Quand je rentre dans la chambre, Axel est seul. Je ne lui dis pas grand-chose et me dirige vers mon lit. Je me change rapidement sous son regard, ce qui est perturbant et me pose dans mon lit. Il est 22h28. Je suis resté longtemps avec les jeunes mariés au café.
— Tu as passé une bonne soirée ?
— Oui et toi ? je réponds en me tournant vers lui.
— Ça a été. Ils sont gentils ?
— Qui ? Clément et Mike ?
— Oui, si c'est comme ça qu'ils s'appellent.
— Oui, ce sont des amours ! Et ça fait dix ans qu'ils sont ensemble et ils s'aiment comme au premier jour, c'est incroyable.
— Mais tu ne t'es pas senti de trop ?
— Pourquoi me sentirais-je trop ?Ses yeux me détaillent longuement, piquant ma curiosité.
— Je ne sais pas, tu étais face à un couple, ils ne t'ont pas mis à part ? Tu ne tenais pas la chandelle quoi.
— Ah, non pas du tout. Ils se sont embrassés plusieurs fois mais ça ne m'a pas dérangé au contraire, je les ai trouvé vraiment mignons.
— Mignons ?
— Oui. Pourquoi, ça te dérange ?
— Non, je n'arrive juste pas à comprendre pourquoi tu as passé un si bon moment juste avec un couple.
— J'avais l'impression d'être avec deux membres de ma famille dont j'ai toujours rêvé d'avoir. J'ai passé un bon moment parce qu'ils sont comme moi ! Ils me comprennent mieux que quiconque ! Mais tu ne peux pas comprendre, tu n'es pas gay.C'est sur ces paroles que je me couche en lui tournant le dos, le laissant seul avec lui-même. Je ne sais pas pourquoi il a réagi comme ça mais ça m'a brisé le cœur.
Pourquoi n'a-t-il juste pas compris que j'étais heureux de rencontrer des personnes comme moi ? Je sais que j'ai été un peu violent mais je pense qu'il n'aurait pas compris si je l'avais dit gentiment. Je m'endors, mi-heureux de ma soirée, mi-énervé de cette discussion.
Le lendemain, je me réveille et le lit en face du mien est vide. Il a dû se lever avant moi et partir sans m'attendre. Enfin, c'est certain, je ne sais pas ce qui aurait pû se passer d'autre.
Quand j'arrive dans la salle d'histoire-géo, je m'assois à côté de lui mais il détourne le regard, cherchant à m'éviter. Je souffle discrètement. Nous n'allons jamais avancer tous les deux. Dès qu'il se passe une toute petite chose, on s'éloigne et on doit recommencer à zéro.
Après les deux heures de cours, je monte dans ma chambre, suivi de près d'Axel. Je mets un pied dans la chambre et mon téléphone sonne.
Je décroche en voyant le nom de ma mère sur l'écran et je m'assois sur mon lit, imité par Axel qui me regarde avec curiosité. Il semble avoir oublié qu'il m'en voulait.
— Allô ?
— Coucou maman.
— Coucou mon chéri, comment vas-tu ?
— Je ne répondrai pas à cette question parce que tu connais très bien la réponse.Elle ne répond pas tout de suite, augmentant mon mal de cœur.
— Oh mon chéri, tu sais que ce n'est pas contre toi.
— Oui je sais maman, dis-je d'un ton triste.
— Malheureusement, je t'appelle pour t'annoncer une mauvaise nouvelle.
— Laquelle ?Ma voix est tremblante. Je redoute ce qu'elle va me dire et je me surprend à prier pour que je me trompe.
— Je voulais t'en parler de vive voix et non par messages, dit-elle en ignorant ma question.
— Maman, dis-moi ce qu'il se passe.
— Je n'ai pas quitté ton père, ça prend plus de temps que prévu.
— Comment ça ?
— C'est compliqué, et il ne m'aide pas tellement avec ses déclarations d'amour.Je lève les yeux au ciel en soufflant avant de répondre :
— Tu n'es pas sérieuse ?
— Je suis désolée mais je fais de mon mieux.
— Non maman, tu ne fais pas de ton mieux. Tu te laisses juste influencer par lui.
