Chapitre 21

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Me voilà à nouveau seule dans cette nouvelle ville pour le Grand Prix de cette semaine, je suis mitigée entre avoir hâte de reprendre le travail et le stress de revoir Lewis. Mais avant cela, j'ai l'étape de revoir Charles, qui arrive dans moins d'une heure. Le plan est qu'il vient me chercher et on va manger dans un petit restaurant typique. J'ai mis un jean et un hoodie que Lando m'a laissé sans que je lui demande, je me dis que porter un bout de lui pourrait me détendre dans ce moment stressant.

Charles arrive, j'affiche un sourire de façade qui, j'espère, fonctionnera. Je monte dans sa voiture et lui fais la bise, contrairement à moi, le sourire de Charles est bien réel et ce dernier m'avait manqué. On discute du travail jusqu'au restaurant, ce qui me va très bien, mais une fois assis à notre table dans le restaurant et le repas commencé, Charles me pose la question que je redoutais.

- Alors ces vacances avec Lewis ? Raconte moi !

- Bah écoute très agréable, vraiment Los Angeles, c'est quelque chose hein ! Et toi ?

- C'est tout ?? Tu as pas d'autre chose à me raconter ? Dit-il de manière innocente.

- Non, rien de plus. Répondis-je sans le regarder dans les yeux, ce qui me trahit peut-être.

- Mais si c'était tant agréable c'est pas plutôt grâce à Lando que Lewis ?

- Je me suis disputé un soir avec Lewis, je suis juste parti m'amuser avec Lando ensuite.

- Mais la soirée a duré toute la semaine ? Parce qu'Esteban m'a dit vous avoir vu ensemble encore en fin de semaine.

- Bon tu as fini ton interrogatoire ? Dis-je beaucoup plus sèchement que je ne le souhaitais. Je relève enfin la tête vers lui pour lui faire un léger sourire désolé.

- J'essaye juste de comprendre ce qu'il s'est passé mais si tu ne veux pas c'est pas grave, j'imagine que notre amitié n'est plus comme avant c'est tout.

- Arrête de dire n'importe quoi... La dispute avec Lewis est dû [...]

Je raconte à Charles toute l'histoire, ce que je n'avais pas fait avec Lando parce que je trouvais ça déplacé de lui dire ce que je ressentais pour un autre alors que lui s'occupait si bien de moi. Le fait d'enfin extérioriser tout ça me fait plus de bien que je ne le pensais, mais les premiers mots que Charles dit après des minutes de monologue casse ce moment de relâchement.

- Tu l'aimes vraiment bien Lewis pas vrai ?

- Tout le monde aime Lewis...

- Mais toi encore plus.

Je hausse les épaules et me force à manger encore un peu. Charles me raconte ensuite ses deux semaines de vacances, mais sans jamais reparler de cette fille qu'il avait rencontrée, je ne sais pas si c'est parce que ça n'a mené à rien ou s'il évite le sujet parce que ce n'est pas le moment, mais dans les deux cas, je ne vais pas lui poser la question pour m'empêcher un peu moins de souffrance pour ce soir. Après quelque temps, la tension est redescendue et on retrouve notre relation comme on l'avait laissée il y a quelque semaine.

Il me raccompagne à mon hôtel, mais on reste longtemps dans sa voiture à discuter. Je finis par rentrer dans ma chambre, à prendre ma douche et à essayer de dormir mais impossible, je prends mon téléphone et envoie un message à Lando «Je n'arrive pas à dormir, passer la nuit ensemble te tente ? ». J'ai un peu honte de lui envoyer ce genre de message, mais sa réponse me rassure « J'arrive dans 15 min, je ne peux pas dire non à ce genre de proposition ».

On est vendredi matin, je stresse autant qu'une rentrée des classes, c'est terrible. Je fais des exercices de respiration en me préparant, je mets trop longtemps à choisir ma tenue, je déjeune très peu à cause de mon estomac noué. Je pars au circuit en taxi comme d'habitude, une fois arrivé, je vais directement voir ma patronne pour qu'elle m'indique mon post d'aujourd'hui, je suis soulagée quand elle me dit que je me concentre aujourd'hui sur les mécanos et les voitures, mais alors que je marche en direction du garage, je me rends compte que je suis idiote, voiture = conducteur = Lewis ! Je souffle un bon coup puis vas dire bonjour à tout le monde dans l'écurie, je croise Georges avec qui j'échange quelques mots. Je vois au loin Lewis rentrer le garage alors, je vais à l'autre bout, du côté de la voiture de Russell, je prends des photos sans jamais relever la tête de peur d'apercevoir Lewis à nouveau.

Après quelques clichés, je suis obligé de bouger un peu, car les mécanos travaille sur la voiture de Georges, donc je vais du côté de la voiture de Lewis. Il est encore là malheureusement, mais je ne le regarde pas, je me concentre sur mon appareil photo et la voiture. Une fois fini les photos sous cet angle, je me mets sur le côté de la voiture pour en prendre d'autres, j'ai Lewis en face de moi, seule sa voiture nous sépare, pourtant on est vraiment bien plus loin l'un de l'autre que ça. Je le vois dans mon appareil photo et ne peux m'empêcher de prendre un cliché de lui, il ne porte aucune attention à moi et discute avec ses mécanos. Alors que je regarde le cliché que je viens de prendre de lui, je m'aperçois que son sourire n'est pas comme d'habitude, pas comme sur les photos sur le bateau par exemple, mais je dois juste m'imaginer des choses.

 Alors que je regarde le cliché que je viens de prendre de lui, je m'aperçois que son sourire n'est pas comme d'habitude, pas comme sur les photos sur le bateau par exemple, mais je dois juste m'imaginer des choses

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Je relève la tête pour voir si son sourire en vrai est plus réel que celui que j'ai capturé, mais c'est à ce moment qu'il décide de tourner aussi la tête vers moi. On échange un regard de quelques millièmes de secondes, comme le tout premier qu'on s'était échangé durant mon premier jour pour Mercedes, mais ce que je ressens n'est pas aussi positif que notre premier regard, mon cœur se serre plutôt que de battre plus vite.

Je m'éclipse vite hors du garage et retourne dans le paddock pour prendre l'air. Je regarde à nouveau cette photo que je viens de prendre de lui, un sourire triste s'affichant sur mon visage puis je ferme mes yeux et me fais un petit discours de motivation dans la tête. Je retourne dans le garage après cinq minutes, Lewis n'est plus là, donc je peux reprendre mes photos, je discute aussi avec les mécanos avec qui j'ai le plus d'affinités. Je ne recroise pas Lewis de la journée, heureusement ou malheureusement ? Je ne sais pas, mais c'était quand même pas reposant de stresser toute la journée à l'idée de le voir. Je ne peux m'en vouloir qu'à moi-même de cette situation, en même temps, c'est moi qui me suis un peu trop attaché à un collègue.

À Travers Tes YeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant