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Irzah

La soirée atteignit son apogée avec une vente aux enchères de charité. Les invités offraient des sommes exorbitantes pour des articles qui tenaient plus du caprice de luxe que de la nécessité. Lorelaï, visiblement prise au dépourvu, scrutait la salle avec une expression indéchiffrable.

— On dirait que tu n'avais pas prévu ça, commentai-je à voix basse.

— Non, c'est au-delà de mes attentes. Tout cela est bien trop... ostentatoire, répondit-elle en observant le défilé d'offres déraisonnables.

La soirée toucha à sa fin, et le soulagement de Lorelaï était palpable. Nous quittâmes la demeure des Whitman, retrouvant enfin le calme de la nuit. Une fois à l'extérieur, elle inspira profondément, comme pour se délester du poids de cette mascarade.

— Merci, Irzah. Tu ne peux pas savoir à quel point ton aide m'a été précieuse ce soir, dit-elle avec sincérité.

— Ouais, rétorquai-je en me détournant, la laissant sur place.

Nous montâmes en voiture et quittâmes l'effervescence de la soirée. Tandis que je conduisais vers chez Luisa, mes pensées vagabondaient. Ce monde de luxe et de faux-semblants ne m'étonnait plus, mais je comprenais mieux pourquoi elle le fuyait. Tant d'efforts déployés pour des futilités.

Lorsque nous arrivâmes, je coupai le moteur et ouvris ma portière, m'apprêtant à sortir. Mais Lorelaï ne bougea pas. J'inspirai profondément, tentant de rester calme.

— Bon, tu te décides à descendre ? lançai-je en me penchant à l'intérieur du véhicule.

Toujours aucune réaction. Je plissai les yeux avant de réaliser qu'elle s'était endormie.

— Bordel, Lorelaï...

Je ferme ma portière bruyamment dans le but que ça la réveille. Elle n'avait quand même pas cru que j'allais la porter, sans déconner. Objectif atteint, Lorelaï était réveillée, elle sort le regard encore endormi et je lui file ses clés.

Je rejoins ma chambre sans me préoccuper de son sort. Elle pouvait bien dormir sur le paillasson, rien à cirer.

...

Comme à mon habitude, je séchais les cours, affalée sur la pelouse de l'université. Lorelaï et moi avions repris notre routine : l'ignorance mutuelle. Chacune menait sa vie de son côté, et ça m'allait parfaitement.

— Je savais bien que je te trouverais ici, lança Cassian en me rejoignant.

— Et il n'est pas venu seul, ajouta Nat en s'installant à son tour.

— Quoi ? Vous séchez les cours aujourd'hui ? Je croyais que c'était une mauvaise chose, ironisai-je en arquant un sourcil.

— Une fois de temps en temps, ça ne fait pas de mal. Mais c'est surtout parce que j'ai la gueule de bois, avoua Cassian en riant.

Nat soupira avant de s'allonger sur l'herbe à côté de moi.

— Et toi, comment ça se passe avec Lorelaï ? demanda Cassian.

Je me contentai de garder le silence, ce qui suffisait comme réponse. La conversation dériva sur d'autres sujets et le temps passa. Lorsque les étudiants commencèrent à sortir en masse des amphithéâtres, signe de la fin des cours, je me redressai et époussetai mes vêtements.

— Bon, je vous laisse. J'ai mieux à faire que d'écouter des conneries que je pourrais apprendre ailleurs.

Ils acquiescèrent et je m'éloignai, mes écouteurs diffusant une musique classique qui étouffait le bruit ambiant. Je sortis mon briquet et allumai une cigarette. Une première bouffée, puis une seconde. L'odeur âcre du tabac flottait autour de moi, se mêlant à l'atmosphère studieuse de l'université.

Hot RoommateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant