Chapitre 17

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     Dans deux jours, c'est mon anniversaire. On est vendredi et Élise ne fait que de me demander de venir le fêter chez elle. Parce que, comme vous vous en doutez, ma mère ne m'a pas laissé un message disant que je pouvais rentrer pour ce jour spécial. Non, il faut que je me démerde. Même pour mon anniversaire.

On est dans la cantine et Élise est en train de nous faire part de tous ses plans pour dimanche.
— On fera une grosse fête ! On va inviter tous les élèves de premières, sauf Killian bien sûr, et même d'autres s' ils veulent ! Oh, je sais, on va mettre des affiches dans les couloirs !

Je la regarde de travers, avec un léger sourire.
— Ah mais tu me connais trop bien ! Je rigole, évidemment, dit-elle en se tournant vers Axel qui nous regarde sans comprendre. Moi et Ariel n'aimons pas les endroits bondés de monde ! Elle fait un grand sourire malicieux. Donc, on va faire une fête en petit comité, c'est-à-dire, moi, toi, Axel, Damien...
— Je ne sais pas si c'est une bonne idée, intervient Axel.
— De quoi ? Le petit comité ?
— Non, ça c'est bien. Ce Damien. La dernière fois, ça s'était mal passé avec Samuel et je n'ai pas envie que l'anniversaire d'Ariel se passe mal aussi.

Mon cœur se réchauffe à l'entente de ses paroles. Axel s'inquiète pour moi et ça me fait extrêmement plaisir.
— Mais, je lui ai parlé d'Ariel et il m'a dit qu'il s'en foutait de son prénom.

Axel lui lance un regard lourd de sens et elle capitule à contre-cœur.
— Bon ok, donc vous deux, moi, mes parents...
— Il va y avoir tes parents ? s'étrangle Axel.

Je ris. Cette discussion ne connaîtra jamais de fin et je trouve cela très amusant.
— Bah oui, je n'ai que 16 ans hein ! Je ne vis pas encore seule.
— Tu en penses quoi Ariel ? me demande Axel en soufflant, amusé par la réaction d'Élise.
— Je ne sais pas. Juste un bon anniversaire dans la journée et ça me suffit, je réponds dans un souffle.
— Ariel, tu abuses quand même ! On va au moins passer un moment ensemble pour l'occasion ? L'année dernière tu étais venu chez moi, l'année d'avant c'était chez toi, et c'était chouette ! Pourquoi ça changerait ?
— Parce que ma mère ne m'a envoyé aucun message ! dis-je en m'énervant.

Je me lève brusquement et quitte le réfectoire sous une tonne de regards curieux. Je m'énerve très rarement en public et encore moins contre ma meilleure amie. Mais là, je suis complètement dépassé par la situation.

     Je me dirige à pas rapides vers ma chambre et m'allonge sur mon lit en mettant mon casque. Si je ne fais pas de boxe, la musique est mon seul moyen de me calmer.

Une fois plus serein, je me rassois et je me dis que je devrais aller m'excuser. Élise n'a rien demandé et je m'énerve contre elle à cause de mes parents. Mais quand je regarde l'heure, je vois qu'il ne me reste plus que dix minutes pour aller au gymnase. Bon, je m'excuserais à la récréation, il faut que j'aille en sport.

     Je me change rapidement puis Axel arrive pour se changer aussi. Il ne dit rien, pensant sûrement que je lui en veux à lui et à Élise. Mais ce n'est pas le cas alors je m'explique.
— Désolé pour tout à l'heure. Ce n'est pas contre vous, c'est juste que... c'est juste que la situation me dépasse un peu, en fait.
— Ne t'inquiètes pas, je me doutais bien que tu n'étais pas réellement en colère contre nous.

     Il me fait un sourire rassurant, puis il commence à se changer et je ne me fais pas prier pour le regarder faire. Discrètement, bien sûr. Enfin je croyais.
— Tu te rinces l'oeil ? remarque-t-il en riant.
— Quoi ? Je... j'étais pas... je faisais... non !

     Je baisse la tête en rougissant de honte. Il rit encore, me faisant comprendre qu'il prend ça à la rigolade.
— Tu es beau quand tu te changes c'est pour ça.

Attendez, j'ai vraiment dis ça ? Je mets mes mains devant ma bouche pour ne pas en dire plus, choqué. Axel est aussi surpris que moi parce qu'il arrête de rire et me regarde, gêné.
— Ah... euh... merci ?

Je ne dis rien, préférant mourir que lâcher une autre connerie. Enfin pas si conne que ça puisque c'est le fond de ma pensée mais c'est quelque chose qui ne se dit pas à voix haute ! Il finit de se changer en silence et moi je regarde par terre.

Dans le gymnase, le professeur commence le cours avec quelques informations qui ne plaisent pas à tout le monde :
— Ça va être notre dernière séance ici, parce que, à partir de la semaine prochaine, le gymnase va être mis en travaux. Donc nous ferons de la natation, vous vous rendrez seuls à la piscine, vous êtes grands maintenant et je ne serais pas seul à vous faire cours, un maître-nageur m'aidera. C'est compris pour tout le monde ?

Tout le monde hoche la tête, certains ne s'empêchent pas de râler et de commenter. Mais c'est Killian qui se fait le plus remarquer.
— Monsieur, je ne pense pas que ce soit une bonne idée pour Ariel. Il va se transformer en sirène en touchant l'eau !

     Il rit et plusieurs élèves l'imite. Je baisse la tête, honteux. Il ne m'avait pas manqué, lui et ses remarques. Il recommence après deux semaines de silence de sa part. Je soupire discrètement, je pensais réellement qu'il allait arrêter pour de bon.

     Le professeur fait taire les élèves mais ne relève pas la remarque de Killian. Ça m'exaspère. Même les professeurs n'en ont rien à faire que je me fasse ridiculiser en public.

La séance se fait dans le calme. Enfin, pour l'ensemble, mais pas pour moi. Plusieurs fois, Killian me regarde en imitant un poisson dans l'eau, faisant rire son entourage. Dans les vestiaires, je l'entends murmurer des choses aux autres en me regardant. Je quitte cette pièce avec Axel pour se changer dans notre chambre.

Le soir, je me dirige vers ma chambre avec Axel. Quand on a raconté à Élise le comportement de Killian en sport, elle a juré et l'a insulté de tous les noms. Mais sur le chemin de l'internat, je sens des regards sur moi. Je relève la tête et remarque que tout le monde chuchote à notre passage.

     Je mets mon casque autour du cou pour essayer de comprendre ce qu'ils disent.
— Tu as entendu ? C'est eux.
— Ah ouais, ceux qui se sont roulé une pelle il y a deux semaines ?
— J'ai entendu des choses sur eux, il paraît que leur chambre n'est jamais silencieuse.
— Ah ouais, il n'y vont pas de main morte.

Choqué, je tourne la tête vers Axel pour voir s'il a entendu les mêmes choses que moi. Je remarque que son visage est crispé mais il ne dit rien.

Dans la chambre, j'ouvre la bouche pour parler mais la referme immédiatement en voyant qu'il ressort avec son ballon de basket. Je comprends son besoin de s'isoler un peu donc je le laisse faire.

     En revanche, je ne comprends pas pourquoi tout le monde dit ça. Soudain, je me rappelle les paroles de Killian après la bagarre :
"Tu faisais quoi avant que j'arrive ? En plus d'être une sirène débile, tu es un suceur de bites ?".

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