CHAPITRE 15 | Ange

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TW: mention de harcèlement, de violences ❤️‍🩹








« Il y a un charme dans l'interdit qui le rend indiciblement désirable »
MARK TWAIN












ANGE:







Le lendemain,

         Prise de nausées, j'accoure dans la salle de bain à une vitesse folle, avant de régurgiter sur le sol, le peu de nourriture contenue dans mon estomac.Inconsciemment, je me remet à pleurer, confrontée à l'une de mes plus grandes peurs qui est vomir. Ou plutôt l'idée de ressentir cette sensation si désagréable de haut-le-cœur, et cela même une fois mon estomac vidé. Sentir ma poitrine se tordre dans tous les sens afin d'évacuer ce mal qui ne semble plus me quitter.

Mes doigts tressautent lorsque je les enroule autour de mon ventre douloureux, mon visage gisant mollement sur la céramique froide de l'évier. De violentes crampes m'ont empêché de fermer l'œil de la nuit, si on omet cette date fatidique qui est arrivée bien trop vite. Ce jour que je redoute davantage que ma propre mort.

Mais nous y voilà.

Aujourd'hui, nous aurions fêté sa majorité.
C'est son anniversaire.

Cette simple idée ranime mon malaise et à nouveau, je me retrouve penchée sur la cuvette des toilettes. Je parviens cette fois-ci à vomir ce qui doit être la moitié de ma bouteille d'eau à la fraise avant qu'une note d'aigreur envahisse ma gorge irritée.

Mes larmes ne se tarissent pas et comme si mon état n'était pas suffisamment lamentable, mon intimité m'est arrachée lorsque Marissa pénètre la pièce. Une main sur sa bouche, afin de ravaler son cri de stupeur, ma gouvernante est sur le point de lâcher le plateau qu'elle tient entre ses mains.

L'état dans lequel je me trouve l'alarme suffisamment pour la pousser à se précipiter à mes côtés, abandonnant son plateau en cours de route. Ses doigts gelés palpent la peau de mon dos qui se trouve recouverte de sueur malgré la fine épaisseur de mon pyjama en coton.
Marissa se dirige alors en direction de l'évier et en revient quelques instants plus tard un gant de toilette dans la main. Lorsque la fraîcheur du tissu entre en contact avec le brasier qu'est devenu ma peau, je lâche un hoquet de satisfaction.

L'effet est immédiat, apaisant mon angoisse dans un premier temps, puis la chaleur de mon corps dans un second. Cependant, il me faut quelques instants supplémentaires ainsi que nombre d'encouragements pour me relever sans risquer de vider mon estomac à nouveau. Ma gouvernante, une main sous mon épaule, me soutient afin que je puisse me redresser, non sans quelques déséquilibres.

Nous restons ainsi, elle supportant le poids de mon existence, et moi la laissant faire dans le plus grand des silences durant peu de temps.
— Ou sont mes parents ? Je l'interroge ce qui a pour effet de rompre la bulle créée par sa bienveillance habituelle.

Ma voix est pourtant dénuée de toute méchanceté, ce qui provoque d'ailleurs mon incompréhension, lorsque je suis témoin du passage d'un éclat de colère sur le visage de Marissa.
— Ils sont partis tôt ce matin en déplacement, elle m'explique d'une voix laconique en replaçant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille.

Malgré la douceur dont elle fait preuve, l'horreur de ses mots me percute tel un train à grande vitesse. Je dois retenir le cri de douleur qui est logé au fond de ma gorge, ainsi que le sanglot qui l'entrave.
— Je ne te quitterai pas Motek, tu peux compter sur moi aujourd'hui.

UNDERCOVEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant