Chapitre 16 - Consulter Eugenia est toujours utile, mais pas toujours rassurant

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Le cœur battant la chamade je m'arrête un instant.

Calme-toi, Juli. C'est encore ton cerveau qui te joue des tours.

Santiago n'est plus là, je n'ai plus rien à craindre. Il est en cavale je ne sais où, mais sûrement pas à Cartagena. J'aimerais que mon cerveau reptilien soit capable d'intégrer cette information une bonne fois pour toutes, mais son odeur continue d'envoyer un signal de peur irrationnelle et démesurée à tout mon corps.

Alors, à la manière des policiers dans les séries d'enquête, je tourne tout doucement ma clé dans la porte, avant de pousser la porte de chez moi d'un vif coup d'épaule.

Bang.

Le son de la poignée de porte cognant contre le mur m'arrache un sursaut. Rien à signaler : seule l'obscurité la plus totale semble régner sur le salon où percent les chiffres de l'horloge du micro-ondes. Minuit et quart.

Comprenant que j'ai une fois de plus rêvé, j'accroche mon sac au porte-manteaux et me dirige vers les escaliers. C'est à cet instant que je commence à percevoir des bribes de discussion.

— Maman, tu ne dors pas ?

Pas de réponse. Intriguée, je gravis les marches sur la pointe des pieds. Je parviens à identifier la voix de ma mère, mais la voix grave qui l'accompagne m'est inconnue. Quand je pousse la porte de ma chambre, mon cœur cogne contre un sourd jusque dans mes tempes.

— Maman ?

La scène que je découvre me laisse statufiée. Ma mère, allongée sur le dos dans mon lit en sous-vêtements, est surplombée par un homme, seulement vêtu d'un jean. Sa carrure est imposante et ma mère semble petite et frêle entre ses bras musclés.

En m'apercevant, elle se fige net.

— Juli ?

Sa voix me donne l'impression qu'elle est exténuée, comme à bout de souffle. C'est à ce moment-là que l'homme au-dessus d'elle se retourne et que je perds pied. Je reconnais son regard serein, son demi-sourire, la dépigmentation singulière qui mange le bas de son visage.

— Santiago ? murmuré-je.

Ce dernier acquiesce et se relève. Ce n'est qu'au moment où il se tourne pour me faire face que je découvre le revolver qu'il tient entre ses mains.

Je tente de crier, mais aucun son ne sort de ma bouche. J'aimerais défendre ma mère, m'enfuir, faire quelque chose, mais je suis incapable de bouger.

C'est alors que Santiago prend la parole. Sa voix grave et rauque roule sur mes oreilles et s'infiltre jusqu'au tréfonds de mon être.

— Je suis venu te chercher, Juli. Cette histoire n'est pas finie...

* * *

Mon propre cri me réveille en sursaut dans ma chambre, encore drapée dans la pénombre.

— Bonté divine, Juli, qu'est-ce qu'il t'arrive ?

— Je... Je...

Je me redresse dans mon lit et passe une main sur mon front baigné de sueur. Ma gorge, elle, est terriblement sèche.

— J'ai fait un mauvais rêve, articulé-je.

Je déglutis douloureusement. Les lumières de l'aube filtrant à travers les persiennes me laissent distinguer la silhouette de ma mère, qui se redresse pour m'étudier.

— Eh bien, il devait être sacrément terrible pour te mettre dans un tel état...

Je me retiens de répondre qu'effectivement, il remporte de loin la palme du pire cauchemar que je n'aie jamais fait.

Le parfum des ennuisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant