Chapitre 29 (1/2) - Leçon n°2 : nos alliés ne sont jamais ceux que l'on pense

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— Juli ? Juli, tu m'entends ?

Tirée de mon sommeil par une voix étrangement familière, j'ouvre les yeux. Je suis allongée à même le sol et le décor tourne quelques instants avant de se stabiliser.

Je reconnais alors avec stupeur les traits doux de celle que je cherche depuis des jours.

— A... Ana ? Tu vas bien ? Qu'est-ce que...

Cette vision est si irréelle que je me demande si je ne rêve pas. Afin de m'en assurer, je tente de me redresser, mais quelque chose me cisèle les poignets et les chevilles. Je comprends vite que mes mains et pieds sont liés par une corde.

— Calme-toi, Juli. Oui, je vais bien...

Si le soulagement de retrouver mon amie en chair et en os est immense, sa voix douce ne parvient pas à apaiser mon esprit embrumé. Si je ne rêve pas et qu'Ana semble bien saine et sauve, nous ne sommes pas tirées d'affaire pour autant...

En me redressant avec peine, je croise le regard de Camila, elle aussi ligotée. La pièce dans laquelle nous sommes est pleine de cartons entreposés. Le sol en béton brut est poussiéreux et une odeur de renfermé sature mes narines. Nous devons être dans une sorte d'entrepôt, ou bien une cave. Les piles montent si haut que j'aperçois à peine les murs où, de toutes façons, il n'y a aucune fenêtre.

— Que s'est-il passé ?

— D'après ce que j'ai compris, les Maestre vous ont droguées.

Furieuse de m'être faite avoir de la plus stupide des manières, j'étouffe un rugissement.

— Quelle heure est-il, combien de temps ai-je été inconsciente ? Où... où sont les Maestre ? Que nous veulent-ils ?

Mon flot de questions décousu témoigne de la rapidité avec laquelle les pensées fusent dans mon esprit. J'aimerais me masser le crâne mais cette fichue corde m'en empêche.

Ana s'apprête à me répondre, mais le bruit d'un verrou coupe court à notre échange. En me retournant, je découvre Eric Maestre dans l'encadrement de la porte.

— Je me disais bien que j'entendais des voix.

Je me contorsionne pour tenter d'entrevoir quelque chose derrière lui, mais il referme la porte avant que je n'y arrive.

— Je viens vous amener de l'eau.

Je regarde le fils Maestre verser un filet d'eau au-dessus de Camila, qui penche la tête pour boire à grandes goulées. Vient ensuite le tour d'Ana, qui obtempère à son tour. Mais lorsqu'il s'approche de moi avec sa bouteille en plastique, je le fusille d'un regard noir.

— Qu'est-ce que vous nous voulez ?

Eric émet un ricanement funeste en ouvrant la bouteille.

— Si j'étais toi, je me contenterais de boire.

— Quitte à avoir droit au room service, je préférerais une bouteille de champagne.

Armé d'un sourire tout-puissant, le fils Maestre s'approche encore un peu de moi. Il s'arrête à quelques millimètres de mon visage.

— C'est qu'elle est drôle, la petite Suarez...

— On dirait que tu as chaud. C'est attacher des filles dans ta cave qui te fait kiffer comme ça ?

— Tu es mignonne, dommage que tu ne saches pas fermer ta grande gueule.

Sans grande surprise, sa remarque allume la flamme d'une rage immense. Incapable de prendre sur moi une seconde de plus, je lui crache dessus. Eric réagit en me saisissant par le col. À côté de moi, je sens Ana et Camila frémir à l'unisson.

Le parfum des ennuisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant