Aujourd'hui c'est mon anniversaire, alors je vous offre un deuxième chapitre.
Je vous laisse découvrir par vous même, l'importance de ces cadeaux.
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Maelle
"Ne pas voir, ni regarder notre maltraitance, la rendre invisible, c'était la rendre inexistante".
Sarah JOLLIEN-FARDEL
2008 – En chemin vers l'enfer
On est en réunion depuis une heure et la seule chose que je remarque c'est l'assistante juridique de l'associé de Franck qui lance des regards aguicheurs à mon mari et ce dernier le lui rend en plus. Je crois qu'il me prend pour une conne. Il a explosé mon téléphone il y a dix jours, persuadé que je flirtais avec un homme, alors qu'il y a déjà quelques temps que je ne parle à presque plus personne. Je ne vois plus ma famille, je n'ai plus d'amis et, depuis l'épisode du "lancer de téléphone contre le mur", je ne côtoie même plus mes anciens collègues du cabinet dentaire où je travaillais. D'ailleurs, il ne me l'a pas remplacé, il faudrait qu'on remédie à ça rapidement. Et là, il fait les yeux doux à une espèce de chaudière blonde décolorée, maquillée comme un camion volé, non mais sérieusement, l'hôpital qui se fout de la charité.
La colère est en train de monter doucement. La réunion finie, on se lève tous pour reprendre place à nos bureaux. La Pamela Anderson du pauvre pose sa main sur le bras de mon futur bourreau et minaude comme une collégienne.
— Maître Rodriguez, j'aurais des documents à vous faire signer s'il vous plaît.
— Venez dans mon bureau après, Sophia, c'est pas un problème, lui dit-il tout mielleux.
Elle rigole comme un veau et s'en va en se dandinant sous le regard vorace de mon cher et tendre. Il ressemble au loup de Tex Avery, il me dégoute.
Il rentre dans son bureau, je le suis et prends soin de fermer la porte, heureusement que les bureaux des avocats sont isolés phonétiquement parlant, sinon j'aurais attendu d'être à la maison pour avoir cette conversation.
— Maître Rodriguez, j'aurais des documents à vous faire signer s'il vous plaît, j'imite grossièrement.
— T'es sérieuse Maelle ?
— Bien sûr que je suis sérieuse, lui dis-je en me rapprochant de lui.
— Tu es ridicule.
— Elle minaude, pose sa main sur ton bras et toi tu la laisses faire et même pire, tu la regardes comme un diabétique louche sur des bonbons et c'est moi qui suis ridicule.
— Maelle, baisse d'un ton, je ne suis pas d'humeur à supporter tes crises d'hystérie.
J'explose de rire.
— C'est moi l'hystérique ? Pourtant c'est toi qui as éclaté mon téléphone contre un mur parce que tu étais persuadé que je parlais à un autre homme alors n'inverse pas les rôles s'il te plaît.
— Tu dépasses les bornes, c'est toi qui confonds tout. Reste à ta place. OK ! Tu n'as pas à me dire quoi faire, quoi dire. Je parle à qui je veux et mets-toi bien dans la tête que tu n'as aucun ordre à me donner.
— Tu m'as pris pour un animal pour me dire de rester à ma place. Tu t'es trompé de femme c'est moi qui te le dit.
Il se lève d'un coup et se place devant moi pour me surplomber.
— Je crois que tu n'as pas compris. Je dis, tu fais. Ici c'est moi qui commande, c'est grâce à moi que tu vis comme une princesse alors sois reconnaissante et ferme-la.
— Il n'est pas né celui qui me la fera fermer.
Il m'assène une claque magistrale avec un regard furieux, comme possédé, il ne ressemble plus du tout à l'homme que j'ai épousé, il ne ressemble plus au garçon gentil et patient, il ne Lui ressemble plus. Et en même temps c'est normal, il n'est pas Lui et il ne se le sera jamais. Je le regarde fixement, je ne baisse pas le regard et je contiens mes larmes. Je me jure de ne jamais pleurer devant lui et je sais que le peu de sentiments que j'éprouvais à son égard viennent de s'envoler avec le respect que je lui accordais.
Malheureusement je suis persuadée aussi que c'est le début de la fin, mes parents vivent ça depuis toujours et on a eu assez de clientes ici qui ont vécu ce genre de situation pour savoir qu'ils ne s'arrêtent jamais à une claque, au contraire ce n'est que le commencement. Bon il y a pire, me direz-vous, mais ce n'est pas tant le geste qui me met la puce à l'oreille que les mots et l'attitude qu'il a eus. Il vient simplement de me montrer son vrai visage, celui d'un monstre dépourvu de conscience et de sentiments.
Je suis retournée à mon bureau sans un mot, en fin de compte, celui qui me la ferait fermer venait de naître. Il s'est échappé en milieu d'après-midi en me crachant au visage qu'il reviendrait me chercher à la fermeture du cabinet. Quand il est parti, je suis allé aux toilettes pour pleurer, quand la rage est toute sortie je me suis mouillée le visage à l'eau froide, me suis regardée dans le miroir et me suis promis à moi-même :
"Tu vas morfler, prépare-toi, même si c'est long ça prendra fin ne t'inquiète pas, sois patiente, ne lui cède rien ni pleurs, ni peur, tiens lui tête quoi qu'il se passe, sois comme le roseau, ploie mais ne rompt pas".
Il m'a récupérée à la sortie du travail, tout gentil, comme d'ordinaire, il a posé sa main sur ma cuisse et j'ai eu envie de vomir. Puis il a récupéré une petite boîte dans sa poche et me l'a tendue, je recevais la première d'une grande collection de boîtes bleues et vertes.
— Merci, lui ai-je répondu froidement.
Je venais de mettre le pied dans un enfer qui allait me consumer pendant quinze longues années.
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Cadeau empoisonné plutôt.
Merci encore pour ce temps que vous m'accordez.
Sur ce, je vous laisse et m'en vais souffler ma 42ème bougie.
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Avec des Si Tome 2 - Aaron
RomanceIl y en a qui tombent amoureux et d'autres qui se "fracassent". Comme une fatalité, ce n'était ni le bon endroit, ni le bon moment et pourtant... Elle est devenue toute sa vie en une seule danse. Une collision de deux cœurs plutôt qu'un amour de vac...