II - 2.1 (les raisons d'une invitation)

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Le voyage n'a pas été très long. Trois jours, dont deux nuits avant que les premières pierres, les premiers toits ne se fassent voir.

   - Regardez moi ce bleu, je m'écris avec enthousiasme, tant la couleur contraste avec notre environnement.

   Il faut dire que depuis presque l'aurore de la veille, le sable, le jaune-orangé et la poussière inondent notre champs de vision sans que l'on ne puisse distinguer quoi que ce soit d'autre. Alors découvrir cette teinte électrique au dessus d'une muraille aussi jaune que le reste, contraste largement.
   Fadir, notre guide, connais ce désert par cœur, il nous l'a affirmé mainte et mainte fois. Hélas, malgré son assurance et les mots rassurants qui n'a cessé de répéter, j'ai toujours eu un doute sur notre destination, comme si nous étions perdu sur ce sol mou.
   D'ailleurs, nous avons même troqués nos chevaux à la lisière de la forêt par des dromadaires. Les Aasgariens sont quand même prévoyants, puisqu'ils ont érigés de petits points, comme une douane, tout autour de leur empire de sable afin de permettre à chacun de voyager avec la bonne monture et surtout d'avoir de nombreux endroits où contrôler le trafic des marchandises et les voyageurs. Qui sais, certains pourraient être déguisés, être des trafiquants ou encore des braconniers?
Depuis notre départ, Émeraude n'a presque plus ouvert la bouche. Son visage fermé et sa mine triste me fendent le cœur, mais je n'ai aucune idée de la façon dont je dois l'aborder pour lui remonter le moral. Seuls mes actes tentent d'être les plus bienveillants possible. De tout mon être, je sens la chance que j'ai d'avoir une créature aussi belle que rare à mes côtés, de toutes mes forces j'ai envie de lui redonner son sourire et cette énergie incroyable qu'elle dégage habituellement. Elle est devenue en peu de temps, une amie précieuse.

- Cette chaleur, ça change de Aarions, tu ne trouve pas?

Ma question arrache un maigre sourire à Émeraude qui se contente d'un « oui, c'est agréable » pour seule réponse, plongeant à nouveau dans son monde de peine.
   Le reste du voyage se passe en silence et seul les sons de la ville nous parviennent au oreilles. De la musique plutôt gaie et dynamique, des cris d'enfants, en somme un véritable brouhaha, qui me fait penser aux jours de marchés sur Orgès, résonne entre les murs de la ville de sable.
Malgré une sensation de proximité avec la ville, il aura fallu tout de même une bonne demie journée de plus avant d'atteindre le pied des remparts de la ville.
Je m'attendais à quelque chose de plus fragile, de plus monochrome, mais aussi de moins grand. Hors, la ville s'élève haut dans le ciel et les toits bleus ne sont plus visibles lorsque l'on se retrouve près des édifices Aasgariens. La couleur sable, certes toujours très présente, est cachée par les tapis épais et multicolores qui jonchent le sol et les façades des maisons. Fadir, nous emmène vers le cœur de la ville, au travers d'une rue qui mériterait le nom de boulevard. Des dizaines, voire même des centaines de marchands étalent leur affaires sur le bord du chemin, cachant ainsi les entrées des habitations. Nourriture, artisanat, artistes et guerriers étalants leur forcent et leur talents s'offrent à nos yeux qui ne font que rester émerveillés par ce tableau multicolore et à la vie luxuriante. Même Émeraude semble touchée par ce paysage, les yeux brillants et la bouche formant presque un O, elle s'extasie face à ce qu'il y a de plus beau et majestueux dans ce décor: le Palais Royal, qui nous fait face, orné de ses couronne rondes au nombre de quatre et d'un bleu encore plus puissant que ce qui nous as été permis de voir jusque là.

- Voila le palais D'organ, notre fierté, commente Fadir.

- Je suis étonnée de ne pas voir de gardes en patrouille ou même postés à chaque entrée, constate la dragonne en coupant un peu notre rêverie.

Notre guide rigole, puis d'un grand geste vers pour désigner la ville il explique:

- Nous sommes tous des guerriers ici. Nous vivons pour notre pays, notre communauté et non pour un roi. Chacun d'entre nous, homme, femme, enfant et créatures non humaines, vivons en paix et dans le but de nous protéger des envahisseurs venant de l'extérieur. Notre seigneur quand à lui, n'est que le porte parole du peuple, un médiateur entre nous, mais aussi entre notre nation et les autres. Assan est vraiment aimé par tous ici, explique Fadir.

   Tandis que nous avançons toujours dans cette avenue immense, en direction du palais, les animations continues également de dessiner le décor et ceux jusqu'aux premières marches de l'édifice royale. Le soleil haut dans le ciel, brûle ma peau qui n'est pas habituée à un tel rayonnement et fini par la rougir et la rendre douloureuse. La chaleur est étouffante. Pas une once de vent, très peu d'ombre et l'eau est chaude. Mais si cela ne me convient pas, il n'en est pas de même pour ma partenaire aux yeux verts qui semble parfaitement s'accommoder de se temps caniculaire. Elle passe beaucoup de temps face au soleil et fuis les nuit glaciales qui contrastent avec les journées ardentes. D'ailleurs, j'adore cette façon qu'elle a de dormir blottie contre moi quand le soleil s'efface sur les dunes.

- Bien, voici mes chers amis, le palais de notre souverain. Et bien sûr il en va de soi que ce soit notre prince en personne qui viennent vous accueillir, commente Fadir.

Mes yeux s'arrondissent en voyant l'homme qui se tient en haut des marches: le chef de soldats d'Aasgar. Cela ne devrait pas m'étonner puisque je savais déjà qui il était. Mais le voir en tenue princier a nous attendre en haut des marches, le voir de toute son imposante majesté face à nous et sans son armure à quelque chose de presque irréel.

La légende du dragon vert Où les histoires vivent. Découvrez maintenant