UNDERCOVER

CHAPITRE 17 | Ange

ANGE:

Voilà deux semaines que je n'ai pas vu Jaxon. Deux semaines que je vis avec ce sentiment de manque qui me compresse la poitrine. Si j'ai réussi à faire mon deuil de son absence après Noël, cette fois-ci ça m'est impossible. J'ai l'impression que son départ a emporté une partie de mon cœur, que je ne vis plus correctement quand il est loin de moi.
Mais je ne peux m'en prendre qu'à moi-même, je suis la seule responsable de notre... séparation.

Ce mot, je le déteste. Devoir avouer qu'il n'y a plus de nous m'écorche la langue.

Parce que je l'aime.

Je l'aime tellement que j'en suis malade.

Et je me déteste de ne pas lui avoir dit quand il en était encore temps...
Mes sentiments ont été tellement contradictoires ces derniers mois que j'ai eu du mal à placer des mots dessus. Mais s'il y a bien quelque chose dont je suis sûre c'est de ce que je ressens pour lui. Je l'avais déjà avoué à Ivy et nous en avons beaucoup parlé, mais je n'arrive toujours pas à avancer.

J'ai encore songé à fréquenter quelqu'un d'autre, ne serait-ce que pour me changer les idées mais mon cercle social n'est pas très étendu. C'est peut être un signe, je dois laisser tomber cette idée ridicule. Et quand j'ai demandé son aide à Josh, il a catégoriquement refusé. D'après lui, Jaxon et moi allons nous retrouver.

Je l'espère tellement au fond de moi...

Je me demande comment il va. Ce qu'il fait. Avec qui il est. S'il a déjà recommencé sa vie loin de moi. Après tout il en est légitime, mais ça me briserai tout de même le cœur, même si c'est égoïste de le dire.

Quand il a quitté la maison, j'ai eu envie de m'endormir. M'endormir pendant un long moment et quitter ma réalité pour rejoindre un monde où je n'ai pas à affronter autant d'épreuves. Dans lequel les larmes ne font pas parties de mon quotidien.

Parce qu'au fond, je dois aimer souffrir. La douleur et la peine sont tellement ancrées en moi, j'ai grandi avec elles, que j'y ai probablement trouvé une forme de réconfort, d'apaisement. Sinon, pourquoi n'aurais-je jamais ouvert les yeux sur le comportement de mon père, sur tous les supplices que j'ai endurés ?

Je ne vois que ça.

À de nombreuses reprises, je me suis munie de mon téléphone pour le contacter. Je ressentais le besoin ne serait-ce que d'entendre le son de sa voix mais je m'y suis résolue. Je ne pouvais pas m'y réhabituer, pas si ce n'était pas définitif.
Parce que j'en suis convaincue.

Il n'y aura plus jamais de nous.

Ma seule condition est irréalisable. On ne peut pas ramener un mort à la vie, c'est littéralement un oxymore. Harper est partie la première, puis c'est au tour de papa, maman aussi, même si je n'ai aucune nouvelles d'elle et enfin Jaxon. Tous leurs départs m'ont brisés, si bien que je me demande encore comment je suis en vie.

Tout est de ma faute, ça l'a toujours été..

Perkins m'a renvoyé pour quelques jours. Selon lui, mon comportement était inacceptable même s'il comprend que je puisse être « perturbée ».

La réalité c'est que je suis vide.
Vide d'émotions, de vie.

Je suis interrompue dans mes lamentations par l'arrivée de Jer' dans ma chambre. Son petit corps se glisse à travers la porte puis il se précipite dans mon lit. Moi-même allongée dessus, je ferme les yeux pour prétendre dormir mais c'est sans compter sur sa bonne humeur matinale.