Diego tourne autour de nous en couinant, puis avance en direction d'Aarions en aboyant une fois.
- On arrive, je l'informe, viens Émeraude, j'ajoute en la regardant avec attention.
Elle me fusille du regard, me forçant à détourner le miens. Ma gorge se noue, mon cœur se serre et un sentiment très puissant de culpabilité me saisit.
Sur le chemin, une carriole pleine de tonneaux de vins et d'hydromel nous attend avec Merow pour nous conduire. Nous grimpons à bord. Émeraude prend place derrière et je m'installe aux côtés du sous chef de meute, tandis que Diego trotte tranquillement à côté de nous, tenant compagnie à notre cheval.
Pas un mot, pas un murmure ne se fait ouïr pendant notre retour vers Aarions.
Les portes de la ville apparaissent rapidement et mon cœur se serre un peu plus, saisit d'angoisse à l'idée que quelqu'un découvre l'identité de la dragonne déguisée en humaine.- Met toi derrière et essayez de vous cacher, m'ordonne le loup.
D'une pirouette je bascule de ma place aux côtés d'Emeraude qui continue de me fusiller du regard avant de le détourner rageusement en tentant de se mettre à l'opposé de moi, sauf que je ne lui laisse pas le temps et l'enlace dans les bras en faisant voler autour de nous l'une des capes d'invisibilité que nous avons reçus pour que nos corps soient parfaitement dissimulés aux yeux des gardes.
La dragonne proteste, râle et se débat, mais le trésor que je tiens dans mes bras me semble si précieux, si beau, que rien ne me donne envie de la relâcher.- Je t'en prie, pardonne moi, murmure-Je à son oreille, tel une complainte d'amoureux délaissé par sa belle.
Elle reste tendue un moment, puis ses muscles se relâchent et Émeraude se laisse enfin aller dans mes bras.
- Ne refait plus jamais une chose pareille, ou je reprend ma forme originelle et cette fois, tu vas me servir de cure-dents, sale... bipède! Et je te préviens que si...
J'étouffe les mots qui sortent de sa bouche en plaquant ma main contre ces lèvres.
- Arrête de t'agiter autant, nous sommes tout proche des portes de la ville. Quelqu'un pourrait nous entendre et découvrir que nous nous cachons!
Je relâche ma main avec précaution, veillant autant à ce qu'il y a dehors que celle qui se tient à côté de moi. D'après son expression, elle semble comprendre qu'il vaux mieux être discret jusqu'à notre arrivée à l'auberge, plutôt que de nous faire voir.
- Je pense que les soldats que j'ai assommés ont lancés des avis de recherche me concernant, je précise à Émeraude qui m'interroge du regard quand à notre comportement qui peux paraître excessif.
- Taisez-vous, ordonne Merow à voix basse.
Des bruits émanent de la ville. Dans un premier temps, c'est celui des pas lourds des chevaliers, mêlés du tintement du fer et du bois qui s'entrechoque.
- Hé là, marchand, que transportes tu dans tes tonneaux, demande un soldat d'une voix ferme.
- Du vin et de l'hydromel, messire, se contente de répondre Merow d'une voix complaisante.
Pas de réponse du soldat, mais les pas se rapprochent et je devine que ces hommes souhaitent fouiller le chargement.
- Sur ordre de sa majesté Omans Aldini, je me vois dans l'obligation d'ouvrir ces pièces.
- Mais, monseigneur, cela risque d'endommager le précieux liquide qu'ils contiennent, proteste le loup.
- Tu n'as pas à répondre. Les Aasgardiens nous ont trahis, ils est normal que nous nous méfions d'eux et encore plus après cet événement! Si tu t'oppose à nouveau, je ferais saisir et détruire ce que as apporté de chez eux.
Les pas se font de plus en plus proche.
Grâce à la cape, nous sommes dissimulés, mais il est parfaitement possible de voir au travers comme s'il rien n'entravais notre champ de vision.
Le garde est là, tout prêt, juste derrière les tonneaux. Puis il monte et ouvre le couvercle de chacun d'eux en regardant soigneusement entre chaque barrique.
Contre mon torse, je sent le cœur d'Emeraude qui bat la chamade. Elle tente de ralentir sa respiration pour être la moins bruyante possible et je l'imite.
Le sang contre mes tempes bat si fort que je sens une migraine poindre le bout de son nez. Ma salive s'agglutine dans le fond de ma bouche et je me retient de déglutir. Le couvercle du dernier tonneau qui se tient devant nous tombe devant nos genoux dans un fracas assourdissant. Le garde, de son épaisse armure d'acier rutilant, enveloppé d'un heaume où seule la bouche et les yeux noirs apparaissent, pointe son attention dans notre direction.
Un frisson parcours mon échine.
Mais au moment où ma crainte d'être découverts est à son apogée, un homme interpelle le soldat.- Hendrix, viens, on a besoin de toi sur un autre chargement, crie celui-ci.
Les pas s'éloignent rapidement, je ne prend même pas le temps d'écouter leur conversation et constate que Émeraude semble aussi soulagée que moi de voir partir cet homme.
Pendant que nous relâchons nos respirations, notre charrette se remet en route et plonge dans le cœur de la ville pour nous emmener tranquillement vers la taverne.
À notre arrivée, nous attendons tranquillement que le chargement soit débarqué avant de nous découvrir.
Hiro se tient devant nous, il m'offre un grand sourire et tend sa main vers la dragonne.- Je ne sais pas vraiment comment vous appeler, mais je peux au moins vous offrir mon hospitalité et cette main tendu pour vous signifier mon allégeance, ainsi que celle des métamorphes qui m'accompagnent, dit-il.
Émeraude me regarde du coin de l'œil, certainement méfiante.
- Je vous remercie, et je n'ai pas oublié votre aide. Mais sachez que ma confiance est difficile à obtenir, malgré tout. Pour le moment, c'est en Alban, que j'ai placé tout mes espoirs.
Elle tourne son regard vert vers moi. Malgré sa colère à mon égard, elle me fait cette déclaration qui me touche au plus profond de moi.
Je n'ai pas envie de la décevoir.- Bien, puisque c'est comme ça, c'est le p'tit loupiot qui va s'occuper de t'installer et nous, on va te trouver un petit travail en attendant que les choses bougent, ajoute Hiro en rigolant comme il en a l'habitude.
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La légende du dragon vert
FantasiaTome 1 et 2 (en cours) Près du royaume d'Orgès vit une multitudes de créatures toutes plus incroyables les unes que les autre. Elfes, nains, fées, centaures, ogres et bien d'autre créatures peuplent ce monde aux ressources inimaginables. Ma...