Chapitre 38

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Quand je sors de l'hôpital, ma mère me ramène au lycée après mille et un avertissements et phrases du genre "tu m'as foutue une de ces frayeurs !". Je sais qu'elle a eu très peur pour moi, et c'est pour cette raison précise que je ne veux pas mourir.

     Je ne peux pas la laisser seule. Pas après ce qu'on a vécu. Mais quand mes pas se rapprochent de l'internat, mon cœur se met à battre plus vite. J'ai peur. Peur de croiser Killian. Peur d'affronter Axel. Je n'ai jamais eu aussi peur.

     J'ai déjà eu peur devant des films, des attractions ou de Killian au début de son harcèlement. Mais cette fois, j'ai peur de mourir. Je n'ai pas dormi depuis mon réveil à l'hôpital parce que dès que je ferme les yeux, je revis ce moment.

     Je revois son visage. Heureusement, nous ne sommes que lundi soir. Cela ne fait donc que trois jours que je ne dors plus.

Quand je rentre dans la chambre, je vois Axel allongé sur son lit. Me voyant entrer, il se relève immédiatement et s'approche de moi.
— Ariel, comment vas-tu ? Je suis tellement désolé de ne pas t'avoir rendu visite à l'hôpital, dit-il en mettant ses mains sur mes joues.

Je frissonne et mon cœur s'embrase malgré moi. Je suis censé lui en vouloir. Devant mon air sérieux, son sourire s'efface, comprenant alors que je n'ai pas oublié. Jamais je n'oublierais.
— Je suis désolé Ariel, ce n'est pas ce que je voulais dire vendredi...
— Ah donc tu as changé d'opinion ? je demande, une pointe de colère dans la voix.
— Je ne sais pas, ce que tu fais est une accusation grave, je...
— T'es pas sérieux ? Après tout ce qu'il m'a fait ça t'étonnes qu'il essaie de me tuer ? Tu n'as pas trouvé étrange qu'il me laisse tranquille pendant toute une semaine ? Parce que moi si !

Je le repousse avec colère, les larmes coulant sur mes joues, des larmes de peine, de colère et de frustration de ne pas être compris. De ne pas être compris par celui que j'aime.

     Je me retourne et sort de la pièce, ne pouvant pas rester une seconde de plus avec lui. Je ne pensais pas que me disputer avec lui me ferait si mal. J'ai l'impression de perdre une partie de mon âme en claquant la porte.

     Soudain, j'étouffe et je cours vers l'extérieur avec ce besoin vital de prendre l'air. Arrivé aux buissons derrière l'internat, je respire longuement, n'arrivant pas à reprendre mon souffle.

     J'ai soudain très chaud et je tombe à genoux, n'ayant plus de force dans les jambes.
— Tu es enfin sorti de ce putain d'hôpital, dis une voix derrière moi.

Je me retourne en sursautant, essayant tant bien que mal de calmer mon coeur affolé. Mais rien ne s'arrange en croisant ce regard. Ce regard rempli de rage et de haine. Ce regard que je pensais être la dernière chose que je verrais avant de mourir.
— Killian, dis-je en serrant les dents, me relevant avec difficultés.
— C'est bien moi, dit-il un sourire triomphant sur les lèvres. Tu sais je suis vraiment déçu de ne pas t'avoir tué, j'ai mal calculé mon coup.

Mon cœur loupe un battement à ces aveux. Alors il voulait vraiment me tuer ? Je sens mes mains trembler de peur de ce qu'il pourrait me faire là, maintenant, alors que je suis seul, épuisé et sans défense. Je suis vraiment minable.
— Pourquoi ? j'arrive à articuler.
— Pourquoi ? C'est le moment parfait : tu commences à être heureux avec ce gars là, beurk, répugnant. Parce que je veux te faire souffrir autant que tu m'as fait souffrir.

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas de quoi il parle.
— Je savais que tu ne comprendrais pas. Tu te souviens du collège ? Nous étions dans la même classe en sixième, c'est à cette année que nous nous sommes rencontrés.

Mon cœur se serre face à ce souvenir. Oui, je le connais depuis la sixième. Ça fait un paquet d'années que je supporte ses remarques. Enfin, quoi qu'il n'ait pas commencé dès le début en y repensant...
— Je sais ce que tu penses. Que je suis devenu le "méchant" du jour au lendemain. Mais sache que tout est de ta faute. C'est à cause de ta putain de personne que tu vis ce que tu vis.

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