Boys With an A

Chapitre 31

     Les jours suivants passent tranquillement. Enfin, si on oublie mon cœur qui bondit dans ma poitrine à chaque fois que je le croise. Lui. Il ne m'a pas parlé depuis mercredi et nous sommes samedi matin, une semaine et demie plus tard, ce qui me blesse.

Je crois que notre amitié est perdue. Plus jamais je ne rencontrerai ses yeux verts. Plus jamais je ne sentirai ses lèvres sur les miennes. Je ne peux que me contenter de le regarder de loin.

Même pendant le cours de sport d'hier, il s'est éloigné de moi dans les vestiaires, ce qui a valu un regard moqueur de la part de Killian. Mon cœur se brise un peu plus à chaque fois qu'il esquive mon regard. Je me sens vraiment mal.

Même Élise n'arrive plus à me redonner le sourire. Je n'ai plus aucune envie de rien faire. Même la boxe ne me permet pas d'aller mieux. Je suis vraiment au plus bas. En me levant ce matin, mon cœur se serre en voyant le lit vide en face de moi. Je retiens mes larmes tout en me dirigeant vers mon armoire pour me préparer.

     Après les deux premières heures de cours, je me dirige vers la salle d'anglais, pour le dernier cours de la semaine. Mais je vais devoir passer cette heure à côté de lui. Et mon ventre se serre à cette idée.

Être à côté de lui mais sans pouvoir ni le regarder ni lui parler me blesse profondément. Je ne le vois que pendant les heures de cours où nous sommes à côté.

     Un coup dans mes épaules me ramène à la réalité. Je relève la tête en enlevant mon casque, cherchant du regard la personne que j'ai bousculée. Mais ma respiration se bloque quand mes yeux tombent sur Killian.
— Putain, mais regarde où tu marches connard !
— Désolé... je murmure en ramassant son cahier tombé de ses mains.
— Donne moi ça connard ! dit-il en m'arrachant le cahier des mains.

     Je crois voir un éclair de génie traverser ses yeux quand il me regarde. Je déglutit difficilement, redoutant ce qu'il veut me faire.
— J'ai une question espèce de petit pédé. Il est où ton crabe de compagnie ?

     Voyant que je ne réponds pas, il poursuit.
— Il t'as abandonné ? Oh, comme c'est triste. C'est pour ça que vous n'êtes plus ensemble depuis un moment. Que s'est-il passé ? Il a été dégoûté quand il a vu ton véritable corps de petite sirène dégueulasse ?

     Je baisse la tête, réunissant toutes mes forces restantes pour ne pas craquer. Pas devant lui.
— Répond moi connard ! Il t'a tellement galoche que t'as plus de langue ?

     Il hausse la voix en se rapprochant dangereusement de moi, faisant s'arrêter les quelques élèves qui passent à côté.
— Je te parle !

     Il me pousse. Je ne réponds rien et garde ma tête baissée.
— Tu sais que tu n'es qu'un sac à merde qui ne mérite que des coups ? Alors je vais te donner ce que tu mérites sirène. Juste pour te faire regretter de ne pas me répondre quand je te parle.

     Un sourire malsain naît sur son visage. Il s'approche de moi et me gifle. Rapidement, ses coups se font de plus en plus violents. Quand il me frappe le ventre pour la cinquième fois, je cille et tombe à genoux devant lui.
— Voilà, montre moi que tu n'es qu'une pédale bien docile.

     Il me prend la tête de sa main et me la colle sur le sol. Je sens d'autres coups sur mes flancs. Il a dû ramener ses amis. Mon corps me fait un mal de chien, mais je me laisse faire.

Après tout, il a peut-être raison. Je ne suis qu'un bon à rien, qui détruit tout sur son passage. Soudain j'entends une voix féminine m'appeler par mon prénom. Je relève ma tête inondée de larmes et voit Élise s'approcher de Killian.
— Lâche le connard !
— Dégage toi, tu me gênes.