UNDERCOVER

CHAPITRE 30 | Ange

ANGE:

Mes oreilles bourdonnent sous la pression de l'atterrissage. Appuyée contre l'épaule de Jaxon, je somnole, désireuse de finir ma nuit interrompue bien trop tôt. Bercée par sa respiration, c'est ainsi que j'ai pu fermer les yeux. Dans ce cocon de sécurité, auprès de celui que j'aime. Malheureusement, ma nuit a été ponctuée d'un violent cauchemar. Et si j'ai l'habitude d'être protégée par l'étreinte de ses bras, cette fois-ci, même lui s'est retrouvé impuissant. D'infâmes démons sont venus hanter mes rêves, assombrissant ces instants de clarté supposés m'apporter du repos.

Une fois éveillée, j'ai réalisé avoir quitté mon siège. Dans les bras de Jax, nous nous trouvions dans un couloir réservé au personnel. Une hôtesse de l'air, penchée au dessus de moi, arborait un sourire bienveillant, une serviette chaude dans la main. Selon leurs dires, je paraissait inconsolable et afin de me rassurer, ils m'auraient traînés jusqu'ici.
« Mon petit ange, tout ira mieux je te le promets » m'a rassuré Jaxon en déposant un baiser sur ma tempe.

Encore secouée par mes émotions, quelques larmes perlaient au bout de mes cils. Mais bien trop épuisée par ces derniers mois, j'ai pris la décision de ne plus pleurer. Je dois apprendre à contrôler mes émotions, à travailler sur mes sentiments afin de ne plus les laisser m'envahir.

J'ai ma petite idée quant à la raison de leur retour. Voilà de nombreuses semaines que je n' avait plus fait de cauchemars. En revanche, c'est me souvenir de l'arrestation de mes parents qui les a fait réapparaître. L'angoisse de rencontrer ceux de Jax. Et s'ils ne me trouvaient pas à la hauteur ? Et si Maddy trouvait elle aussi que j'étais un problème ? Et si...

« Mesdames et Messieurs, veuillez attacher vos ceintures de sécurité » nous explique l'hôtesse de l'air, munie de son micro à la main. Sa voix raisonne dans l'habitacle de l'avion, provoquant la réveil de nombre de voyageurs, coupant par la même occasion cet afflux ingérable de mes pensées. Tous s'étirent, épuisés par les dix heures de vol, que nous avons vécus non sans quelques turbulences.
Suite à ses ordres, un brouhaha s'installe dans la cabine, chaque passager est excité à l'idée d'atteindre notre destination. Les enfants poussent des petits cris sous les remontrances de leurs parents et lâchent leurs écrans pour contempler les paysages à travers les hublots. Le jour se lève, laissant apparaître une multitude de tons orangés dans le ciel.

Lorsqu'une petite fille traverse l'allée se situant derrière nos siège, pour rejoindre son père, qui lui l'accueille à bras ouverts, ma poitrine se serre. Je ne devrais pas ressentir une quelconque peine pour sa situation, j'ai mis un terme à notre relation en toute conscience. En revanche, ce qui me consume c'est l'absence de mes parents. De cette figure paternelle, vous félicitant pour chacune de vos réussites. Énumérant auprès de ses amis toutes les raisons pour lesquelles ils sont fiers de vous.

J'ai besoin d'avoir des parents. Mais je veux de vrais parents cette fois-ci.

J'ai besoin qu'on me dise qu'on aime.

Tout le monde a le droit d'être aimé. Je t'attends Jaxon, parce qu'au fond de moi, tu es le seul de qui je veux entendre ces mots.

Je n'ai jamais connu la fierté de mes géniteurs, seulement une poignée d'encouragement noyés dans un océan de reproches. Et si je suis parvenue à conserver la tête hors de l'eau pendant toutes ces années, c'est dans l'espoir de leur montrer que j'y arriverai.

On m'appellera Dr Montgomery... ou seulement docteur. Mais ce jour arrivera, et dans cette blouse blanche, je remercierai toutes les personnes qui m'ont ouvert les yeux, parfois de force. Mais toutes ces personnes grâce à qui je suis toujours en vie, forte et indépendante.