Boys With an A

Chapitre 8

Aujourd'hui je rentre chez moi pour les vacances. Malheureusement, contrairement aux week-ends, mon père sera là. J'appréhende un peu mais bon, je dois faire avec. Cela fait un mois que la rentrée est passée, et avec Axel on s'est un peu rapprochés mais rien d'incroyable. Je peux le considérer comme mon ami. Il fait partie de notre duo avec Élise, maintenant devenu un trio.

D'ailleurs, il se passe quelque chose entre elle et le garçon de sa classe qu'elle trouvait beau, Samuel je crois. Je ne l'ai jamais vu mais d'après ce que me décrit Élise, il est très gentil. Enfin, je n'en doute pas, pour qu'elle l'apprécie c'est qu'il doit être un minimum sympa. Enfin c'est ce que j'espère.

Dans quelques jours c'est Halloween et j'ai décidé de le passer avec Élise, comme tous les ans, mais cette année, Axel et Samuel vont se joindre à nous. La pauvre, elle va être la seule fille.

Ma mère est sur le parking en train de m'attendre. Je mets ma valise dans le coffre et me pose sur le siège passager. Elle me fait un bisou sur la joue et démarre.

Je pense à ce dernier mois : les cours se passent plutôt bien, je me débrouille. Je ne suis pas le meilleur de la classe mais je ne suis pas le plus mauvais en même temps, je suis dans la moyenne et ça me convient parfaitement. Axel est comme moi, mais il est dans des spécialités scientifiques alors que je suis plus dans la littérature.

Je n'arrête pas de penser à lui depuis deux semaines. Il a pris le contrôle de mes pensées. J'ai décidé, il y a plusieurs jours, après de longs moments dans mon lit à me poser la question et avoir demandé conseils à Élise, que je demanderais conseils à ma mère à propos de ces pensées incessantes. Je ne sais pas trop comment elle va réagir.

C'est le lendemain que je me résout enfin à aller voir ma mère dans le salon. Mon père est sorti dans un bar donc je sais que je vais être dans le calme avec elle.
— Coucou maman, dis-je en m'asseyant à côté d'elle sur le canapé.
— Coucou mon chéri. Comment vas-tu ? J'espère que ton père ne t'embête pas trop...
— Non ça va, il me crie dessus comme toujours mais j'ai l'habitude.

Son regard devient doux et rempli de pitié. Je ne veux pas de ça.
— Je voulais te demander quelque chose... Je commence d'une petite voix.
— Oui, que se passe-t-il ?
— Euh... Je prends une grande inspiration. Je partage ma chambre avec un autre garçon et euh... je... Je respire une seconde fois. Je crois que je ne le vois pas seulement comme un ami, tu vois ? dis-je rapidement.
- Oh mon coeur.

Elle me prend dans ses bras. Franchement, même si je ne suis pas très tactile, je suis d'accord pour dire que parfois les gestes parlent plus que les mots eux-mêmes. Je réponds à son étreinte, soulagé.
— Il ne faut pas que tu aies peur de me dire ces choses-là Ariel, dit-elle en se séparant de moi.

Je hoche la tête, ne sachant que dire d'autre.
— Et donc ? Tu voulais juste me dire ça ou il y a autre chose ? me demande-t-elle.
— Euh... en fait euh... j'aimerais lui faire comprendre mes sentiments, tu vois, mais je ne sais pas comment lui dire ou lui montrer... Je baisse la tête.

Je n'ai pas vraiment l'habitude de parler de mes sentiments, donc c'est assez étrange pour moi, mais je sais que je peux me confier sans peur à ma mère.
— Vous êtes amis, c'est déjà un bon début. Je n'ai pas grand chose à te dire, mais ce que je peux te conseiller c'est d'écouter ton cœur et non ta tête.
— Merci maman, mais ça ne m'aide pas vraiment... Ma tête prend beaucoup de place tu sais...
— Je sais, mon chéri. Mais parfois, il faut savoir dire stop à son cerveau. Concentre toi sur tes envies avec lui et ce que tu veux faire. N'écoutes pas ton cerveau qui veut te faire reculer. Ton cœur, lui, en revanche, veut te faire avancer. Tu choisis lequel ?
— Bah mon coeur... Mais je ne sais même pas s'il aime les garçons. Il m'a dit qu'il avait une copine avant d'emménager ici donc j'en conclu qu'il est hétéro et donc que je n'ai aucune chance.
— Stop !

