Je m'assois au pied de notre arbre et attend qu'elle arrive, le ventre et la gorge serrés.
Soudain, je sens quelqu'un me sauter dessus. Je rit légèrement en voyant la tête surexcitée de ma meilleure amie, mais mon sourire s'efface rapidement. Elle le remarque puisqu'elle me demande ce qui ne va pas. Je ne peux pas parler car ma gorge me brûle. Je hausse donc les épaules, incapable de dire quoi que ce soit.
— Ariel, je sais que tu ne vas pas bien. C'est le jour de la rentrée et tu as déjà perdu ton magnifique sourire. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? C'est Killian ? me demande-t-elle en s'asseyant à mes côtés.Je hoche la tête et je la sens se crisper contre moi.
— Il va voir de quel bois je me chauffe celui-là ! Il t'as dit quoi encore ?Je respire un bon coup, calmant ma gorge. Je veux lui raconter, elle est en droit de savoir, c'est ma meilleure amie. Je ne peux rien lui cacher.
— Il s'est encore moqué de mon prénom et toute la classe a ri à sa remarque débile. Même le prof n'a pas pu s'empêcher, tu te rends compte ? Et Axel...Ma voix se brise, et ma gorge recommence à me brûler.
- Comment ça Axel ? Il t'as fait quelque chose ? Ce n'est pas parce qu'il est beau qu'il a le droit de te traiter n'importe comment !Elle serre les poings à la fin de sa phrase. Cela a le don de me servir de déclic. Je sais qu'à cet instant, elle est capable de frapper quelqu'un. On ne dirait pas comme ça, mais elle est prête à tout pour défendre une personne qui lui est chère.
— Non, non pas du tout calme toi !Je mets mes mains sur ses poings pour accompagner mes paroles.
— J'ai juste senti qu'il me regardait après la remarque de Killian, mais je n'ai pas osé l'affronter. Et s'il ne veut plus me parler ? S'il ne veut plus dormir dans ma chambre et qu'il demande à ce que je parte ? Je fais comment moi ?Ma voix se brise une seconde fois et, n'y tenant plus, je commence à pleurer silencieusement. Élise me prend dans ses bras pour me consoler. Nous restons comme ça pendant de longues secondes, le temps que mes sanglots s'arrêtent.
— Tu ne vas pas le dégoûter, Ariel. Tu sais, j'ai parlé rapidement avec lui avant les cours, quand tu as remis ton casque, et je trouve que c'est un garçon vraiment gentil. Après, j'ai peut-être eu une fausse impression mais tu sais que je ne me trompe jamais.Elle me fait un clin d'œil.
— Dis le moi si tu l'aimes, dis-je en riant légèrement.
— Ah, non je te le laisse, il est trop grand pour moi, et puis les yeux verts, ce n'est pas trop mon truc, ajoute-t-elle avec un sourire malicieux.Je ris avec elle et je me sens mieux. Quand la sonnerie retentit, nous parlons de nos classes sur le chemin et nous décidons de manger ensemble après avoir remarqué que nous finissions à la même heure, soit dans une heure.
À midi, je me dirige vers le réfectoire avec Élise et Axel. Il s'est remis à côté de moi pour le dernier cours mais nous ne nous sommes pas parlé. On se met dans la file et Élise n'arrête pas de parler. Je ne l'écoute pas vraiment mais je souris face à sa bonne humeur.
Pour l'instant, c'est exactement ce qu'il me faut, sa bonne humeur. Elle s'entend bien avec Axel et ça me fait plaisir.
— J'ai une question, Ariel, dit soudainement Axel en se tournant vers moi. C'était quoi ce matin ? Pendant l'appel je veux dire. Pourquoi tout le monde s'est moqué de toi ? Et pourquoi tu n'as rien dit ?Je le regarde avec surprise. Liz me regarde avec un grand sourire pour m'encourager. Je respire un bon coup, enlève mon casque et le regarde dans les yeux. Je me perds quelques secondes dans ses iris verts.
Mais je me reprends en voyant son visage sérieux qui attend une réponse.
— Euh... Tout le monde se moque de mon prénom et même certains profs ne peuvent s'empêcher de rire aux remarques de Killian. C'est le gars qui a dit toutes ces choses toute à l'heure.
— Mais pourquoi tu n'as rien dit ? Tu te laisses faire ? Quand je t'ai regardé, tu n'avais pas l'air bien du tout. Et à la récréation je t'ai cherché partout, mais je ne t'ai pas trouvé. Et ce Killian, il dit ces choses depuis longtemps ?Il me regarde dans les yeux et j'admire, encore une fois, ses iris émeraudes. Ils sont vraiment magnifiques. Je secoue la tête pour reprendre mes esprits.
— Depuis la sixième... dis-je en baissant la tête, honteux.
