Chapitre 11

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     Quand j'arrive dans ma chambre, je soupire de soulagement en la voyant vide. Axel n'est pas là, je ne vais pas devoir l'affronter tout de suite. Je me pose sur mon lit en soufflant. J'ai été viré indirectement de ma maison par ma mère. La personne de ma famille que j'aime le plus. Je sens une larme couler, puis une autre.

    Je regarde la carte de la salle de sport et mes pieds se dirigent d'eux-mêmes vers elle. Je sais que je n'ai plus aucun contrôle de mon corps, et je sais que j'ai besoin de me défouler. Alors sans hésiter une seconde de plus, sans même vider ma valise, je me dirige à grands pas vers la salle de sport.

      Une fois arrivé, je me dirige vers la salle de boxe et jette un coup d'œil autour de moi : personne. Tant mieux, je voulais être seul. Je mets machinalement mes gants et commence à boxer. D'abord doucement mais les événements récents me reviennent très vite.

"Tu n'es rien pour moi !"
"Moi aussi j'ai tout foiré"

    Leurs paroles tournent en boucle dans ma tête et je frappe de plus en plus fort. Tellement que je commence à avoir mal au bras. Mais je continue. Je revois le visage d'Élise, en pleurs après que Samuel ait dévoilé son véritable visage. Je repense au câlin avec Axel.

     Mes larmes se mélangent à la sueur. Je n'arrive pas à m'arrêter. Je dois souffrir comme j'ai fait souffrir ceux que j'aime.

    Soudain, une crampe me prend le bras, ce qui me fait arrêter brusquement mon élan de rage. Je grimace de douleur, mon bras est paralysé.

     Au bout de quelques minutes, mon bras reprend d'un coup contrôle de lui-même, comme si rien ne s'était passé. Encore sous le choc de mes émotions, je décide de rentrer. Mes pas me conduisent jusqu'à ma chambre, mon cerveau embrumé par tous les évènements récents.

    Quand j'ouvre la porte de la chambre, je sursaute légèrement en voyant Axel sur son lit. Je reprends mes esprits rapidement devant son regard inquiet.
— Ça va Ariel ? me demande-t-il.

    Je ne réponds pas, incapable de prononcer le moindre mot. Je sèche les larmes qui ont coulé sur le chemin du retour d'un revers de la main tout en baissant la tête.
— Ariel ? Je t'ai posé une question. Tu n'as pas l'air bien, tu es tout pâle et tu as des cernes immenses sous les yeux. Tu as pleuré ?

    Je ne réponds toujours pas. Les mots restent coincés au travers de ma gorge. Je ne sais pas comment lui expliquer. Je ne peux pas lui dire que je suis gay, sinon il va me détester encore plus.
— Bon bah, écoute, si tu as envie de me parler je suis là. Et sache que moi et Élise, on est là pour toi hein, dit-il en me souriant gentiment.

    Je tente un faible sourire en retour mais je dois plus faire une grimace qu'autre chose. Je m'allonge sur mon lit en lui tournant le dos. J'entends du bruit derrière la porte mais ça s'arrête vite, ça doit juste être quelqu'un qui passe. Puis les mots sortent tout seuls, me surprenant moi-même.
— J'ai été viré de chez moi, dis-je dans un murmure à peine audible.
— Quoi ? demande-t-il en s'approchant de mon lit.

    Je décide de prendre mon courage à deux mains et de lui dire. Je sais que j'ai besoin d'en parler à quelqu'un, et puis, je me suis lancé alors autant aller au bout.

     Il n'a pas l'air de me haïr à cause du câlin alors ça me motive à m'ouvrir à lui. Je m'assois sur mon lit, face à lui, qui est debout au centre de la pièce.
— J'ai été viré de chez moi, répétai-je à peine plus fort qu'avant.
— Comment ça ? Pourquoi ?

    Je vois à son regard perdu qu'il essaie de comprendre mais trop de questions se bousculent dans sa tête. Je me contente de lui expliquer d'une voix vide d'émotion.
— Mon père me déteste et il ne veut plus de moi chez lui. Ma mère a décidé que je ne rentrerais plus à la maison jusqu'à ce qu'elle ait "réglé cette histoire" comme elle dit.

    Je me rends compte que j'ai haussé la voix, malgré moi. Je suis vraiment énervé contre mes parents mais je ne veux pas m'énerver contre Axel. Ce dernier ne dit rien, et me regarde avec attention. Ne pouvant affronter son regard très longtemps, je baisse la tête. J'attends patiemment sa réponse, en étant préparé au pire.
— Et pourquoi ton père te déteste ?
— Parce que je suis gay.

    Les mots sont, encore une fois, sortis tout seuls. Je ne voulais pas lui dire. Je ne voulais pas qu'il sache. Qu'il n'ait pas de raison de me haïr. Mais ma bouche a dit ces cinq mots sans consulter mon cerveau.

     Je m'attends à ce qu'il me crie dessus, me frappe, me dise que je le dégoûte. Mais rien ne se passe. J'ose lever légèrement la tête pour voir son visage et essayer de deviner ses pensées. Mais il est inexpressif, il a l'air de réfléchir. Mais à quoi ? Telle est la question.
— C'est pour ça que tu es rentré en pleurant ? Tu étais parti où ? dit-il au bout d'un moment.
— J'étais parti boxer un peu, j'en avais besoin, lui répondis-je d'une voix faible.

    D'un coup, je sens son regard sur moi. Je lève la tête et croise ses yeux verts. Mais ces derniers descendent jusqu'à ma joue. La joue sur laquelle mon père m'a frappé.
— Et c'est quoi cette marque ? ajoute-il sans quitter ma joue gauche du regard.

    Je prends mon téléphone en guise de miroir et observe l'état de ma joue. Depuis tout à l'heure, une grosse marque rouge, tirant sur le violet, est présente au milieu de ma joue. Il ne m'a pas raté. Le regard d'Axel me ramène à la réalité. Il me dévisage toujours, attendant une réponse.
- Je... C'est euh... C'est mon père, dis-je, toujours d'une petite voix.

    Il me fixe en haussant un sourcil, attendant des détails. Je respire puis décide de tout lui raconter, alors je lui dis tout, depuis le début.

    Je m'arrête pendant un instant, histoire de trouver les mots pour la suite. Axel me regarde, écoutant chaque mot que je prononce. C'est légèrement déstabilisant mais je continue quand même.
— Donc voilà. Tu vas sûrement me détester aussi... Je conclus, le cœur léger, comme s'il m'avait aidé à retirer un poids de mes épaules.
— Pourquoi je te détesterais ? Il me regarde avec surprise. Ce que tu as vécu est horrible.
— Ça ne te déranges pas que je sois gay ?
— Je t'avoue que je ne m'y attendais pas parce que je pensais que toi et Élise vous étiez... Enfin bref, tu vois quoi. Mais en vrai, je m'en fous, tu aimes qui tu veux.

    Je ris légèrement en l'entendant évoquer le "couple" de moi et Élise. Mais je suis heureux qu'il pense ça de moi. Il s'en fout. Soudain, je ne peux laisser échapper un long bâillement, ce qui fait sourire Axel.
— Tu devrais te reposer, tu as eu une longue journée, me dit-il avec un regard compatissant.

    Je hoche la tête et m'allonge sur mon lit, le sourire aux lèvres. Puis je m'endors, le cœur et l'esprit légers.

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