Chapitre 14

3.1K 200 52
                                        

    Je sursaute en sentant des mains me secouer gentiment.
— Ariel, réveille toi, dit une voix douce.

    J'ouvre les yeux et vois sa tête magnifique avec ses yeux verts qui me regardent avec douceur. J'ai l'impression d'être dans un rêve.
— Ariel ? On va être en retard.

    Je le lève lentement, toujours à moitié endormi.
— Il est quelle heure ? demandai-je d'une voix rauque.
— Bientôt 8h, me répond Axel en fermant son sac.
— Quoi ? Il est aussi tard ! Mais pourquoi tu ne m'as pas réveillé avant ? Putain, c'est la merde !

    Je commence à courir partout, m'habillant en vitesse et mettant mes cahiers n'importe comment dans mon sac. Axel rit devant ma réaction.
— Ce n'est pas drôle, tu aurais pu me réveiller avant ! dis-je un peu énervé.
— Ça va, ça va, les cours ne commencent que dans une demi-heure, on a le temps. Et puis tu dormais à poings fermés quand le réveil a sonné, donc je me suis dis que tu avais besoin de sommeil. C'est vrai que tu ne dors pas beaucoup ces derniers temps. Enfin, je crois que tu ne dors pas beaucoup depuis la rentrée de septembre, à vrai dire.

    Je m'arrête et le regarde. Nos yeux se croisent et je me perds encore une fois dans son beau regard émeraude. C'est gentil de sa part d'avoir pensé à mon sommeil. C'est vrai qu'avec tout ce qui me passe par la tête depuis ce début d'année, j'ai des nuits plutôt agitées.

     Et ce week-end avec Élise n'a pas été de tout repos. Je m'en veux de m'être énervé contre lui.
— Je suis désolé... dis-je en baissant la tête.
— Pourquoi ?
— Bah, je me suis énervé contre toi alors que tu voulais juste mon bien.
— T'inquiètes, j'aurais réagi pareil je pense, dit-il en riant.

    Je l'imite timidement puis fini de me préparer. Je repense à ce week-end en me dirigeant vers notre salle de cours. Je l'ai passé avec Élise puisque Axel est rentré chez lui.

     Elle est venue dormir en cachette avec moi, enfin dans le lit d'Axel. C'était marrant, on a beaucoup parlé, elle de son nouveau crush, plus si nouveau que ça au final, qui s'appelle Damien et moi d'Axel. Cela faisait longtemps que nous n'avions pas passé autant de temps, juste tous les deux et ça nous a fait du bien.

    Élise nous attend devant notre salle. Elle connaît mon emploi du temps presque mieux que le sien. On se salue puis la sonnerie retentit. C'est parti pour deux heures de maths... Quel ennui.

    Après manger, Axel et moi voyons que nous n'avons pas cours jusqu'à 15h. Nos professeurs d'anglais et de physique-chimie ne sont pas là. On décide donc de se rendre au parc. On discute pendant environ une demi-heure puis Axel me propose de faire du basket. Je râle légèrement puis accepte devant son air de faux triste. On rit puis il se précipite au panier.

     On joue un bon moment jusqu'à ce que je m'arrête, essoufflé.
— Ça va ? me demande-t-il.
— Oui... je n'ai juste... plus de souffle... dis-je en respirant bruyamment.
— Ah... viens, on va s'asseoir là.

    Il me montre une table de pique-nique. On s'assoit côte à côte puis il attend que je reprenne mon souffle. Au bout d'une minute, je respire déjà mieux.
— Merci.
— Bah de rien. En plus c'est moi qui t'ai forcé à jouer donc c'est normal, dit-il en regardant les arbres devant nous.

    Je l'admire. Ses yeux verts qui balayent l'environnement, sa bouche légèrement ouverte laissant apparaître ses dents blanches et lisses, ses cheveux un peu décoiffés après avoir couru. Je le trouve beau.

     Soudain, il doit sentir un regard sur lui parce qu'il se tourne vers moi. Merde, je suis cramé. Je détourne la tête en rougissant, trop tard.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Euh... je... rien.
— Tu es sûr ?

    Je hoche la tête. Il n'insiste pas mais ne se détourne pas pour autant. Au bout de quelques secondes, je me retourne timidement vers lui les joues écarlates. J'admire sa tête face à moi. Son regard qui me fixe intensément est quelque peu déstabilisant. Mes yeux dérivent, sans le vouloir, sur ses lèvres. Ses lèvres que j'ai tant de fois imaginé posées sur les miennes.

