Chapitre 1

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Je me réveille difficilement : aujourd'hui c'est dimanche et je dois partir à l'internat dans deux heures. Je n'ai absolument pas envie de retourner au lycée. C'était bien les vacances, les grasses matinées, les journées à rien faire...

     Je me lève de mon lit sous les cris de mon père : pour lui, plus tôt j'aurais quitté cette maison, mieux il se portera. Et c'est ce que je compte faire : quitter sa maison. Je me regarde dans le miroir de ma chambre quelques secondes : je suis un garçon plutôt banal, je mesure environ 1m80, j'ai les yeux marrons et mes cheveux bruns sont en bataille.

     Je m'habille rapidement avec les affaires que j'ai préparé la veille, soit un t-shirt large noir, un pantalon noir avec des trous et un pull tout aussi large et violet. Je mets mon casque autour de mon cou et ferme ma valise. Je prends mon sac de cours et je me dirige vers la cuisine.

Je vois mon père qui s'en va en me voyant arriver. Lui, c'est un homme grand, barbu et qui a des airs d'alcoolique. Quel débile celui-là. Ma mère est en train de cuisiner des gaufres. Mon petit-déjeuner préféré ! J'ai un père con mais la meilleure maman du monde.

Elle est magnifique à mes yeux : elle est plus petite que moi, ses cheveux bruns sont attachés en chignon fait à la va-vite et ses yeux marrons sont protégés par ses lunettes rondes. Elle s'habille toujours avec des vêtements de couleur différentes, mais qui, bizarrement, forment un ensemble magnifique.
— Coucou maman, dis-je de ma voix matinale et endormie. Ça va ?
— Coucou mon chéri. Ça va, ton père ne fait que crier et c'est fatiguant.
— C'est pour moi ce que tu cuisines ? demandai-je en me mettant à table.
— Oui c'est pour toi que je fais ça. Tu m'en laisses cette fois-ci, d'accord ? dit-elle avec un sourire malicieux.

Je rit face à cette remarque : la dernière fois qu'elle a cuisiné des gaufres, j'ai tout mangé en quelques minutes et elle n'a pas pu en prendre une seule. Le petit-déjeuner se fait dans le silence. Mais une question me trotte dans la tête et je lui pose, n'y tenant plus :
— Pourquoi tu restes s'il te fatigue ?
— Tu sais bien que je ne peux pas mon coeur. Je t'en ai déjà parlé, il m'apporte l'argent pour vivre et pour payer ton école. Tout seule, je n'y arriverais pas. Mais quand nous sommes seulement tous les deux il est gentil tu sais ?

Je manque de m'étouffer : mon père, gentil ? Ces deux mots ne vont absolument pas ensemble. Je la regarde donc avec de gros yeux, montrant ma surprise, ce qui la fait sourire.
— Quand tu as passé la journée avec Elise la dernière fois, il m'a emmenée au restaurant et on a beaucoup parlé. C'est comme si j'avais retrouvé l'homme dont je suis tombée amoureuse il y a quelques années, dit-elle en regardant le plafond, se souvenant de cette période.

Je souris en la voyant ainsi. Si mon père est gentil avec elle, alors je n'ai pas de soucis à me faire. C'est moi qu'il déteste, pas elle. Ça me rassure un peu parce que j'avais peur qu'il lui fasse des choses horribles quand je n'étais pas là. Mais tout va bien.

Au moment de partir, elle m'aide à mettre ma valise dans le coffre de la voiture. C'est la plus grosse valise qu'on ait et j'ai mis tous mes vêtements à l'intérieur, donc elle est lourde. Mon père ne vient pas avec nous bien sûr, mais il reste sur le pas de la porte en nous regardant partir.
— Tu ne reviens pas ce week-end ! crie mon père à mon intention.

Je regarde ma mère qui hoche la tête et regarde la voiture. Je comprends qu'elle veut que nous en parlons tous les deux au calme. J'ignore donc mon père et rentre dans la voiture. Mais quand celle-ci démarre, je ne peux m'empêcher de l'entendre dire : "Pourquoi j'ai mis au monde un pédé putain." en rentrant dans la maison. Ma gorge se serre quand la voiture se dirige vers le lycée.

Vous l'avez sûrement compris, mais j'ai fait mon coming-out il y a deux ans, donc pendant ma dernière année de collège, et mon père ne l'a pas du tout bien pris. C'est à cause de cela que je suis en internat depuis mon entrée au lycée, soit l'année dernière, alors que le lycée n'est pas vraiment loin de chez moi. Parce que mon père ne veut plus me voir, je le dégoûte.

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