UNDERCOVER

CHAPITRE 14 | Ange

TW: violence physique et verbale. ❤️‍🩹

Prenez soin de vous et en cas de besoin:
le 119 est le numéro destiné à tout enfant ou adolescent victime de violence...

"Quand il y a le silence des mots, se réveille trop souvent la violence des maux."
JACQUES SALOMÉ

ANGE:

        

L'amertume s'écoule de ma gorge telle une traînée d'acide. Dans ma poitrine, mon cœur s'affole aussi vite que mon esprit, sous l'effet de la trahison que je ressens. Voilà un petit moment que mon professeur a quitté l'allée au volant de son véhicule et je ressens le gouffre de son absence au plus profond de mon être.

Pourtant tu ne devrais pas, j'essaie en vain de me résonner.

Seule, installée dans le plus grand des silences contre le portail de notre maison, je patiente.
Mes pensées s'affolent et finissent par s'accorder sur un même point. À cet instant, c'est à Parker que j'en veux. Pour mon état pitoyable. Pour ce que je m'apprête à vivre. Pour me donner l'illusion quotidienne de ne pas m'utiliser tel un pion sur son échiquier.

Parce que malgré ce moment d'insouciance pendant lequel j'ai pu vivre une autre existence, comme extérieure à moi même, j'en ai oublié tout le reste. Les raisons pour lesquelles il m'a ramassé, presque ivre de peine, chancelante au milieu d'une flaque de boue.

Dans un état psychologique bien plus pitoyable que celui de mon collant déchiré. Au point de songer à nouveau à perdre pied.

J'ai peut être retenu la leçon, celle que m'a dictée Joshua au bord d'une crise de nerf si forte que je l'aurai cru prêt à m'écraser pour de vrai.
Mais au fond de mon cœur, de mon âme souffrante, j'entends toujours cette petite voix. Ce son strident qui me répète en boucle que loin d'elle, ma vie perd tout son sens.

Que je devrai songer à plonger au fond des abysses de mon plein gré.

Le froid ronge encore chacun de mes membres tandis que l'humidité du fer forgé imprègne mon dos courbé. La pluie, elle, n'a cessé de tomber, et de refroidir par la même occasion, mes espoirs de chaleur. De sa chaleur. Parce que malgré l'épaisseur de son vêtement ainsi que le réconfort qui en découle, je ne réussis désormais plus à stopper les tremblements incessants de mon pauvre corps.

Cette fine enveloppe qui au fil du temps s'amincit. Qui finit par se fissurer au même point que mon organe vital, à l'instant même où mon professeur a lancé les hostilités. Énumérant toutes les raisons pour lesquelles mon nom devrait figurer parmi une liste de déceptions.

À nouveau, je suis perdue. Presque un peu trop troublée par sa tendance à inverser les rôles.
À se retirer de celui de professeur afin de se comporter tel un preux chevalier.

Dans l'unique but de me sauver d'un mal à éradiquer.

Un mal qu'il a lui-même plus d'une fois causé...

Mais comment lui expliquer que je ne le souhaite pas ? Que c'est dans la souffrance que j'ai toujours trouvé du réconfort.

Mon poing s'abat avec frénésie sur la porte scellée, en attente d'une réponse. Chaque mouvement qu'opèrent mes doigts ne font que renforcer la vive sensation glaciale qui se diffuse dans mes extrémités. Mes lèvres qui ont bleuies elles aussi, se mettent soudainement à trembler sans que je puisse les contrôler.