UNDERCOVER

CHAPITRE 21 | Jaxon

JAXON:

Je me réveille courbaturé. Mon corps a du mal à s'accoutumer à ce lit d'hôpital bien trop petit pour ma taille. Mais je ne peux me résoudre à agir autrement. La sensation de son corps chaud pressé contre le mien est irremplaçable.
Tous les jours, c'est la même routine qui se répète: je me réveille et je file faire deux courses. Je me rends chez un traiteur pour récupérer des challah, ces petites brioches que la gouvernante de Ange à l'habitude de lui cuisiner, puis je cherche une épicerie qui vend des Candy'Up à la fraise. C'est un vrai parcours du combattant quand on sait à quelle vitesse elle les consomme.

Après mon petit périple qui me prend généralement une trentaine de minutes, je rejoins l'hôpital et réveille mon ange dans l'espoir qu'elle accepte d'avaler quelque chose.
Je répète ce rituel midi et soir dès lors que je finis ma journée de travail mais chacune de mes tentatives se solde par un échec.

Plus le temps passe et plus elle s'affaiblit. Ses émotions la tourmentent à un point que la moindre nourriture la répugne. J'ai tout essayé: ses plats préférés, les miens, des repas plutôt légers, uniquement des fruits, mais il n'y a rien à faire. Elle ne parvient pas à les garder.
Les médecins commencent sincèrement à s'inquiéter et il en est de même pour moi.

Comme une impression qu'elle baisse les bras, qu'elle se laisse mourir à petit feux.
Je suis là tous les jours, je l'encourage, je la soutiens, je tente par tous les moyens de lui montrer que je ne compte pas l'abandonner mais j'ai la sensation que c'est son cas.
Elle ne veut plus se battre, à la place elle se laisse consumer. Mais c'est mal me connaître que de penser que je vais la laisser.
Je n'ai pas encore utilisé toutes mes cartes, et crois moi Ange Montgomery, tu vas guérir et aller de l'avant, le contraire n'est pas envisageable.

Nous sommes en milieu de matinée et j'ai averti Alex, qui est désormais mon supérieur, de mon absence ce matin au poste. Ange a rendez-vous avec un médecin spécialiste des troubles alimentaires. Et même si l'idée ne l'emballe pas vraiment, je ne lui laisse pas le choix.
Assise dans un fauteuil roulant, et habillée par une infirmière, elle attend patiemment que je vienne la chercher. Le regard dans le vague, sa tête est baissée et des écouteurs se trouvent dans ses oreilles. Il y a des habitudes qui ne changent pas et même si elle déteste de tout son coeur l'auteur de ce cadeau, il n'empêche qu'elle ne s'en sépare pas. Ses doigts jouent nerveusement avec le cordon de l'énorme jogging qu'elle porte.

Attendez, c'est le mien ?
Je n'arrive pas à distinguer s'il s'agit de l'un de mes vêtements ou bien des siens qui lui vont désormais beaucoup trop grands.
Je me rapproche doucement de sa fine silhouette et sa tête se relève dans ma direction lorsque mes doigts caressent la peau douce de sa joue. Un faible sourire se dessine sur ses lèvres à ma vue et ces dernières se pincent.

Je la regarde troublé mais quand ses deux bras s'ouvre devant moi, j'en déduis qu'elle attend une étreinte de ma part.
Je ne la fais pas patienter et me penche dans sa direction pour lui accorder un baiser.

— Me permets-tu de t'embrasser Ange ? Je lui demande avec cette même insolence dont j'ai fait preuve la première fois.

C'est devenu notre rituel..

— Tais-toi et embrasse-moi, elle m'ordonne en saisissant mon menton entre ses doigts.
Voir qu'elle ne perd pas sa fougue et ce tempérament arrogant au vue de la situation me rassure. Je ne pourrai pas l'imaginer sans ce caractère qui lui est si fidèle.

Sans qu'elle soit une vraie emmerdeuse.

Mes mains se munissent des poignées et une fois la sécurité désactivée je pousse son fauteuil à travers les couloirs sombres de l'étage.