CHAPITRE 13 | Ange

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« La douleur de l'âme pèse plus que la souffrance du corps »
PUBLIUS SYRUS





ANGE:

        








          — Non...non non tout mais pas ça, je panique en m'apercevant que la Range Rover de mes parents ne se trouve plus sur le parking désert. L'écran de mon téléphone affiche une heure tardive correspondant totalement à l'absence de vie se dégageant juste sous mes yeux. Le silence règne en maître, seulement brisé par le bruit des voitures dérapant sur l'asphalte mouillée.

Les lampadaires urbains n'éclairent que faiblement les rues sombres aux allures angoissantes. La pluie qui accompagne cette froide nuit d'automne semble geler le peu de chaleur contenue dans mon corps. Ce dernier se couvre petit à petit de frissons, abaissant l'épaisseur de mon manteau à une simple couche de tissu inutile.

Mes dents, elles aussi sensibles à ce changement de température, se mettent à claquer sous l'inquiétude que je ressens, davantage désastreuse que le froid.
— Papa ? J'appelle inutilement.

Seul le silence me répond, et accentue la sensation de malaise que je ressens au plus profond de moi.
J'entends mon cœur, bien trop rapide, battre dans mes oreilles, suivi de sourds acouphènes qui me poussent à serrer ma tête entre mes mains.

La pression exercée sur mon crâne ne semble pas apaiser le chaos omniprésent de mon esprit.
Ne t'approche pas des routes dans un moment de faiblesse, je me rappelle, le souvenir de cet autre jour s'immisçant dans ma mémoire fragile.

Les cris de Joshua à mon encontre, reprennent vie alors que je longe les allées d'un pas hésitant. Mes bottes résonnent sur le goudron sombre lorsque je parcours en vain, chaque recoin caché du parking. Voiture après voiture, mes espoirs s'amoindrissent face au constat déchirant de leur absence.

Et c'est seulement, une fois trempée par l'eau accumulée sur le tissu de ma veste en daim, que je me résous quant à mon unique présence.

Je suis seule.

Quelques instants s'écoulent pendant lesquels je reste immobile. La bruine chatouille mon visage couvert de chair de poule tandis que je me mets à la recherche d'une solution. Le peu de contacts dont je dispose défilent sur l'écran de mon téléphone et l'un d'entre eux me donne presque la nausée.

Maman Harper fait toujours partie de mes contacts à prévenir en cas d'urgence.
Cette femme qui au même titre que Marissa, me chérissait d'un amour si fort qu'on aurait pu croire à un lien biologique nous reliant.

Une boule obstrue ma gorge mais je m'empêche de déverser une seule larme. Mes ongles quant à eux s'enfoncent dans les paumes de mes mains comme si cette brève brûlure suffisait à tenir mon chagrin à distance. À apaiser mes démons.

Pour ce qu'il en est, ils me permettent au moins de ne pas divaguer au milieu des abysses de mon esprit.

Résolue, j'abandonne finalement mon idée de soutien et me dirige à pied vers notre maison. Celle-ci me paraît presque ridicule au rappel de ceux qui composent désormais mon entourage proche. Et qui peuvent d'ailleurs se compter sur les doigts d'une main.

Je glisse mes écouteurs dans mes oreilles, et les douces mélodies qui s'en dégagent me confèrent un certain réconfort, alors que je suis toujours au bord des larmes. Ces fichus pleurs qui ne me lâchent pas alors que des gouttelettes de sang apparaissent désormais sur ma peau abîmée.

Les émotions que j'ai pu ressentir lors de cette rencontre de l'enfer ne sont plus qu'un mauvais souvenir, infimes face à la souffrance que je ressens actuellement. Il s'agit presque d'un rituel.

UNDERCOVEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant