CHAPITRE 7 | Ange

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TW: mention de violence physique.




« Les coupables, il vaut mieux les choisir que les chercher. »
MARCEL PAGNOL









ANGE:





Un gémissement de douleur s'échappe de mes lèvres lorsque mes pieds frôlent la surface glacée du parquet de ma chambre. La simple action de me relever, impliquant les muscles de mon cou, provoque la dispersion d'un éclair de douleur dans tout mon corps. Instinctivement, mes doigts palpent la peau meurtrie de mon cou à la recherche d'une quelconque bosse ou zone enflée. Heureusement, seul un épiderme brûlant accueille la pulpe de ma main.

Une fois debout, je me dirige fébrilement vers ma salle de bain en quête de vérité. Sur les contours en céramique de l'évier se trouve un second col roulé, cette fois-ci aux tons bleu marine ainsi qu'un tube d'arnica dont je me munis. Seulement, en relevant les yeux vers mon miroir je lâche un hoquet de stupeur. Un dégradé de violet aux légères taches noires jonchent ma peau dans un dessin des plus horrifiques. Des traces de doigts sont distinguables à la base de mon cou et sur ma tempe droite se dessine une légère bosse. Conséquence du moment où j'ai été projetée contre le mur.

À ce souvenir, une traînée de frissons recouvre mes bras mais cet instant de faiblesse ne dure pas longtemps. Une fois la culpabilité immiscée dans mon esprit, j'en regrette mes plaintes et me plonge sous l'eau glacée de la douche.
Mes doigts savonnés glissent sur mes muscles afin de les détendre cependant la tension qui les rend contractés m'empêche de me relaxer. Quelques grimaces déforment mon visage lorsque la douleur de mes membres augmente légèrement, malgré ma volonté à rester de marbre.

Une fois apaisée, je quitte l'enceinte de la douche dont une épaisse vapeur s'échappe. Les températures plus fraîches de la salle de bain augmentent les quelques frissons qui subsistaient sur mes bras tandis que mes joues brillent d'un rouge écarlate. Fébrilement, j'enfile mon uniforme, dos au miroir, sans oublier ma couche supplémentaire. La laine du col gratte ma peau irritée qui ne semble pas s'accommoder à l'étreinte qui l'enserre dans un masque de secrets. Mais je décide d'ignorer cette gêne, privilégiant le tissu râpeux à une épaisse couche de maquillage. Chose que je n'oublie pas d'étaler sur mon visage et plus particulièrement sous mes yeux, où figurent d'épais cernes foncés, ainsi que sur ma tempe.

— Aïe, je gémis lorsque mes doigts pressent par inadvertance une zone plus douloureuse de mon visage.

Finalement épuisée de ranimer mes douleurs ainsi que des souvenirs dont je préférerai ignorer les causes, je délaisse le confort de ma chambre pour rejoindre la cuisine.

Quelques murmures me parviennent aux oreilles lorsque je pénètre la salle à manger. Si mon père est absent de la pièce, ce n'est pas le cas de ma mère qui dans son habituel tailleur déguste son café d'une main. Mon arrivée ne semble pas la déranger de sa lecture puisqu'il me faut presser son bras entre mes doigts pour obtenir une réaction de sa part.
— Oh mon cœur, je ne t'avais pas entendue arriver, elle déplore désormais debout, une main sur ma joue.

Les ongles de sa manucure caressent délicatement mon visage avant de glisser sur ma tempe. Avec prudence, leur extrémité palpe ma blessure ce qui me provoque une légère grimace.
Face à ma réponse, maman souffle bruyamment et son regard se fait incriminant. Ses lèvres se pincent, comme pour retenir la réprimande qui pend sur le bout de sa langue.

— Tu ne devrais pas le mettre en colère Ange. Tu sais comment il peut réagir à cause de la pression et toute cette situation est déjà assez compliquée pour ton père, elle m'explique, une certaine douceur apparue dans sa voix.

UNDERCOVEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant