Chapitre 12

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    Je sors de la salle de maths, mon casque sur les oreilles. Axel n'est pas là, il passe la journée avec son père qu'il ne voit jamais. Il m'a donc demandé de prendre ses cours, ce que je fais sans problème.

     Je me dirige vers notre arbre, sous lequel je remarque Élise en train de m'attendre. Ça fait deux semaines que j'ai été viré de chez moi et que j'ai tout dit à Axel. Le fait de m'être ouvert nous a bien rapprochés. On passe la plupart de nos temps libres ensemble et, dès qu'il va au basket, je pars à la boxe puis souvent j'appelle Élise en rentrant.

    Elle s'est remise de son cœur brisé. Enfin, de toute façon, elle n'était pas encore amoureuse mais elle s'était beaucoup attachée. Elle m'a dit qu'elle avait retrouvé quelqu'un mais que cette fois elle apprenait à bien le connaître avant de sortir avec lui.

     Évidemment, je lui ai raconté ce qui m'était arrivé et elle a été très compréhensive, et je lui en suis reconnaissant. Quand je lui ai raconté que j'avais fait un câlin à Axel, elle a sauté de joie en disant, je cite, que "son bébé avait grandi". En résumé, nos vies ont repris leurs cours.

     Je souris en la voyant et mets mon casque autour de mon cou en arrêtant la musique.
— Tu me laisses une place s'il te plaît ? dis-je en guise de bonjour.
— Bonjour à toi aussi monsieur-je-suis-aigri-dès-le-matin !

     Elle me sourit de toutes ses dents en se décalant légèrement. On rit puis je m'installe à côté d'elle. Elle commence à parler, à me raconter son week-end, ses premiers cours de la journée et à me décrire son nouveau crush.
— Et toi, ça va ? demande-t-elle en se tournant vers moi.
— Ouais, ça va. J'ai passé le week-end avec Axel puisque tu m'as encore lâché ! dis-je en riant.
— Ouh ! Je vois que vous vous rapprochez. Elle me fait un sourire en coin. C'est quand que vous sortez ensemble ?

    Je pouffe face à cette question plus que gênante.
— Euh... Jamais ? dis-je en reprenant mon sérieux.
— El ! Il faut grandir un peu ! Je sais que tu veux plus avec lui, alors fonce ! Tu restes mon petit bébé mais je compte sur toi pour devenir mon bébé grand !

     Elle me saute dessus ce qui nous fait rire puis je la repousse gentiment.
— Tu sais bien qu'il est hétéro, je n'ai aucune chance. Ça ne sert à rien, je ne veux pas risquer notre amitié.

    Je baisse la tête, gêné par mes propos.
— El, si ça se trouve il est bi et tu n'en sais rien ! Je vais aller lui demander quand il reviendra, tu vas voir !
— Ouah, non non ne fais pas ça. Tu n'as pas intérêt ! dis-je d'un ton sérieux.
— Sinon quoi ? réplique-t-elle, une lueur amusée dans le regard.
— Tu m'énerves, dis-je en soufflant pour lâcher l'affaire.

    Elle rit face à ma réaction de lâche puis change de conversation. Enfin, c'est ce que je croyais.
— Vous devez être ensemble pour Noël ok ? Ça te donne... Attends que je compte... Elle met sa main sur son menton pour faire celle qui réfléchit. Presque un mois !

    Son visage s'illumine en me regardant, comme si elle venait d'avoir eu l'idée du siècle. Elle veut vraiment que je finisse avec lui, c'est dingue. Je ne réponds pas, perdu dans mes pensées.
— Alors, tu en dis quoi ?
— Si je te dis oui, tu me laisses tranquille ?
— Oh mon bébé grandit ! Je suis émue, ajoute-t-elle en faisant semblant de pleurer.

    Je ris et elle me rejoint.
— Tu devrais faire du théâtre, tu sais ?
— Oui je sais, on me le dit souvent, mais j'hésite un peu.
— Franchement, fonce. Si ça se trouve, tu rencontreras peut-être un beau gosse dans ton groupe. Je lui fais un clin d'œil.
— Ça y est tu m'a convaincue ! Je me lance dans le théâtre ! Youhou !

     Elle se lève et court en cercles devant moi, le bras en l'air, tout en criant. Je ris face à sa réaction plus qu'exagérée. Elle devrait vraiment faire du théâtre.

     Et puis je repense à ce qu'elle m'a proposé. De passer de l'état "amis" à l'état "couple" avec Axel d'ici Noël. J'avoue que j'ai dit oui pour qu'elle me fiche la paix, mais je me rends compte que j'ai fait une belle connerie.

     Elle ne va pas me laisser tranquille, loin de là. Elle va tout faire pour nous rapprocher encore plus. Je me passe la main sur le visage. Dans quoi je me suis encore embarqué ?

    Le soir venu, je m'affale sur mon lit. Je regarde le plafond pendant cinq minutes puis je décide de bouger et faire mes devoirs. La porte s'ouvre sur Axel une heure plus tard. Je me retourne pour le regarder et, mon dieu, je le trouve plus beau chaque jour.

     Il a les cheveux en bataille, sûrement à cause du vent et ses boucles partent dans tous les sens. Il a des yeux fatigués mais son sourire montre qu'il a passé une bonne journée. Je lui souris en guise de salut et je le regarde s'asseoir sur son lit.
— Tu as passé une bonne journée ?
— Ouais c'était incroyable ! Ça faisait longtemps que je n'avais pas passé autant de temps avec mon père et franchement, ça fait du bien. On est allé au restaurant ce midi puis on s'est promené tout l'après-midi, c'était trop bien !

    Je souris devant sa bonne humeur. S'il est heureux, alors je le suis aussi. Je repense à ce que m'a dit Élise ce matin. Je secoue la tête pour arrêter de me repasser cette discussion en boucle. Il ne faut pas que je me prenne la tête pour rien.
— Tiens, j'ai tes cours si tu veux. On n'a rien fait de spécial mais on a copié quelques leçons.
Je lui tends une pile de feuilles que j'avais préparé avant qu'il arrive.
— Merci beaucoup.

    Il me sourit, ce que je lui réponds sans forcer. Je me retourne et me reconcentre sur mes devoirs, enfin j'essaie parce que je ne comprends rien. Je crois qu'il le remarque parce que je l'entends dire :
— Tu as besoin d'aide ?
— Euh... Ouais s'il te plaît. C'est un exercice de maths et je ne comprends rien...

    Il s'approche pour se mettre à côté de moi. Il lit l'exercice puis commence à m'expliquer. Je suis très vite déconcentré par notre proximité.

     Son bras gauche est collé au mien et je réalise que j'ai la chair de poule. Je sens son parfum et qu'est-ce qu'il sent bon. Je pourrais sentir son odeur pendant des heures. J'essaie de me concentrer sur ses paroles, en vain.

     À la fin de son explication, il me demande si j'ai compris. Je hoche la tête, n'ayant rien d'autre à dire. Non je n'ai rien compris puisque je n'ai pas écouté. Mais je n'y pense pas et pense, à la place, au froid qui s'est installé sur mon bras quand il s'éloigne pour retourner à ses propres cours.

    J'essaie de me calmer mais je sens que je suis rouge et que j'ai très chaud. Au bout d'un moment, je décide de sortir pour marcher et m'aérer l'esprit.

     Quand je rentre dans la chambre au bout de dix minutes, je le vois allongé sur son lit, des cahiers et des feuilles devant lui. Je ne le regarde pas plus que ça, sentant que je vais devoir ressortir sinon.

    J'essaie de me concentrer tant bien que mal pour finir cet exercice incompréhensible de maths. Mais son bras contre le mien et son parfum hantent mes pensées.

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