CHAPITRE 9 | Ange

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TW: souffrance psychologique, idées suicidaires
Ne vous infligez pas une lecture qui peut vous blesser, préservez-vous mes anges 🤍🪽









« C'est de la confiance que naît la trahison »
PROVERBE ARABE











ANGE:








Ma respiration est erratique lorsque je franchis le portail du lycée, une main sur ma poitrine afin de réguler les battements frénétiques de mon cœur. Une légère brûlure s'y diffuse alors que chacune de mes inspirations brûle mon corps dans un lent supplice. Autour de mes lèvres, devenues rapidement bleues suite à un brutal changement de température, se forme un si petit nuage de buée que sa vue provoque un léger rire nerveux de ma part.

Cependant, le moment d'égarement n'est que de courte durée. L'entièreté de mes sens est en alerte, à l'affût de celui qui empiète sur mon intimité en toute impunité. Un frisson recouvre mes membres lorsque mes yeux se posent sur cette chair de poule qui s'étend sur la surface de mes doigts.

La peur immisce mon cœur petit à petit, me rendant vulnérable à chaque bruit environnant.
Seuls ceux provoqués par la puissance de mes pas sur l'asphalte bleutée sonne différemment du danger qui m'entoure. Encore guidée par l'adrénaline profilant dans mes veines à une vitesse folle, mon esprit tangue si près de la falaise qu'un seul faux pas suffit à me faire sombrer.

C'est d'ailleurs cet état d'égarement qui m'empêche de visualiser la voiture se dirigeant à toute vitesse dans ma direction. Les quelques mètres nous séparant défilent à toute vitesse tandis que je me retrouve comme paralysée. Les pieds profondément ancrés dans le sol, mes membres me lâchent, incapables de s'échapper face à l'obstacle qui manque de me percuter.

Alors c'est ainsi que tout va se terminer ?

Mes paupières se closent délicatement, un dernier au revoir sur le bout de ma langue tandis que j'attends patiemment le choc mortel qui m'apportera une éternelle rédemption.
Les secondes s'écoulent, rythmées par le crissement des pneus, probablement obligés de réduire leur vitesse. Cependant, aucune douleur ne se diffuse dans mon corps. Aucun hurlement ne foule la barrière de mes lèvres, témoignant de toute la brutalité apportée par l'accident.

Parce que je ne suis pas percutée.

Je suis parfaitement en vie lorsque les cris du conducteur résonnent dans mes oreilles.

— TU TE FOUS DE MA GUEULE MONTGOMERY ? hurle Joshua Bowman en se rapprochant dangereusement de moi.

Dans un blouson en cuir, ses larges bras sont moulés par le tissu qui épouse chacune de ses courbes. Le martèlement de ses bottes s'accorde au tranchant de sa voix des plus agressives, cette facette à laquelle j'assiste pour la première fois.
— Tu veux crever ou quoi ? Il me crache ses doigts attrapant les pans de ma veste dans un geste brusque.

Sur son visage se dépeint une colère sourde qui me replonge dans des souvenirs, torturant pour une énième fois mon esprit. La mâchoire crispée, chacun de ses traits semble étiré par l'incompréhension causée par mon comportement.
La respiration de mon camarade est bruyante, saccadée quand il prononce ces quelques mots.

— Je te donne trente putains de secondes pour m'expliquer ce que tu viens d'essayer de faire. C'est quoi ton putain de problème ?
La voix toujours aussi grave, je ressens une certaine inquiétude camouflée au sein de toute la fureur qui l'envahit.

— Je... je..., je bafouille, des larmes obstruant mes paupières dans un froid sillon. Mes mots sont comme bloqués, incapable d'être prononcés.
Mais en réalité, je suis incapable de lui expliquer les raisons qui m'ont poussées à agir ainsi. Parce que j'en suis moi même ignorante...

UNDERCOVEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant