CHAPITRE 8 | Ange

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TW: mention de deuil, de décès, de violences.






"Rien ne ressemble plus à un mensonge que la vérité."
HARRY BERNARD











ANGE:



          Face à la mine décomposée de mon professeur, mes doigts recouvrent la peau dénudée de mon cou dans un réflexe. Mais en vain, il est déjà trop tard.

— Montgomery ? M'appelle Parker d'une voix qui se veut plus rassurante. L'une de ses mains est tendue dans ma direction comme pour m'empêcher de m'éloigner.

L'angoisse s'immisce en moi tel un raz de marée. Elle devient incontrôlable, brutale, agonisante et chaque seconde qui s'écoule dans un silence des plus bruyants ne fait qu'accentuer cette sensation d'étouffement qui m'envahit.
Ma gorge se serre au souvenir de ce qui a provoqué sa tuméfaction.

À nouveau, les souvenirs se jouent dans ma tête.

Les sons résonnent dans mon esprit, telle une dissonance brûlant mes tympans.

Des flashbacks obscurcissent ma vue qui se brouille de larmes indésirables.

La terreur me pousse à reculer, m'éloignant de cet homme qui a su déjouer mes mensonges en quelques jours tandis que je m'efforce de les consolider depuis des années.
La profondeur de son regard lui permet de sonder l'intégralité de mon âme, balayant cette image que je me suis construite pour tromper mon entourage.

— Montgomery je ne vais pas vous faire de mal, dites moi simplement ce qui vous est arrivé.
Mon professeur avance pas à pas dans ma direction, réduisant l'écart qui nous sépare, tandis que sa voix s'apaise, laissant place à un doux réconfort.

Cependant, je refuse de lui ouvrir mon cœur sur les méthodes d'éducation de ma famille, qui porteraient immédiatement à confusion.

Je ne suis pas une enfant battue.

Même si certaines actions que commettent mes parents pourraient y être assimilés, selon ce que dit le Net, je n'accepterai pas de décrédibiliser les réelles victimes de ces maux. Papa et maman m'aiment. Et malgré les épreuves que nous vivons, jamais ils ne m'ont blâmé pour cette erreur. Jamais ils ne m'ont abandonnés face à l'ampleur des contraintes que je leur pose. Jamais ils ne m'ont blessé sans réel intérêt. Sans que je l'ai mérité.

Parce que toute erreur mérite sanction.
On ne peut laisser un crime impuni.

— Montgomery c'est peut être grave, laissez-moi au moins vérifier que vous n'avez pas besoin de soin, insiste Parker, l'impatience se dégageant de lui.

Mon angoisse se mue en une terreur qui me pousse à franchir le seuil de la porte. Cependant, les doigts de mon professeur s'enroulent autour de mon poignet et la force avec laquelle il me retient me fait atterrir contre sa poitrine. Notre différence de taille, davantage marquée par notre proximité m'oblige à relever le menton afin de plonger mes prunelles au fond des siennes.

— Je vais bien. Relâchez-moi, je lui ordonne en défaisant sa poigne, fermement attachée à mon bras. D'un geste brusque, je repousse sa poitrine et m'éloigne suffisamment de cet homme dont l'attention qu'il me prodigue ne cesse de brouiller mes objectifs.

UNDERCOVEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant