CHAPITRE 20 | Ange

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ANGE:

La douleur me perfore la poitrine. Debout aux côtés de mes parents, j'essaye tant bien que mal d'endiguer cette souffrance qui me ronge.
Elle est sous mes yeux pourtant j'ai encore du mal à me dire que tout est terminé.

Harper est morte.
Nous sommes le jour de son enterrement.

Pour épargner la famille, le père de ma défunte meilleure amie a décidé que l'événement se déroulerait à cercueil fermé.
Mes doigts tremblent entre les mains de papa et le contact avec sa peau si chaude ne parvient pas à me calmer. Maman essuie mes larmes à l'aide de ses pouces en me répétant que « ça va aller ».

Cependant, je n'ai pas la force de lui répondre. À vrai dire, je ne parle plus. Je suis devenue silence. Aucun mot n'est sorti de ma bouche depuis que je l'ai vue.
Cette ambulance qui quittait la fête à tout vitesse et qui en réalité ne transportait plus la vie.

C'est à cet endroit où elle est morte.

En compagnie de parfaits inconnus.

Mes sens se brouillent, ma vue est troublée par le torrent de larmes qui se déverse de mes yeux.
Le seul que je conserve est malheureusement l'ouïe. Cette ouïe qui me permet d'entendre les cris désespérés de Billie, la petite sœur d'Harper.
Vêtue d'une robe noire, son petit corps est secoué par les sanglots.

Pauvre enfant...

J'aimerai moi aussi me jeter au sol pour enfin évacuer toute cette détresse qui siège au fond de mon cœur, mais ça m'est impossible.
Peut-être suis-je terrorisée de l'image que cela renverrait de mon père, il me punirait probablement en rentrant. Mais je suppose plutôt de ne pas disposer de la force nécessaire.

Je ne mange plus. Mon estomac se manifeste dans un bruit sourd, probablement dans l'espoir que quelqu'un me nourrisse mais je l'ignore.
La nourriture me donne la nausée. Les boissons à la fraise me rappellent ma meilleure amie et l'alcool, il me rappelle que c'est sa consommation qui a tué Harper.

Et si je n'avais pas bu ce verre, et si je n'étais pas sortie parler à Joshua, et si je n'étais pas en train de vomir quand elle mourrait.
Les souvenirs vont et viennent puis il disparaisse. Cet effet papillon me ronge.. et si elle n'était pas morte ?

Elle aussi a disparu, définitivement de ma vue et temporairement de mon esprit.
Il m'arrive de me souvenir encore de sa voix.
Le son de son rire, de ses larmes, de ses cris.

Mais le jour arrivera où je l'oublierai, et j'en mourrai.



Mes paupières se relèvent précipitamment, horrifiée par cet affreux souvenir.
Je suis incapable de distinguer le vrai du faux.
Dans mon esprit, se mélangent les traces de mon passé et les événements présents.
Est-elle morte ? Ai-je rêvé du retour de ma meilleure amie ? Je ne supporterai pas de la perdre à nouveau, c'est certain.

Et même si sa présence me consume, son absence me détruit.
Comment trouver un juste milieu ?

Dans un réflexe, je tente d'apaiser les battements frénétiques de mon cœur à l'aide de l'une de mes mains mais c'est impossible.
Qu'est-ce qu'il se passe ?
Mes mouvements sont incertains, je m'agite dans tous les sens mais mon corps reste collé au lit.
La panique s'immisce en moi à une vitesse folle et j'imagine le pire.

UNDERCOVEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant