Je marche, sans but, dans les alentours du lycée. Je ne veux pas rester avec Axel et son silence colérique. Ca fait deux semaines que nous avons eu la discussion à l'arbre et donc deux semaines qu'Axel ne me parle plus. Je sais qu'il m'en veut de ne pas réagir mais je n'arrive pas à faire autrement que de me laisser faire. C'est la peur je crois.
Le mois de décembre arrive à grands pas. Plus qu'un mois nous sépare des vacances de Noël et je ne sais pas comment ça va se passer avec mes parents. Mais je ne veux pas y penser.
Or, avant décembre, il y a mon anniversaire, le 26 novembre, soit dans une semaine. Et je ne sais pas quoi faire non plus pour ce jour.
Au bout d'une heure à marcher en ruminant, mes pas me dirigent vers ma chambre. En ce dimanche après-midi, nuageux et frais, le lycée est vide. Tout le monde est rentré chez soi et les malheureux qui passent le week-end ici sont restés au chaud dans leurs chambres. Quand j'entre dans ma chambre, elle est aussi vide que l'ensemble du campus.
J'ai l'impression qu'Axel me fuit. Mais est-ce à cause de la discussion de l'arbre ou est-ce pour autre chose ? Mon cœur s'emballe en repensant au moment où j'ai failli l'embrasser. J'étais si proche de lui... Est-ce pour ça qu'il ne me parle plus ?
Je reste sur mon lit pendant une bonne heure, à me poser toutes ces questions sans réponse, en boucle. N'y tenant plus, je décide d'appeler Élise pour avoir son avis.
Contrairement à Axel, elle m'a vite pardonné. Elle a tenu deux jours sans me parler et après elle est revenue vers moi en me disant que je lui manquait trop.
En fait, elle ne m'en voulait pas plus que ça, elle était juste déçue que je lui ai caché la vérité. Elle comprend pourquoi je ne veux pas riposter aux insultes et je lui en suis très reconnaissant. Je sais qu'elle est une source de soutien et j'avais peur de l'avoir perdue.
— Allô ?
— Salut Liz, ça va ?
— Oui et toi ? Pourquoi tu m'appelles ? C'est le soir normalement, non ?
— Euh... ouais, mais en fait j'ai besoin de ton avis sur quelque chose.
— Dis moi.Je lui raconte toutes les questions que je me pose à propos d'Axel et lui fais part de mes doutes. Or, pour cela, je dois lui avouer que j'ai essayé de l'embrasser. Ce qu'elle ne manque pas de me faire remarquer.
— Oh, mon bébé a essayé de franchir le pas ! Je suis si fière de toi tu sais ! s'exclame-t-elle en riant.Je la rejoins, puis une fois calmés, elle ne dit rien, semblant réfléchir à mes questions.
— Non, sérieusement, je t'avoue que je ne sais pas quoi te dire. Axel ne m'adresse plus trop la parole non plus. En fait il venait me parler parce qu'il te suivait mais puisque ce n'est plus le cas... Tu veux que j'aille lui parler ?Je ne réponds pas, pensif.
— Ariel, tu es là ?
— Oui oui, je suis là. Je ne sais pas. Je t'avoue que ça me fait du mal de ne plus lui parler.
— Ok bah, demain je vais le voir.
— Je ne sais pas si c'est une bonne idée.
— Alors si ce n'est pas moi qui vais le voir, c'est toi.
— Moi ? Pourquoi ?
— Tu viens de me dire que tu te sentais mal donc va le voir pour essayer de régler cette histoire ! Ne parle pas forcément du "presque" bisou mais juste, demande lui pourquoi il ne te parle plus. Et puis après tu vois en fonction de sa réponse. Tu me rappelles si tu as des nouvelles ok ?
— Je... je ne sais pas si je vais trouver le courage de lui parler.
— Tu vas y arriver El, crois en toi comme moi je crois en toi. Bon, il faut que je te laisse, ma mère gueule pour que j'aille mettre la table, dit-elle en râlant.
— D'accord, à plus alors, dis-je en souriant.
— Salut ! Bisous mon bébé !Et elle raccroche. Je pose mon téléphone avec davantage de questions. Est-ce que je dois lui parler ? Je suis tellement dans mes pensées que je ne l'entends même pas rentrer.
C'est quand il se pose sur son lit que je relève la tête et croise son beau regard. Il détourne la tête rapidement. Je prends alors une grande inspiration.
— Ça va être comme ça pendant longtemps ? demandai-je en baissant la tête.
— Ça quoi ?
— Bah le fait que tu ne me parles plus et que tu m'évites.
— Je ne t'évite pas.Je ne réponds pas et jette un regard discret dans sa direction. Je remarque qu'il me regarde fixement.
— Donc ? je redemande au bout d'un moment en relevant la tête.Cette fois, c'est lui qui ne répond pas.
