Chapitre 27

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La maison d'Élise est une maison plutôt basique : quand on rentre, on tombe sur une cuisine ouverte sur le salon, un petit couloir à droite qui mène à la chambre parentale, leur salle de bain et des toilettes puis un escalier pour séparer les deux pièces principales.

     À l'étage, un couloir qui mène sur quatre pièces : deux chambres, celles d'Élise et celle de son frère qui a été transformée en bureau et pièce de bazar, une salle de bain, puis des toilettes.

Quand je passe la porte d'entrée, je suis accueilli par les parents de ma meilleure amie, qui sont comme une deuxième famille pour moi, je les apprécient beaucoup. Mais ils ne sont pas au courant pour mon homosexualité, je ne veux pas les embêter avec ça.

     Je souris et je les salue gentiment. La mère d'Élise, Fanny, est une jolie femme blonde aux yeux bleus et son père, Yann, est un peu plus grand, à peu près ma taille, et qui est tout aussi blond, avec les mêmes yeux bleus. Ils se sont bien trouvés.

     À chaque fois que je les vois, ils se taquinent comme le ferait n'importe quel autre couple sachant qu'ils sont mariés depuis une dizaine d'années, sans compter les années avant le mariage. Enfin, je les respecte beaucoup, car ils gardent une ambiance familiale très détendue et je me sens bien quand je suis avec eux.

     En résumé, je suis plutôt heureux de passer les vacances de Noël chez eux, même si cela veut dire que je ne les passerais pas avec ma propre famille.
— Bonjour Ariel, comment vas-tu mon grand ? me demande Fanny, me sortant de mes pensées.
— Ça va bien et toi ?
— Toujours la routine mais l'ambiance de Noël me détend ! dit-elle en embrassant sa fille.
— Maman ! Je monte avec Ariel, donc ne nous dérangez pas s'il vous plaît, dit-elle avec un regard malicieux vers ses parents.

Ces derniers se regardent en ouvrant grand les yeux puis se retournent vers leur fille avec des têtes innocentes, comme s'ils ne voyaient pas de quoi elle parlait.

     Il y a plusieurs années, ils nous embêtaient souvent, gentiment bien sûr, parce qu'ils pensaient que nous étions en couple donc ils écoutaient aux portes pour avoir les potins.

     Je ris légèrement à ce souvenir puis je suis Élise qui souffle en riant aussi. Une fois dans sa chambre, je pose mon sac sur son siège de bureau, comme à chaque fois, puis on s'assoit en tailleur sur son lit double, face à face et nous parlons.

     De tout, de rien, juste nous parlons. Ce sont les moments comme ça que j'aime avec elle. Juste des moments drôles ou sérieux, on ne sait jamais, sans prise de tête.
— Alors comme ça tu es amoureux d'Axel ? Me demande-t-elle après un long moment de conversation.
— Élise, tu n'es pas obligé d'en reparler...
— Si, je veux en parler. Pourquoi ? Enfin, la réponse me paraît évidente, pardon je me suis mal exprimée. Comment le sais-tu ?
— Je te l'ai déjà raconté et tu m'a traité de gros boulet ! dis-je avec une mine boudeuse.

     Il ne se passe pas une seconde avant qu'elle ne dise :
— Tu sais que c'est bientôt le concert d'Imagine Dragons ?
— Oui, j'ai tellement hâte ! Je n'en reviens toujours pas que vous avez payé ça pour moi., dis-je, content qu'elle change de sujet.
— Oui, donc tu n'as pas oublié qu'Axel vient avec nous ?
— Non pourquoi ?
— Juste comme ça.
— Élise, je sais que tu as une idée derrière la tête et tu sais que je n'aime pas quand tu ne me dis pas tout. Donc dis-moi, où veux-tu en venir ?

     Elle hésite quelques secondes mais ne résiste pas longtemps devant mes yeux doux.
— Nous irons dormir dans un hôtel.
— Pourquoi ? Nous ne pouvons pas juste faire l'aller retour pour la soirée ?
— Non, je veux passer un week-end de rêve avec vous deux et surtout je veux te faire passer un week-end mémorable.
— Et donc ?
— Donc nous devons rester plus longtemps sur Paris, pour profiter à fond !

     J'ouvre de grands yeux, surpris.
— Mais qui va payer tout ça ?
— Mes parents veulent bien et Axel participe un peu.
— Mais vous êtes malades !
— Et encore tu n'as rien vu.
— Élise ! dis-je en réalisant qu'elle n'avait pas du tout changé de sujet.