— Écoute, ce que je peux te dire c'est qu'il est un gros con et que ton prénom n'est pas moche. Au contraire, je le trouve joli, tu sais ? Et il te vas bien... Je crois que je te l'ai déjà dit mais je te le redis pour que tu me crois.Ses paroles me réchauffent le cœur. Je le remercie du regard, incapable de dire quoi que ce soit. Je me tourne vers Élise en me disant qu'il n'a pas besoin de prendre ma défense comme ça. Il ne me doit rien du tout et on ne se connaît que depuis deux jours. Mais je souris quand même en pensant à quel point il est beau quand il me parle en me regardant dans les yeux.
Je vois Élise me regarder avec attention et me faire un clin d'œil quand je croise son regard. Je crois qu'elle veut un résumé de la discussion, puisque de l'endroit où elle était, elle n'a rien entendu.
Le soir venu, je m'écrase sur mon lit. Cette journée était épuisante et ce n'est que la première. Je n'ai pas encore de devoirs et je suis soulagé. Je n'ai vraiment pas envie de me mettre à bosser après cette journée. Mais je sais que ça ne va pas durer longtemps, le prof de maths ne va pas tenir longtemps sans nous donner des exercices.
Axel rentre au bout de quelques minutes et pose son sac près de son bureau.
— Je vais au basket, m'informe-t-il. Je rentre vers 20h, tu m'attends pour manger ? dit-il en se tournant vers moi.
— Euh... oui pas de problème.
— Merci.Il me sourit et je lui réponds. Il est beau quand il sourit. Ariel, arrête ! Puisqu'il part pendant deux heures, je décide d'aller à la salle de sport pour faire de la boxe. Ça fait longtemps que je n'y suis pas allé. J'enfile une tenue de sport et me dirige vers le bâtiment qui se situe à dix minutes de marche du lycée.
Je remue la tête au rythme de ma musique et danse seul dans la rue. Certaines personnes me regardent bizarrement mais ce ne sont que des personnes âgées donc je m'en fiche. Je crois même que j'ai fait sourire une grand-mère. Je souris aussi en arrivant à la salle et passe ma carte pour ouvrir la porte.
Une fois dans la pièce de boxe, je me mets dans mon coin habituel, même si la pièce est vide. Je mets mon sac contre le mur, enlève mon casque et pose mon téléphone par terre. J'enfile mes gants puis commence à boxer. Je repense à toute cette journée, surtout aux paroles de Killian et frappe le sac de plus en plus fort.
Je sursaute en entendant mon téléphone sonner. Je reprends mes esprits et regarde le nom affiché sur mon écran. C'est ma mère qui m'appelle. J'enlève rapidement mes gants et réponds. Je discute avec elle pendant une dizaine de minutes puis raccroche une fois que nous nous sommes dit au revoir.
Elle m'a demandé comment c'était passé ma journée et j'ai été plus bref pendant mon récit. Je n'aime pas spécialement les appels téléphoniques alors moins ça dure, mieux je me sens.
Quand je regarde l'heure, je vois qu'il est 19h30. Il serait peut-être temps que je rentre, Axel ne va pas tarder non plus. Je range mes affaires, mets mon casque sur mes oreilles et je prends le chemin du retour.
Une fois à l'internat, je pose mon sac sur mon lit, prends ma serviette et mon gel douche puis me dirige vers les sanitaires. Je n'aime vraiment pas ce moment de la journée, étant plutôt pudique, et j'attends toujours que plus personne ne soit là pour me doucher tout seul.
Quand je rentre dans la pièce, je vois que trois garçons se lavent, alors je baisse la tête par réflexe et j'attend à côté des casiers. Je traîne sur les réseaux en attendant, n'ayant rien d'autre à faire.
Au bout de dix minutes, je les vois passer devant moi en me regardant de travers. Je n'y fais pas plus attention et je vais me doucher en deux minutes chrono. J'ai toujours peur que quelqu'un rentre pendant que je me lave. je n'ai rien à cacher mais c'est juste que je me trouve trop maigre, trop pâle, pas assez musclé malgré la boxe... Je n'aime pas mon corps, quoi.
Quand je retourne dans la chambre, je vois qu'Axel est allongé sur son lit et traîne sur les réseaux. Je ferme la porte en faisant plus de bruit pour qu'il me remarque, ne voulant pas spécialement parler. Il se tourne vers moi et me sourit. Une fois que mes affaires sont rangées, nous partons pour la cantine.

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Boys With an A
RomanceAriel est en internat depuis son année de seconde. Cette année est donc la deuxième. Mais cette fois, il va devoir partager sa chambre avec un nouvel élève. Aimant être seul dans sa bulle, va-t-il réussir à se rapprocher de son nouveau colocataire ?