— Donc c'est ça. Tu ne vas plus me parler à cause d'une discussion merdique ? Je ne comprends pas ce que je t'ai fait...Ma voix se brise et je prends une grande inspiration pour calmer mes pensées.
— Tu as fait que tu ignores ce bouffon, alors qu'il te menace de mort ! Je crois que tu ne te rends pas compte. Donc puisque tu sembles ne pas avoir besoin de mes conseils, je ne t'aides plus. Je ne sais pas si tu fais exprès de l'ignorer mais moi je ne vais pas faire comme toi. Je ne peux pas oublier tout ce qu'il t'a dit.
— Je... Je souffle un coup. Je ne sais pas si je te l'ai déjà dit mais il a commencé à se moquer de moi depuis le collège. Et je... Je retiens mes larmes. Je supporte ses insultes et ses quelques coups depuis cinq ans maintenant. Alors quand je te dis que j'ai l'habitude, c'est la vérité.
— Mais tu n'as pas à avoir cette habitude ! Ce n'est pas normal.Il me regarde dans les yeux.
— Peut-être mais je l'ai et c'est comme ça. Après, c'est nouveau les menaces de mort. Et je t'avoue que... que...Une larme roule sur ma joue. Je l'essuie d'un revers de la main. Je respire pour arrêter les tremblements de ma voix. Axel me regarde d'un œil encourageant qui m'avait manqué.
— Je t'avoue que c'est la goutte de trop. Quand je dis que j'ai l'habitude, c'est le cas mais ce n'est pas pour autant que ça ne me fait plus rien de l'entendre. Il me frappait rarement avant mais là c'est nouveau. Il a changé depuis que tu es là. Et je ne veux pas qu'il vous fasse du mal à toi ou à Liz, c'est pour ça que je vous ai demandé de laisser tomber. Je...Ma voix se brise. Mes larmes coulent à ne plus s'arrêter. Axel se lève mais, ne sachant que faire, reste au centre de la pièce comme paralysé. Je ne réfléchis pas plus et me jette dans ses bras. Je pose ma tête contre son torse pour cacher mes larmes.
Il est surpris au début, mais finit par mettre ses mains dans mon dos qu'il caresse doucement pour me rassurer. Des millions de frissons me parcourent le corps, mon cœur bat la chamade et mes joues s'empourprent.
Une fois que mes larmes arrêtent de couler, Axel me murmure une phrase qui me réchauffe le coeur :
— Je serais toujours là pour toi d'accord ? Même s'il s'en prend à nous, sache que nous sommes ensemble et soudés, contrairement à lui qui est seul avec ses chiens qui ne font que lui obéir.On reste comme ça quelques minutes. Je suis bien dans ses bras, je ne veux plus bouger. Si je pouvais passer l'éternité ici, je le ferais. Mais, malgré moi, on finit par se séparer. Il tousse pour cacher sa gêne puis se recule d'un pas de moi. Je ne fais pas vraiment attention à sa réaction.
— Pourquoi tu ne te défends pas alors que tu as réussi à mettre deux gars au sol la dernière fois ? me demande-t-il, curieux.Sa question me surprend.
— Je... euh...Je baisse la tête pour regarder le sol.
— Je ne peux pas. La dernière fois, ce n'était pas pareil.
— Pas pareil ?
— Bah... Le truc qui m'a débloqué c'est de voir que tu souffrais. Mais tout seul, je n'aurais jamais le courage de faire quoi que ce soit. Je prends sur moi depuis tellement longtemps que c'est compliqué de riposter. La seule chose que j'arrive à lui dire c'est "ta gueule". C'est nul, je sa...
— Ce n'est pas nul, dit-il en me coupant la parole. Ce n'est pas grave si tu ne dis rien. Je peux dire des choses pour toi. Je peux frapper pour toi.
— Non, pas la violence. Tu vas finir blessé par ma faute...
— D'accord, on va juste le recadrer verbalement.Je rit légèrement puis il me rejoint. L'ambiance se détend d'un coup. J'ai retrouvé Axel, il ne m'éviteras plus. Je suis heureux. Il faut que j'en parle à Élise pour la remercier.
Au moment où nous allons nous coucher, soit deux heures plus tard, j'ai l'esprit paisible. J'ai appelé Élise pour lui résumer la situation pendant qu'il était parti au basket. Elle m'a félicité et était, je cite, "fière de son bébé grand". Elle me fait rire, mais c'est pour ça que je l'aime.
Je m'endors en pensant au câlin avec Axel. Ses bras dans mon dos, ma tête sur son torse, les frissons qui m'ont parcourus. Je souris, je suis bien.
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Boys With an A
RomanceAriel est en internat depuis son année de seconde. Cette année est donc la deuxième. Mais cette fois, il va devoir partager sa chambre avec un nouvel élève. Aimant être seul dans sa bulle, va-t-il réussir à se rapprocher de son nouveau colocataire ?