Le moins que l'on puisse dire, c'est que notre brigade de détectives ne perd pas de temps. Dès notre accord passé, Camila et moi appelons un taxi pour nous rendre chez les Maestre. Après un rapide crochet par un magasin haut de gamme pour se procurer une bouteille de vin hors de prix, nous avons pris la route de El Cortijo, quartier tranquille du Sud-Ouest de la ville.
Pensive, je laisse mon regard vagabonder à travers la vitre du véhicule. Bien qu'il pleuve des cordes, je parviens à entrevoir quelques fincas dissimulées dans une végétation luxuriante. Je me demande à quoi peut bien ressembler celle des Maestre, quand une vibration m'interpelle.
Rafael : On est rentrés de Valledupar. Comment vont les recherches ?
Cette annonce m'arrache un soupir. Si je suis contente de gagner un nouvel allié, il va falloir que je prévoie une petite mise à jour pour lui partager les dernières nouvelles, comme la présence de Santiago chez moi. Je consulte ma montre, dont l'aiguille se rapproche du six.
Juli : On avance. RDV ce soir, 20h30 à Color Caribe pour faire le point ?
— Nous y sommes, mesdemoiselles.
La voix du chauffeur du taxi met fin à notre échange de messages. Curieuse, je colle mon nez à la vitre. Un énorme portail hyper sécurisé m'empêche de distinguer la villa qui se cache derrière, mais le panneau indiquant un club avec golf et piscine à quelques centaines de mètres me laisse un aperçu de ce qui nous attend.
Nous réglons la course avant de descendre. La pluie nous ayant eues par surprise, nous nous abritons tant bien que mal sous le cardigan de Camila pour avancer jusqu'à l'entrée. Mes intemporellesbaskets de sport sont trempées, et je n'ose même pas imaginer pour mon amie,qui patauge dans ses chaussures à talons en daim.
Au fur et à mesure de notre avancée, les énormes barreaux s'espacent pour nous laisser entrevoir une somptueuse bâtisse de trois étages avec terrasse et piscine à débordement... Ainsi qu'une voiture. Une belle voiture de sport qui doit coûter un bras, pour être précise.
— Mon père a des moyens, mais là j'avoue que ça dépasse ma zone de confort...
Je me tourne vers Camila, qui fixe la bâtisse d'un air abasoudi.
— Connaissant la fortune des Maestre, je n'en attendais pas moins, objecté-je en haussant les épaules.
Camila acquiesce, avant d'appuyer sur la sonnerie. L'interphone indique que l'appel est en cours, alors nous patientons. Une minute, deux minutes...
Au bout de cinq minutes sans réponse, nous commençons à nous questionner.
— C'est étrange, car leur belle Porsche Cayman laisse croire qu'ils ne sont pas tout à fait en déplacement... commenté-je.
— Oh, on n'en sait rien. Pour voyager, ils doivent certainement utiliser une voiture bien plus grosse que celle-ci, rétorque Camila.
Sa remarque plane dans un silence chargé de réflexion. Je commence à désespérer, lorsque le déclic d'une serrure me fait sursauter. En redressant la tête, je découvre une silhouette masculine dans l'encadrement de la porte de la villa.
— Bonjour ?
Je laisse à ma voisine le soin de nous introduire :
— Bonjour, Camila Ramirez, je suis la fille de William.
L'homme qui s'approche possède des traits semblables à ceux de Carlos, je devine qu'il s'agit de son frère. Derrière les gouttes de pluie qui ruissellent sur ses tempes, je lui reconnais le même dessin de mâchoire prononcé et le même regard sérieux.
VOUS LISEZ
Le parfum des ennuis
Genç Kız EdebiyatıJe n'ai jamais été du genre à me laisser dépasser par les évènements. Même lorsque ma mère débarque chez moi en m'annonçant que mon père l'a mise dehors, que je me retrouve sans un sou et contrainte de mettre mes projets de carrière en pause pour tr...