang et l'odeur du dragon, pour le retour, il y a peu d'indices pour m'indiquer le chemin d'Orgès.
C'est ainsi que je me débat pendant des heures dans cette mer de verdure redoutable, à me faire sucer le sang par la moindre bestiole de passage et à sursauter au cri étrange d'une créature inconnue et potentiellement mortelle.

   Le temps est suspendu et qui sais combien de temps exactement j'ai pu passer dans cet enfer vert?
   Des hurlements me parviennent, il me semble reconnaître Hiro et sa voix plus puissante et rauque que les autres loups de la meute.
   Cela me redonne du courage et je file droit en direction de ces appels. Un regain d'énergie qui me donne la force de me débattre avec plus de force et de rapidité, je veux sortir de cet endroit étouffant.
   Et puis mon salut arrive enfin. Je m'affale sur le sol rocailleux et pavé et m'allonge de tout mon long, un peu comme une crêpe. Je gémis de douleur, ma chute a été brutale et je ne m'attendais pas vraiment à trouver la route d'Orgès à ce moment.

- Alors mon gars, tu ne tiens plus debout? Me demande une voix masculine et moqueuse.

Je redresse ma tête, sonné par le choc de celle-ci contre le sol. J'ai même de la peine à parler. Un homme vraisemblablement costaud me regarde du haut de sa charrette. Ma vision floue ne me permet pas de le détailler davantage.

   - Dis donc, tu as fait une sacrée chute! S'exclame celui-ci en descendant de son engin.

   Il me relève avec une aisance déconcertante et semble m'observer.
   Toujours sonné, je tente de voir son visage, mais seul l'esquisse d'une Barbe naissante se dessine.

   - Ah, je vois... lâche l'homme dans le donner plus d'explications. Tu ne vois pas d'objection si je te cache sous mon siège?

   Je bredouille quelque chose d'incompréhensible avant de sentir le sol se dérober sous mes pieds.
   Le bruit d'un coffre mal graissé couine à mes oreille et me fait grimacer. Une épaisse couverture viens me recouvrir et je sens que l'on verse sur moi une substance telle du grain qui m'opprime.
   J'ai l'impression d'étouffer, d'autant plus qu'il règne dans ce lieu une chaleur insupportable.
    Des bruits de sabots parviennent à mes oreilles, mais je ne sens pas notre chariot se mettre en route pour autant. Le son de pièces métalliques résonnent, quelqu'un semble descendre d'un cheval.
   Ce sont des gardes!
   Je n'ai pas le temps d'entendre leur conversation que ma conscience sombre dans les ténèbres. Seul l'impression qu'un lourd sommeil est venu m'emporter me réconforte. J'ai envie de me laisser aller et plonge dans le noir sans inquiétude.

Mon réveil est brutale. Je me redresse soudainement et un violent mal de crâne me remue et me donne la nausée. Aussitôt, mes mains saisissent mon crâne et je ferme mes yeux souffrant.
Je suis dans un lit moelleux et agréable. Les volets sont clos et il semblerait que la nuit soit de nouveau tombée.
Bien que je me sente au plus mal, j'en profite pour tâter mon crâne et y découvre un bandage qui maintient un cataplasme. Une odeur agréable et puissante se dégage du pansement. Mon torse est dénudé et j'y découvre quelques plaies sans importance.

   La porte de la chambre où je me trouve s'ouvre doucement et laisse passer une faible lumière depuis un bougeoir.

   - Qui est-ce? Je demande, méfiant.

    - Je suis Anna, mon mari vous a emmené chez nous après vous avoir trouvé bien mal en point sur le chemin menant à Orgès. Annonce une voix féminine et douce.

- Il est réveillé? Demande une voix masculine qui ne m'est pas étrangère.

Le dame souffle un léger « oui », puis se place à ma gauche. J'entends de l'eau ruisseler.

- Je vais changer votre pansement. Me dit-elle.

Des mains douces à souhait se posent sur mon front et retirent mon bandage avec un extrême délicatesse.

- ça va piquer un peu. Me prévient Anna.

L'eau qu'elle applique sur mon front à l'aide d'un bout de tissus, semble mélangée à une quelconque substance au herbes et dont le parfum est très fort.
Comme elle me l'a dit, cela me brûle. Mais malgré la souffrance, je sens parallèlement une amélioration s'opérer en moi. Instantanément, mon mal de crâne diminue et ma vue est moins trouble.

La légende du dragon vert Où les histoires vivent. Découvrez maintenant