Je sursaute et la regarde avec surprise.
— Tu vois, tu écoutes ta tête. On a dit le coeur ! Il te dit quoi là, maintenant ?
— Euh... De lui faire un câlin. Je rougis légèrement.
— Dans ce cas, la prochaine fois que tu le verras, tu lui feras un câlin. Ton cœur saura quand le bon moment arrivera alors écoute le.
— Mais, et s'il me rejette ? S'il me repousse ? Et si je le dégoûte et qu'il ne veut plus être ami avec moi ? Je fais comment ?
— Stop ! Là, c'est ton cerveau qui parle. Et si, et si, et si. Peut-être qu'il est sur la même longueur d'onde que toi. Mais que tu ne le sais pas. Et tu ne le sauras jamais si tu ne tentes rien. Donc fonce et écoute ton coeur. Je t'aimerais toujours Ariel. Même si tu fais des erreurs. Alors aies confiance en toi. Je crois en toi.

Je sens mes larmes monter. Mais pas parce que je suis triste. Parce que je suis reconnaissant envers ma mère d'être si compréhensive. On se refait un câlin rapide puis je monte dans ma chambre, le cœur léger. Une fois sur mon lit, je décide d'appeler Élise pour tout lui raconter.
— Allô ? Coucou El, ça va ?
— Salut ça va et toi ?
— Ça va. Dis, ça tombe bien que tu m'appelles, il faut que je te dise quelque chose... Samuel veut qu'on sorte ensemble !
— Mais c'est trop cool ! dis-je soulagé, je m'attendais à ce qu'elle me dise quelque chose de grave. Tu lui a répondu quoi ?

Je suis vraiment heureux pour elle, elle le mérite.
— Je lui ai dit que je réfléchissais parce que je voulais ton avis, m'avoue-t-elle.
— Mais fonce ! Je te soutiendrais toujours, quelle que soit la décision que tu prends.
— Oh, El je t'aime, tu le sais ?
— Oui je sais Liz.

Je ris et je l'entends me rejoindre derrière son téléphone.
— Sinon, tu m'as appelée pour quelque chose de spécial ou pas ? Tu as quelque chose à me dire ?
— J'ai eu une discussion avec ma mère.
— Oh, à propos de quoi ? Je l'entends prendre un ton sérieux.
— Non, ce n'est rien de grave. C'est moi qui suis allée la voir. Pour lui parler euh... de Axel.
— Pourquoi ?

Je sais qu'elle m'écoute attentivement et ça me donne le sourire.
— Je voulais des conseils parce que je... je crois que je l'apprécie beaucoup tu vois ? Mais vraiment, enfin je crois... Et c'est horrible de vivre avec ce sentiment et ne même pas savoir si c'est réciproque ou pas, donc voilà.
— Sérieux ? El, tu es vraiment amoureux ? Ouah, je suis trop contente !

Je l'entends sauter de joie dans sa chambre. Je ris légèrement en l'imaginant parfaitement en train de sauter et de crier comme une enfant.
— Et elle a dit quoi ? demande-t-elle après plusieurs minutes d'euphorie.
— Elle m'a dit d'écouter mon coeur. Et elle m'a conseillé de lui faire un câlin quand on se verra la prochaine fois, au bon moment.
— C'est-à-dire, à Halloween ! Je devine son sourire. Écoute Ariel, ta mère a raison, écoute ton cœur et met ton cerveau à la poubelle pendant un moment. Tu te poses trop de questions, je le sais même si tu ne m'en parles pas souvent. Donc fonce ! Tu ne regretteras pas, je te le promet ! Regarde moi, avec Sam j'ai foncé ! Enfin pas vraiment mais je vais le faire ! Je vais écouter mon coeur aussi !
— Il faut que deviennes psychologue Liz, dis-je en riant.
— Oui je sais, c'est dans mes projets ! Elle rit avec moi.

Après cette discussion, on discute de tout et de rien puis on raccroche. J'ai hâte d'être à Halloween. Hâte d'être avec Axel.