UNDERCOVER

CHAPITRE 11 | Ange

« La route du déni mène au précipice de la destruction »
JOHN BUNYAN

ANGE:

Quelques heures plus tôt:

          — Désolé Ivy, je m'excuse en fixant le parquet.
Je suis assise en tailleur dans ce petit fauteuil bleu canard. Les mains sur les genoux, je tente par tous les moyens de camoufler mon stress, et surtout le besoin de tordre mes doigts dans tous les sens pour penser à autre chose. Si au premier abord, je parais extrêmement sûre de moi, c'est en réalité une façon de cacher mon manque de confiance.

Je pense d'ailleurs, où plutôt j'en ai déduis de mes séances avec Ivy, que cela provient de mes parents. J'ai développé une peur de l'échec mais surtout de décevoir mes proches.
— Ange tu ne peux pas partir comme ça ! J'aurai trouvé une solution pour que tu puisse profiter de quelques jours à l'extérieur de la ville mais il nous fallait une autorisation. Imagine ce qui serait arrivé si tu avais eu un accident sous ma responsabilité. J'étais morte d'inquiétude quand je ne t'ai pas trouvé dans la maison !

Je dois bien avouer que c'est la première fois que je la vois énervée. Ça fait bizarre...
Mais c'est compréhensible, même si je ne regrette absolument pas ma décision.

— J'avais besoin d'air Ivy. Comprend-moi, s'il te plaît? J'ai toujours été indépendante, et cela depuis petite, puis Jaxon rentre dans ma vie et voilà qu'elle vole en éclats. Je perds tout ce que j'avais, ma famille, ma maison, et toutes les libertés dont je disposais. J'en ai marre de le répéter, mais je n'ai rien demandé de tout ça moi !

— Je sais ma chérie, j'ai juste eu très peur. Tu fais partie de la famille maintenant, je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose. Quand Jer' est venu me dire que tu n'étais plus dans la maison j'ai cru devenir folle.

— J'avais besoin d'air, je répète à voix basse. Je ne voulais pas t'inquiéter, mais il le fallait.

— Bon, maintenant que je t'ai engueulé comme devait le faire ta responsable légale, raconte à ta psy à quel point tu as kiffé ces quelques jours de vacances ! Je suis sûre que tu as des tonnes de choses à me raconter !

Mes sourcils se froncent face au paradoxe que j'ai en face de moi. Je pensais sincèrement que nous étions en train de nous disputer, mais j'avais oublié à quel point Ivy est douée pour changer de casquette.

— Allez, ne fais pas ta timide, je sais très bien que tu ne l'es pas! Je veux savoir tout ce qui s'est passé entre Josh et toi ?

Attendez, je ne viens pas d'halluciner. Elle n'est pas sincèrement en train de me demander si.... Josh et moi... BEURK ! Jamais de la vie. Ça n'arrivera JAMAIS.

— Ce n'est absolument pas ce que tu crois, Ivy, je tente de la convaincre, dégoûtée qu'elle puisse penser une chose comme ça.
Pour être honnête, Josh n'est pas moche, au contraire, il est même très mignon, mais non. Il ne s'est rien passé et ne se passera jamais rien. Nous sommes simplement amis et nous avions déjà abordé le sujet lors du bal. Il n'y a aucune attirance entre nous.

— Ah oui ? Tu vas me dire que deux jeunes de ton âge qui partent quelques jours loin de chez eux, passent leurs journées à tricoter des pulls ? elle me demande, sûre de sa nouvelle théorie.

— On a passé deux jours dans sa maison de vacances sur la côte. Nos journées se sont résumées à marcher sur les plages, se balader, aller au restaurant et c'est tout. Finalement avec la durée du trajet, nous avons passé autant de temps sur place que sur les routes ! Nous n'avons ni partagé de lit ni autre chose... Il n'y a absolument rien entre Joshua et moi. Je l'ai simplement appelé parce que j'avais besoin de décompresser et il était la seule personne disponible à cet instant. En plus je ne suis pas encore prête, j'avoue cette dernière phrase à voix basse.