    Je me penche vers lui, inconsciemment, presque comme attiré par un aimant. On est tellement proches que je peux sentir son souffle sur mon nez. Il n'a pas quitté mes yeux du regard, comme s'il n'avait pas remarqué notre proximité. Je regarde toujours ses lèvres et me penche une dernière fois pour combler l'espace qui nous sépare.

     Au moment où nos souffles s'emmêlent, j'entends une voix trop familière.
— C'est la petite sirène là-bas ! Eh ! Tu as fait mon devoir de SVT pour demain espèce de truite ? dit-il en riant, imité de ses amis.

    Je me recule brusquement d'Axel, le visage écarlate. Il ne dit rien, mais je le vois lancer un regard noir à Killian et sa bande et ses muscles commencent à se crisper.
— Axel, laisse tomber, dis-je d'une voix que je ne veux pas tremblante.

    Il me répond par un grognement. Killian s'avance, menaçant.
— Alors, on a perdu sa langue ? dit-il en se mettant face à moi.
— Ferme ta gueule Killian.

    Je ne sais pas pourquoi mais je n'arrive jamais à lui dire autre chose que "ta gueule" dans ces moments là.
— Je vais devoir te le dire en quelle langue ? Quand on a un prénom comme le tien, on ferme sa putain de gueule et on fait ce qu'on te dis. C'est pas compliqué bordel ! Donc maintenant, tu me donnes mon devoir !
— Je... Je ne l'ai pas...
— Mais tu ne sers vraiment à rien ! Tu n'es bon qu'à te faire pendre de toute fa...

    Il est interrompu par Axel qui lui met son poing dans la figure. Il tombe par terre et, quelques secondes après, il hurle à ses amis de ne pas rester là sans rien faire. Il tente de se relever mais Axel lui met un deuxième coup dans le nez.

     Les deux amis de Killian sortent de leur torpeur et foncent sur Axel. Il se prend un coup, en donne un en retour mais s'en prend deux nouveaux. Je suis pétrifié.

    Mais quand j'entends son cri de douleur, je suis comme réveillé d'un long sommeil puis fonce sans hésiter sur ses agresseurs. J'utilise mes compétences de boxe pour les mettre à terre.

     Killian se relève difficilement et se met face à moi en me fusillant du regard.
— Tu faisais quoi avant que j'arrive ? En plus d'être une sirène débile, tu es un suceur de bites ?

    Ces paroles me glacent le sang. Je ne réponds pas, choqué.
— C'est bien ce qu'il me semblait. Va crever en enfer espèce de pédale à queue de poisson.

    Il me donne plusieurs coups de poings dans le ventre et je tombe à genoux sous la douleur, incapable de me défendre. Il me crache dessus puis s'en va avec ses deux amis qui le suivent en boitant.

     J'ignore la douleur qui me tord le ventre et me précipite vers Axel qui est couché au sol un peu plus loin.
— Axel ça va ? Tu es blessé ? Putain je suis désolé, tout ça c'est de ma faute...
— Eh, t'inquiètes, rien de tout ça n'est de ta faute. Ça va, je vais juste avoir quelques bleus mais ce n'est rien de grave.

    Il me lance un regard qui se veut rassurant puis se relève en grimaçant.
— Je ne pense pas que ce n'est pas grave. Il faut qu'on aille à l'infirmerie. Tiens, appuie-toi sur moi si tu as besoin.

    Il hoche la tête puis lâche un grognement de douleur en marchant. Il s'appuie violemment contre moi mais je tiens bon. Il est vraiment amoché, et je ne peux m'en vouloir qu'à moi-même. On se dirige clopin-clopant vers le lycée, puis vers l'infirmerie.

    On sèche le dernier cours pour aller se reposer dans la chambre, encore sous le choc des événements. Je ne fais qu'entendre les paroles de Killian en boucles.

"Tu n'es bon qu'à te faire pendre"
"En plus d'être une sirène débile, tu es un suceur de bites ?"
"Va crever en enfer espèce de pédale à queue de poisson"

    Je vérifie qu'Axel est bien endormi puis retiens mes larmes autant que je peux. C'est de ma faute si Axel est dans un sale état. C'est de ma faute s'il va se faire insulter au lycée. Tout est de ma faute.

Boys With an A Où les histoires vivent. Découvrez maintenant