Elle rit et je sais que je ne tirerais plus rien d'elle, alors je m'allonge sur son lit et regarde son plafond, couvert d'étoiles phosphorescentes qu'elle avait accroché étant petite et qui n'ont pas bougé d'un pouce.

     J'aime cet endroit. Beaucoup de souvenirs sont présents dans cette pièce et à chaque fois que je m'en remémore un, je suis de bonne humeur.
— Tu feras quoi après le lycée ? me demande-t-elle en se mettant à côté de moi.
— Je ne sais toujours pas. Peut-être de la littérature, ou de la philosophie. Et toi ?
— Je ne sais pas non plus, je verrais où la vie me mènera.

     Nous restons dans le silence un instant avant que je n'ajoute :
— Pourquoi cette question ?
— Je ne sais pas, je n'arrive pas à me projeter dans le futur donc je voulais avoir ton point de vue.
— Je suis pareil que toi donc je ne pense pas pouvoir beaucoup t'aider.
— Merci pour votre participation jeune homme, dit-elle avec une fausse voix de journaliste.
— Je sais ! Tu pourrais devenir psychologue ! m'exclamai-je après quelques secondes de silence.
— Tu me vois sérieusement faire ça toute ma vie ?
— Mais carrément ! Tu es quelqu'un de sociable et tu sais toujours trouver les mots pour me réconforter donc je pense que ce métier est fait pour toi !
— Vraiment ? J'y avais déjà pensé mais je ne pensais pas être douée pour ça...
— Bon, après il te faut les études pour comprendre encore plus le fonctionnement du cerveau et du comportement humain mais vraiment je pense que tu peux te donner cet objectif.
— Tiens, prends mon ordinateur sur mon bureau, je vais me renseigner sur les études.

Je fais donc ce qu'elle me demande et nous passons une petite heure à faire des recherches sur le métier de psychologue. Au bout d'un moment, on entend ses parents nous appeler pour manger.

     Élise semble convaincue par le métier, les cinq ans d'études en fac de psychologie après le lycée semblent fortement l'intéresser, et je suis heureux pour elle, elle a enfin trouvé un objectif pour avoir de bonnes notes pour favoriser ses chances d'admissions. C'est donc avec le sourire que nous rejoignons le couple dans la salle à manger, qui est dans la cuisine.
— Qu'avez vous fait pour sourire comme deux idiots comme ça ? demande Yann avec un sourire en coin.
— Non, papa, nous ne nous sommes pas embrassés... dit Élise avec un ton blasé. Mais j'ai une bonne nouvelle !
— Ah laquelle ? demande Fanny.
— Je me lance comme projet de devenir psychologue !
— Mais c'est génial ma puce ! s'exclame Yann en enlaçant sa fille.

      Je souris, attendri par cette scène touchante.
— Comment t'es venue cette idée ?
— C'est Ariel qui m'a proposé, je me suis renseignée et c'est vrai que c'est quelque chose qui m'intéresse.
— Je suis contente pour toi ma chérie, je sais à quel point il est difficile pour toi d'aller en cours sans objectif pour la suite, poursuit Fanny, un grand sourire sur les lèvres.
— Et toi Ariel, tu as des idées ?
— Non, pas vraiment...
— Et bien ce sera votre travail pour les vacances : trouver un objectif pour Ariel ! dit Fanny en sortant un magnifique gratin du four.

Nous sourions tous puis nous nous mettons à table dans cette bonne humeur habituelle. Le repas se passe rapidement puis Élise et moi remontons dans sa chambre.

     On se met en pyjama puis on s'installe sur son lit pour regarder un film sur sa télé. Oui, elle a une télé dans sa chambre, c'est génial.
— On regarde quoi ?
— Le roi lion, lui dis-je avec un sourire.
— C'est vrai que ça fait longtemps. Allons pleurer devant ce film, dit-elle en prenant la télécommande et en lançant le DVD.

Je sais que peu de personnes regardent encore des DVD de nos jours et encore moins des Disney, mais avec Élise c'est une tradition que nous avons depuis que nous sommes petits, et ça nous convient.

Après avoir pleuré un bon coup à la mort de Mufasa, le film se termine doucement et je m'endors rapidement, fatigué de ma semaine.

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