La légende du dragon vert

II. 2-2

- Bienvenu à Aasgar, prononce le prince à notre attention.

Fadir se courbe face à son souverain dans une grande révérence.
Je reste bouche bée devant cet homme à l'élégance parfaite. Une longue tunique blanche et finement brodée de fils d'or et de soie bleue similaire au saphir, habille ce soldat qui n'est autre qu'un futur roi.

- Ahmad, je souffle, bête de ma réaction, mais captivé par ce que je vois.

Émeraude quand à elle, observe sagement. Visiblement peux impressionnée par ce qu'elle voit.

   - Mes amis, prononce le prince en avançant à notre rencontre.

   Il me sert amicalement dans ses bras et se tourne vers la belle dragonne, émerveillé. Il s'incline profondément et on peux voir sur le visage de Émeraude une certaine satisfaction: Les dragons aiment qu'ils soient vénérés.

   - Votre magnificence, je suis plus que honoré de votre présence ici, sur les terres de Aasgar.

  La dragonne prend un air supérieur, gonflant sa poitrine et plissant les yeux pour toiser le prince de toute sa hauteur.

   - Je suis ici pour honorer l'appel de mon dragonnier, prononce Émeraude d'une voix ferme.

   J'ai du mal à comprendre mon amie ces derniers jours. Plutôt souriante avec la meute de métamorphes , elle est devenue plus froide et distante ses derniers jours et plus précisément, depuis notre départ.
   Elle me regarde, toujours cet air hautain sur le visage. Mais ne trouve pour toute réponse que mes gros yeux signifiant que son comportement n'est pas adapté.

   - Allons mes amis, venez au palais poser vos bagages et vous restaurer, je pense que la route a été longue et éreintante?

   - Plutôt, oui, mais heureusement que Fadir est un guide agréable! Sans lui, nous nous serions perdus cent fois!

   - Enfin, Alban se serait perdu cent fois, les dragons sont très doués en terme d'orientation, coupe Émeraude, visiblement vexée par ma remarque.

Ahmad rit poliment, puis nous invite à gravir les nombreuses marches du palais. Son intervention est bienvenue, cela met fin à mon passage à tabac.
   Une fois à l'intérieur, c'est une immense salle au marbre blanc sur le sol et les murs, aux dorures et aux moulures ostentatoires et aux larges allées menant à des arches et s'ouvrant sur d'autre pièces encore plus grandes qui s'offre à nos yeux.
   Émeraude soulève un coin de ses lèvres et dessine un léger sourire, satisfaite du lieu. D'ailleurs, Ahmad, qui est visiblement connaisseur en psychologie des dragons s'empresse de lui demander si les lieux lui conviennent. La dragonne dont les yeux pétillent et semblent presque prêts à dévorer les murs, suggère au prince d'y apporter une touche de pierres précieuses pour rendre l'endroit encore plus « éblouissant ».
   Ainsi, Ahmad m'oublie presque totalement tandis qu'il nous présente les parties communes du palais et discute avec Émeraude en continuant de rire de façon superficielle.
Alors que je sens j'agacement poindre le bout de son nez, nous arrivons dans une pièce encore plus démesurée que les autres: la salle de réception où s'y tiennent banquets et bals lors des invitations prestigieuses. Je suis ébahi par tant de splendeur et de démesure. La hauteur sous la voûte doit bien faire trente mètre et la pièce peux contenir par moins de deux auberges comme celle que tient Hiro. Des mets fins et apportés en abondance son disposés sur une unique table en bois massif et trônant au milieu de la pièce. Mon nez se rempli des parfums de viandes et de légumes, en me mettant l'eau à la bouche.
Émeraude toise le prince qui s'empresse de nous conduire à table. Aussi, je prend soin de m'assoir aux côtés de la dragonne avant de dévorer la table des yeux.
Ahmad est toujours en grande conversation avec mon amie. Ils parlent de tout et de rien, évoquent les rues de la ville, l'entraînement des soldats, les sources principales de revenue et d'autre broutilles qui ne m'intéressent pas pour l'heure. Un majordome arrive avec une bourriche. Lorsqu'il l'a dépose près de la dragonne, des pièces d'or, une petite centaine, se dévoilent. Émeraude a les yeux qui brillent. Il semble que l'or lui ouvre bien plus l'appétit que les autres mets.

   - Ceci vous est offert par notre pays. Pour vous aider dans votre guérison, dans notre lutte face à Omans, mais aussi en signe d'amitié. Prenez, Dragonne et mangez quand vous le voudrez, prononce Ahmad avec bienveillance.

Mon amie ne se fait pas prier et plonge sa main dans la bourriche en tirant la plus grosse pièce. Elle regarde l'éclat de l'or jaune luire sur un visage de monarque dont la tête porte un turban volumineux et bien travaillé. Après quelques secondes, Émeraude fini par porter le métal à ses lèvres, lèche la pièce et tente de croquer un grand coup. Un « aïe » retentit et la belle se tient la mâchoire, la pièce d'or intacte après son assaut. Elle grogne, son visage se déforme et la colère se lit dans ses yeux.

- Mais, pourquoi, râle celle-ci.

- A cause de ta transformation, je répond sans même réfléchir.

Ahmad acquiesce, évitant ainsi à la dragonne de diriger sa frustration sur moi.