— Écoute mon chéri, ton père ne veut pas que tu rentres à la maison donc je te propose de passer les vacances chez ta tante en Bretagne.
— QUOI ?
— Calmes-toi mon chéri.Cette fois-ci, je ne me retiens plus et j'explose, libérant la colère qui habite dans mon cœur depuis des semaines.
— Me calmer ? Tu es en train de me dire que je ne pourrais pas rentrer à la maison et passer Noël avec toi pour aller le passer chez cette tante que je déteste ? Et tu le sais en plus.
— C'est ton père qui...
— Papa, papa, papa, toujours lui ! Tu ne peux pas prendre de décision par toi-même un jour ?
— S'il te plaît Ariel, écoute moi...Son ton suppliant me fait de la peine mais ça ne m'atteint plus.
— Non, maman. Non je ne t'écoute plus. Je ne passerais ni les vacances chez toi et encore moins chez cette tante horrible et homophobe.
— Ariel...
— Joyeux Noël.Et je raccroche. Je jette mon téléphone sur le sol et mets ma tête dans mes mains. Les larmes coulent sans que je puisse les arrêter.
— Ariel, tu veux en parler ? me demande Axel en se levant vers moi.Je ne réfléchis pas et me dirige vers lui, d'un pas lentement, sans m'arrêter de pleurer. Il me regarde, s'attendant à ce que je m'arrête en face de lui mais je n'en fais rien et me blottis contre lui.
Cette fois, il ne semble pas surpris et répond à mon étreinte en mettant ses bras derrière mon dos, me faisant frissonner. Il semble le sentir car il me demande si ça va.
— J'ai froid, répondis-je simplement entre deux larmes.Il pose alors sa tête sur la mienne et me caresse le dos avec ses doigts. Je suis tellement bien, je ne veux plus bouger. Mes larmes s'arrêtent d'elles-mêmes. On reste plusieurs minutes dans cette position sans parler et ce moment me fait terriblement du bien.
Quand on se sépare, on ne reste pas loin l'un de l'autre. Je plonge dans son magnifique regard émeraude et mon ventre est heureux de retrouver ces yeux verts. Après plusieurs secondes à se fixer, son regard glisse vers mes lèvres.
Mais après ça, il s'écarte brusquement et s'assoit sur son lit, me laissant seul au centre de la pièce.
— Euh... Il se racle la gorge. Elle t'as dit quoi ta mère ?
— Oh... Je ne passe pas les vacances de Noël chez moi. Enfin, chez elle.
— Pourquoi ?
— Elle n'a pas encore quitté mon père et je crois, enfin j'en suis certain, qu'il la manipule. Tous ses arguments commençaient par "ton père a dit que". Enfin bref. De toute façon je crois que je peux dire adieu à ma famille, j'ajoute en m'asseyant à mon tour sur mon lit, de façon à ce qu'on soit face à face.
— C'est pour cela qu'hier tu étais content d'être avec Clément et euh...
— Mike. Oui, je crois que je cherche le peu d'affection parentale que je peux trouver.
— Je m'excuse pour mon comportement d'hier. Je n'étais pas très bien, je me suis un peu disputé avec Emma donc je crois que j'ai fait passer ma colère sur toi alors que tu ne la méritais pas. Je suis désolé.
— Excuses acceptées, dis-je avec un léger sourire.Il me sourit aussi et mon coeur se gonfle. J'ai l'impression de retrouver le Axel que je connaissais avant. Et ça me fait beaucoup plaisir.
— Je peux te poser une question indiscrète ? je demande, le visage sérieux.
— Euh... oui.
— Elle ressemble à quoi ta famille ? Parce que je parle sans cesse de la mienne qui se brise petit à petit mais tu ne nous a jamais parlé de la tienne. Sauf à mon anniversaire, mais tu n'en a pas dit beaucoup, ce que je peux comprendre. Si tu ne veux pas m'en parler, je comprendrais ne t'en fais pas...
— Non, c'est bon. Je vais te le dire, tu as le droit de savoir.
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Boys With an A
RomanceAriel est en internat depuis son année de seconde. Cette année est donc la deuxième. Mais cette fois, il va devoir partager sa chambre avec un nouvel élève. Aimant être seul dans sa bulle, va-t-il réussir à se rapprocher de son nouveau colocataire ?